29 novembre 2010

Un remaniement est toujours l’engagement dans une nouvelle ou une politique ajustée. Quels critères prendre en compte pour le prochain en Mauritanie

Depuis des mois, ils sont nombreux les mauritaniens qui s’attendaient à voir enfin dessiner un éventuel remaniement ministériel. Si les pronostics, jusque-là, ont été, un à un, démentis, beaucoup sont aussi ceux qui ont compris que sous l’ère Abdel Aziz l’une des méthodes de gouvernance reste aussi la stabilité des ministres à leurs postes.
Seulement après environ une année et demi de gouvernance, que peut-on réellement apprendre de ce gouvernement vilipendé partout et par presque tout le monde ? Abdel Aziz à travers Ould Laghdaf avait-il le devoir de ne faire qu’à sa tête malgré sa conviction du fait que réellement certains de ses ministres font la brebis galeuse ? Enfin sur quel critère le prochain gouvernement d’après 28 Novembre devra-t-il être choisi ?
Oui pour la stabilité des ministres à leurs postes mais pas pour les ministres qui ne valent vraiment pas la peine
En effet, avant Ould Abdel Aziz, on changeait de ministre comme on changeait de vêtement. L’une des explications était qu’à l’époque les influences extérieures avaient du pouvoir. Et les ministres étaient dans la contrainte de répondre à des aspirations différentes, contraignantes, clientélistes sous peine irraisonnée de conséquence attendue.
Ainsi pendant des années, les ministres agissaient sous la peur et n’étaient préoccupés que par, entre autres, le souci de répondre à ces aspirations clientélistes tout en prenant souci de ne jamais s’oublier. Le plus compétent des compétents devenu ministre peut alors être absorbé par le système. Faire bloc ou non, quand sa tête ne plaisait pas à l’une de ces influences ou par un petit faux pas, on peut se voir tout simplement le lendemain mauvais chômeur.
Il fallait alors faire bloc à ces manières d’être et de faire. Une nouvelle Mauritanie doit être aussi symbolisée par une nouvelle manière de gouverner. Et la voie méritée était d’opter pour la stabilité des ministres à leurs postes. Mais la stabilité est-elle un droit pour des ministres qui ne valent-ils pas vraiment la peine ?
En tout cas pas d’un point de vue raisonné. Aujourd’hui tous les mauritaniens, mêmes les plus réfractaires et irréductibles d’opposants, peuvent reconnaître que la Mauritanie bouge sur tous les plans. La confiance que le peuple avait perdue est sur la voie d’être regagnée.
Dans cette dynamique, il n’est point concevable que ceux qui ne soient pas en mesure de suivre l’épreuve, soient du groupe. Malheureusement, il y en a plein à côté d’autres qui méritent de rester.
En effet, sauf par politique politicienne, ceux qui suivent l’actualité savent que dans les ministères comme ceux de :
La défense,
L’intérieur,
La justice,
L’industrie et des mines,
La santé
La culture et la jeunesse,
L’aménagement et l’habitat,
L’hydraulique et l’assainissement
La communication,
L’environnement et le développement durable,
L’agriculture
Affaires islamiques

Beaucoup de réalisations sont en train d’être faites. A toute fin utile, les ministres de ces départements ont donc l’inestimable mérite d’être reconduits à leurs postes pour achever les œuvres déjà entamées. Mais ainsi dit, ainsi fait ?
Pas tout a fait. En effet, le refus du président de procéder à un quelconque remaniement depuis des mois malgré des rumeurs persistantes peut être interprété comme chacun le veut. Mais ce sur quoi, il n’ y a aucun doute est que Ould Abdel Aziz sait qui fait quoi et qui dort parmi ses ministres.
D’ailleurs son gouvernement actuel n’est-il pas en réalité une sorte de gouvernement de transition vers un vrai gouvernement d’après brouille en terme de reconnaissance ?
En tout cas c’est ce que tout esprit averti peut croire. De toutes les façons, quoi qui puisse arriver, le président a le devoir de dessiner la couleur de la mission que revient à chacun de ses prochains ministres, lesquels d’ailleurs doivent être choisis sur des critères très sélectifs.
A chaque département ministériel une mission quantifiée et qualifiée doit être dictée. L’avenir de celui qui aura la responsabilité de l’assumer dépendra de la réalisation de cette mission. Et sérieusement, on n’a pas à attendre un remaniement général pour séparer la graine de l’ivraie. Chaque ministre doit être maintenu en fonction de ce qu’il a fait et pas en fonction de ce qu’il veut faire et qu’il n’a toujours pas fait.
Mais puisqu’on ne peut pas trop demander sans trop donner, il est logique que ces départements aient aussi les moyens financiers et humains qu’il faut pour parvenir. Monsieur le président nous écoutera-t-il pour autant ?
En tout cas tout remaniement ministériel signifie l’engagement dans une nouvelle politique. Et la politique de la Mauritanie d’après le 28 Novembre 2010 doit être celle du pragmatisme et non de la théorie qui a toujours agenouillé le pays.

