19 août 2010

Les inondations en Mauritanie ? Mais c’était prévu…..

Les faits sont certes là. Et même au moment où les temps sont au secours, l’émotion ne doit pas éviter l’auto-critique. La vérité est que rien de tout ce qui se passe aujourd’hui en terme d’inondations et d’effets impliqués ne relève d’imprévu. Nos autorités savaient. Elles savaient que les caprices du climat ne nous épargneraient pas d’un iota ; d’ailleurs pas plus que l’état des nos habitats faits à la va-vite, sans supervision architecte à fortiori un plan à contrôler.

Pendant des années, l’absence d’un Etat de droit et de son autorité a été un terreau à l’épanouissement et à la prolifération d’habitats insalubres par-ci par-là. On construit n’importe où et n’importe comment. Les villes que l’on qualifie des plus modernes ne font pas exception à cet état de fait regrettable. L’une des preuves ce qu’elles sont en train de payer les peaux cassées aujourd’hui avec leurs mares dévorantes, leurs bourbiers aux teints indélébiles, en un mot leur accès difficile.

Aujourd’hui en sympathisant avec les victimes, les innocents dans leurs plus profondes souffrances, permettez-moi de reconnaître, à contre cœur que les hommes qui nous dirigent ne savent agir qu’en urgence, et il faut toujours des urgences comme telles pour que les choses changent. C’est ce qu’on appelle la priorité à la mauritanienne, cette priorité qui ne sait jamais prévenir mais qui laisse venir pour réagir et aussi défectueusement.

Les politiques théoriques d’aménagement et d’habitats ont toujours juste servi à étayer et justifier des expropriations délibérées ; elles ont juste dressé les uns contre les autres ; elles ont juste été une machine de corruption de plus. Conséquences, les installations des ménages ne sont jamais supervisées. Demeurant en tohu-bohu digne des labyrinthes, nos villes et villages s’installent à l’improviste. Du Sud au Nord, de l’Est à l’Ouest, en un mot sur toute l’étendue du territoire national, ce sont les mêmes problèmes qu’on rencontre. Les inondations et leurs effets ne constituent pas une surprise car 70 % des habitats détruits ne sont pas en zones habitables. 98 % des maisons en ruines sont en banco et autres taudis.

C’est alors dans la logique des choses qu’un pays qui n’a pas de politique d’aménagement ni celle d’habitat puisse se retrouver à là où nous sommes actuellement.
Donc s’il avait fallu les pluies l’année dernière pour qu’Aziz se rende compte de l’état d’urgence en termes de routes bitumées, il va falloir des dégâts actuels pour que notre pays conçoive et mette en œuvre une politique concrète d’aménagement et d’habitats.

18 août 2010

Les réalisations actuelles d’Aziz seraient durables si elles s’inscrivaient dans une politique de développement intégré prédéfinie

Observons bien la Mauritanie d’Aziz. Elle a ceci de particulier. Ce que par une petite balade dans la capitale, le plus irréductible des opposants ne peut ne pas se rendre compte du changement qui se dessine petit à petit. Partout les routes asphaltées et autres projets infrastructurels ne cessent de pousser. Partout les initiatives citoyennes désormais convaincues ne cessent de voir jour sous des révélations dignes de patriotisme, d’esprit d’initiative et de créativité. Partout on initie, on propose et concrétise. En un mot, bien que tout n’évolue pas comme chacun le veut, tout observateur impartial peut admettre aujourd’hui que les dés sont quand même lancés.

Mais au-delà de ces réalisations tous azimuts et louables à bien des niveaux, quelles observations peut-on se permettre d’établir ?

Les réalisations actuelles s’inscrivent–elles réellement dans le cadre d’une politique de développement préétablies ?

Ceux qui ne se remettent qu’aux papiers répondront affirmativement. A savoir que les actions quotidiennes de notre gouvernement auraient pour principale référence un plan de développement détaillé, qui indique clairement là où nous voulons et pouvons arriver, avec les moyens humains, matériels et techniques qu’il faut au cours d’une période bien définie. Pourtant la vérité est bien au-delà. La réalité du terrain en est une des preuves patentes : cinq décennies des va-et-vient qui ne s’annoncent pas vraiment appréciables.

En effet, il est de devoir de laisser le passé au passé ; mais pour éviter aux générations futures de se retrouver regrettablement devant les mêmes questions, il y a lieu de faire recours aux leçons tirées.

Que faut-il alors faire ?

1- définir une politique générale de développement

Il n’est pas sans savoir qu’il est aisé de travailler et de réussir lorsqu’on sait réellement ce qu’on veut. Incontestablement ce que veut notre pays c’est le développement. Mais en restant l’objectif de toujours, ce développement peut être mal conçu dans le cadre de sa réalisation où des actions à effets non durables peuvent être entreprises par-ci par-là. C’est exactement ce qu’on vit quotidiennement en Mauritanie. Ici, pour combattre la pauvreté par exemple, les autorités ont tendance à favoriser les actions consommatrices plus que les actions productrices. Si l’état d’urgence en est une des raisons principales, il est à rappeler néanmoins que même consommatrices ces actions peuvent entrer dans le cadre de la réalisation d’une vision à effets durables.
Définir une politique générale de développement suppose d’abord qu’on ait une idée claire de la Mauritanie des années à venir par exemple, ce qu’elle doit et peut devenir avec quelle mentalité ou quelle culture pour sa population. Et pour arriver, il est indispensable de définir une ligne de conduite dans laquelle chacun saura sa responsabilité et pour laquelle il oeuvrera. Cela, en effet, ne relèvera pas du domaine du rêve car à travers l’histoire, des pays ont démontré que c’est bien possible.
2- le système éducatif doit être le fer de lance de cette politique
Tout système éducatif s’inscrit dans le cadre d’une politique générale d’un Etat. Mais en prenant connaissance du nôtre, on se posera la question de savoir là où il veut bien nous amener. En effet, sauf si l’on se trompe, notre système éducatif ne semble pas refléter réellement le point focal de notre théorique politique de développement accentué sur la lutte contre la pauvreté. Cela se révèle par la formation annuelle des milliers de chômeurs, le déficit en citoyenneté, le manque crucial des écoles et autres instituts de formation professionnelle. Il s’ensuit qu’au terme de quatre années d’étude universitaire, l’on ne soit pas mieux que celui qui n’a pas perdu son temps.
3- la définition des secteurs prioritaires et de préférence les secteurs productifs et produit-système.
D’où vont nos énergies ? C’est là la question que tout mauritanien peut se la poser, tellement tout reste à refaire voire à faire tout simplement. Les 50 années d’indépendance n’ont pas servi grande chose. En effet la plupart des pays du monde sont reconnus par une image, une idée qui permet de spécifier chacun par rapport à l’autre. Mais en dehors de la traditionnelle image de « pays de millions de poètes », œuvre glorieuse de nos arrières grands-parents à quoi assimile-t-on aujourd’hui la Mauritanie ?
La vérité c’est qu’on n’a tout simplement rien fait. Ni l’agriculture, ni l’élevage non plus notre traditionnelle hospitalité, n’ont pu, de notre part, être honorés à un moment où l’intérêt du peuple vis-à-vis de ces secteurs s’affirme incroyablement et en pleine campagne contre la cherté des prix. Si tout part de l’idée qu’on ne sait pas réellement ce qu’on veut, la réalité est que notre folie de grandeur à tous les niveaux, nourrie par notre pouvoir surnaturel de com’ a laissé chaque chose à là où elle est en tenant le silence par la propagande.
4- la responsabilisation de nos ministres pour la mise en œuvre de la politique de développement
Une politique de développement n’est bonne que lorsqu’elle est intégrée. Elle n’est intégrée que lorsque dans le cadre de sa mise en œuvre chacun puisse reconnaître son rôle. Mais comment remplir concrètement cette responsabilité quand on a une responsabilité de posture. Il revient alors aux hautes autorités de spécifier la part de chaque ministère et donner les moyens humains, financiers et matériels exigés.

C’est de cette vision que la Mauritanie de notre rêve peut bien être possible. Il est de notre espérance que notre président ajustera ses actions dans ce sens.

16 août 2010

Les soninkos peuvent-ils s'unir ?

La simple idée de s’unir est merveilleuse. L’idée de s’unir en donnant suite à celle-ci dans le but de contribuer à l’essor de la région d’où on vient ne peut être encore plus que merveilleuse surtout lorsqu’il s’agit d’une région comme le Guidimakha au potentiel de développement énorme, agropastorale, carrefour de trois pays et concentrant la plus forte communauté migratoire en Europe mais qui, malheureusement, ne cesse de tapir dans un sous-développement inexplicable.
Mais faut-il simplement rappeler que cette phase, prise de conscience des choses, a à son compte plusieurs précédentes dont plus de 98 % sont regrettablement tombées dans l’eau. Et les 02 % pour lesquelles il y a possibilité de s’enorgueillir sont restées ce qu’elles sont, autrement dit des coquilles vides qui n’ont accompli d’un iota ce pour lequel elles existent pourtant. Socio-politiquement, notre descente aux enfers ne connait plus de répit à un moment où le Guidimakha de l’émigration ne cesse pourtant de céder la place progressivement au Guidimakha des cadres pluridisciplinaires.
La vérité est qu’au-delà de toute logique de langue de bois, ces initiatives de regroupement pour une lutte commune n’ont jamais été motivées par une sincérité quelconque. Initiées par quelques opportunistes aux élans inavoués, ces unions n’ont servi que leurs initiateurs qui, une fois, bien secourus n’ont jamais hésité à dresser les uns contre les autres en faisant recours au clanisme sous toutes ses formes. Une race contre une autre. Une ethnie contre une autre. Voire une caste contre une autre. Chacun cherche à gagner au dessus de l’autre. A plusieurs reprises, il a été donné de constater que des ressortissants d’une même ethnie s’insurgent contre la nomination d’un d’entre eux pour la simple raison qu’il est de tel nom ou de tel autre. Ce sont ces comportements et ces attitudes démagogiques qui ont toujours freiné la réussite des regroupements.
Aujourd’hui encore même s’il y a lieu de faire table rase à ce passé, les expériences ne sont pas à ignorer. A savoir qu’afin que l’union soit possible, il est indispensable que les décisions soient démocratiques, que les chefs ne se choisissent pas mais qu’on les choisisse mais aussi et surtout que les femmes et les enfants aient la place qui leur revient en ayant droit aux prises de décisions. Et cela au-delà de tout préjugé.

12 août 2010

Le tourisme saharien a-t-il de l'avenir ?

Même si la question semble être, de toute évidence, de portée pessimiste, elle mérite, tout de même, d’être posée. Elle mérite d’être posée et à travers elle, celle relative aux pays qui sont basés essentiellement sur ce type de tourisme dans le cadre de leurs activités touristiques. Elle mérite d’être posée compte tenu des exigences d’un secteur reconnu être l’un des plus sensibles et fragiles mais qui se retrouve depuis un certain nombre d’années face à ce qu’il a toujours banni de ses ingrédients les plus complémentaires à savoir l’insécurité.
En effet, depuis le 11-septembre 2001, notre monde semble s’engager dans une lutte confuse et sans merci contre le terrorisme et tout ce qui le signale. Dans cette campagne, la confusion, la stigmatisation et les sentiments inavoués d’exclusion de l’autre ont été les armes de bonne conduite. Des personnes se sont trouvé alors victimes sans avoir pourtant fait bouger le petit pouce. Les victimes d’autres causes se sont fait incorporer dans le contre-courant sans qu’elles n’aient une relation quelconque à ce jeu. Des communautés entières ont appréhendé le message par antiphrase. Le comportement est devenu une idéologie pour s’ériger en mentalité. C’est dire que le phénomène a atteint une ampleur de dimension mondiale à laquelle seule une contre-offensive mondiale semblait être la solution adéquate.
Le combat s’est alors décentralisé et fut même planifié parmi les politiques prioritaires des gouvernements. La contre-offensive qui s’en était suivie est de telle sorte que les rafles sont devenues les conséquences d’une affaire de soupçon. Il a fallu alors aux terroristes de trouver de nouveaux abris : le Sahara et tout ce qui le ressemble.


En effet ces no mans’ land s’étendant sur des millions de kilomètres particulièrement inhabités ne sont pas faciles à gérer surtout pour des pays à sécurité sous perfusion étrangère. Faits des dunes de sables, des montagnes et d’autres grottes, il y est facile de vivre sans souci d’une interpellation subite.
C’est ici que beaucoup des terroristes pour la plupart originaires de cet univers se sont forgé des habitats sous des appellations révélatrices et tentaculaires. C’est ici qu’ils kidnappent, maintiennent ou décapitent leurs pauvres proies en général des occidentaux. C’est aussi d’ici qu’ils font leurs doléances pour la plupart satisfaites.
Depuis 2007, et malgré les nombreux combats qui leur sont opposés, les terroristes du Sahara particulièrement, n’ont pas perdu grande chose de leur force. Avec des doléances très souvent honorées, ces mouvements par leurs nombreux coups contre certaines armées sont parvenus à se bâtir un arsenal militaire d’une grande envergure.
Et chaque jour, ils se font parler d’eux en continuant de porter un coup retentissant à tout ce qui peut être rentable à cette région dont le tourisme.
Bien qu’on ne dispose pas encore des chiffres révélateurs de cet état de fait, tout celui qui connait bien le Sahara sait qu’il n’attire plus grand monde. De grands pays émetteurs, des déclarations officielles déconseillent leurs ressortissants à se rendre dans ces zones. Des tours operateurs ne cessent d’annuler leurs vols. Si les saisons sont retardées généralement, elles sont tout simplement annulées dans la plupart des temps.
Aujourd’hui, une question semble être plus qu’opportune à être posée. A savoir si le tourisme saharien a-t-il vraiment de l’avenir.
A la lumière de ce qu’on vient de voir, la réponse ne fera pas de doute. Mais avec des politiques touristiques bien ficelées, l’on peut se permettre de rêver. Mais qu’en est-il exactement de notre pays ?
La mort du tourisme saharien signifiera celle du tourisme en Mauritanie
En prenant connaissance du contenu des nombreuses études faites jusque-là sur le tourisme mauritanien notamment dans le cadre de son développement, il est impossible de ne pas lire que parmi les raisons de notre retard touristique y figure en bonne partie notre stratégie de monoproduit. Conséquence de la spontanéité de notre activité touristique, la concentration sur le Sahara est devenue aujourd’hui une entrave à l’épanouissement du secteur du tourisme malgré une mosaïque d’atouts touristiques.
Que faut-il alors faire ?

Par l’importance de ses potentialités touristiques, la Mauritanie mérite plus qu’un seul type de tourisme. Il est vrai que dans cette dernière décennie, la tendance va dans ce sens, mais pas sûrement avec l’intensité méthodique qu’il fallait. La diversification de nos produits reste encore un souci majeur pour les promoteurs. Quant aux autorités compétentes, les efforts restent encore entravés par le manque des moyens humains et matériels. Il s’ensuit une politique de diversification morose flirtant avec le désordre. En effet la réalité est que le secteur du tourisme est victime d’un manque de politique étatique contrairement à la religion, la santé, la jeunesse et à moindre niveau l’agriculture. Bien vrai que le secteur est devenu une préoccupation quotidienne de beaucoup de mauritaniens avec des faits concrets sur le terrain, les autorités semblent être préoccupées ailleurs. Mais jusque quand exactement ?

10 août 2010

Quelle société hypocrite sommes-nous ?

A l’évidente apparence le mauritanien est l’un des plus grands musulmans des temps présents. Il accomplit les cinq prières de la journée à la mosquée. Il travaille et gagne à la sueur de son front. Il assiste ses frères. Il laisse de côté ce que Dieu ne veut pas, ce Dieu qu’il n’oublie jamais de citer continuellement le nom. Il encourage ses compatriotes à plus de croyance et surtout à plus de retenue en les déconseillant par exemple à ne pas s’asseoir sur la place réservée aux femmes ou aux hommes selon le contexte dans les mini-bus assurant le transport inter-urbain.

Cette idée de notre religion particulièrement mauritanienne et que beaucoup d’entre nous apprécient avec fougue a eu heureusement ses lobbies dans le saint des saints. Parmi nos élus locaux dans la basse comme dans la haute administration, il y en a toujours des radicalistes timorés mais lourdement influents secourus par le défaut mauritanien à savoir l’analphabétisme épidémique de masse prêts à brandir cette arme fatale pour nous laisser à là où nous sommes à savoir là où nous ne voulons pas exactement être en toute sincérité.

Ainsi les initiatives les plus courageuses, les plus en mesure de nous aligner au monde d’aujourd’hui froissent dans les têtes ou sur les coins de papiers mal conservés pour la simple raison qu’elles sont pensées être mal accueillies. Celles qui osent, sont tout simplement mises en déroute avant d’être appréhendées et expliquées devant la justice injuste.

C’est cet état de fait continue de caractériser notre Mauritanie, cette Mauritanie qu’on veut désormais autre mais qui continue de heurter ces forces invisibles mais bien plus inamovibles qu’on peut y croire.

Et pourtant tout celui qui connait bien la Mauritanie sait qu’il s’agit d’une simple antiphrase à l’apparence plus qu’évidente. La religion a toujours été prostituée pour couvrir nos agissements immoraux. Le mauritanien, en réalité et pour la plus grande partie, n’est pas aussi religieux que son apparence. Nos agissements, nos paroles le prouvent continuellement. C’est ce contre quoi on ne peut rien qu’on confie à Dieu mais ce qu’on peut solutionner même au prix de la vie d’une personne on n’hésite pas.

Chaque jour, il est écrit dans la presse locale que ce sont des réseaux de prostitutions qui ont été démantelés dans tel quartier ou d’un tel autre. Mais ce qu’on ne nous dit pas ce qu’il s’agissait d’une simple privation des libertés élémentaires à des citoyens qui en ont pourtant droit.

Ce sera simple hypocrisie doublée d’égoïsme que d’aller se permettre la pire des débauches ailleurs que ce soit. Pas besoin d’aller au bout de mon argumentation. Mais chacun de nous sait que nous sommes parmi les gros clients des palaces à Las Palmas, Dakar, Casablanca, rien que pour nous offrir ce que notre hypocrisie nous empêche d’avoir chez nous.

Comment avec une telle mentalité peut-on arriver à là où nous aimerons vraiment arriver sans nous heurter à des lobbies dormants mais puissants ?