23 novembre 2010

Cissé Mint Cheikh Boïdé, le secret d’une femme qui réussit là où beaucoup d’hommes échouent

Si la grandeur d’un serpent est aussi évaluée par les dimensions de ses traces, il y a lieu de reconnaître à Mme Cissé Mint Cheikh El boïdé, le mérite d’être une femme de taille par sa vision de choses, son pragmatisme mais aussi surtout par ses réalisations constatables à là où elle est passée et que même ses détracteurs les plus irréductibles ne peuvent ne pas reconnaître.
Dans cette Mauritanie où des personnalités de ce pedigree restent rares, il relève du devoir d’en parler pour servir d’abord d’exemple mais aussi et surtout signifier que l’on soit homme ou femme, jeune ou vieux, cadre ou nul des nuls, lorsqu’on a des idées et qu’on est motivé, on sera toujours en mesure de se mettre au dessus de la mêlée à laquelle le peuple est habitué à voir passer et repasser pendant des décennies sans qu’il y ait un grand changement quant à son sort.
Je ne connais pas personnellement Cissé Mint Cheikh Boïdé. A l’évidence, elle aussi, ne me connaît pas vraiment. Mais l’important derrière tout reste ses valeurs constructives à travers sa vision lucide de choses, son audace dans l’action, son sens inné de management et surtout son pragmatisme. Avec ces armes d’une rare commune mesure, Cissé Mint Cheikh Boïdé a toujours laissé dans le regret ceux qu’elle quitte. Ainsi environs trois mois et demi après son départ de la direction du tourisme et avant l’arrivée de celui qui doit la succéder, le personnel n’a cessé de parler de cette dame que certains n’hésitent pas à la qualifier de « maman du tourisme mauritanien ». Nouvel arrivant dans la direction où Cissé venait de quitter à peine et toujours curieux de la biographie de tous ceux qui ont pu marquer l’histoire de l’humanité surtout positivement, j’ai tenu à savoir le secret de cette dame qui étonne et qui continue d’étonner par son pragmatisme en me lançant sur ses traces.
Cissé, une femme de visions et d’idées dans la direction du tourisme
Le tourisme mauritanien, bien qu’il fût l’objet d’une Déclaration de Politique Générale en 1994 a toujours été ce qu’il fut malgré son fort potentiel de développement: désorganisé administrativement et juridiquement. Si l’une des explications reste incontestablement le problème de moyens, l’aspect management y avait aussi son mot d’ordre. Ce problème fut alors appréhendé de fond en comble et d’amont en aval. Sachant ce que le terme tourisme dénote en terme d’essence à savoir son ossature de relations humaines, Cissé Mint Cheikh El Boïdé commença d’abord par donner à ce secteur une direction digne du tourisme. Ainsi un aménagement intérieur eut lieu et a permis à l’établissement de revêtir une peau neuve. Se prépare-t-on pour d’autres actions d’envergure ?
En tout cas en aval, un état des lieux chiffré des entreprises touristiques et hôtelières en Mauritanie a eu lieu. Et pour la première fois, on avait séparé la graine de l’ivraie. Les entreprises qui étaient dans l’informel étaient régularisées, les fraudeurs rappelés à l’ordre. Périodiquement aussi des missions de contrôle étaient effectuées sur le terrain.
Ainsi, avec cet assainissement, le contexte était tel que l’on pouvait alors penser à promouvoir la destination de plus en plus sûre sur le plan organisationnel. Des éductours étaient alors régulièrement organisés. Et pour la première fois, la semaine de la Mauritanie à Paris avait eu lieu.
Malheureusement, les événements politiques inattendus de 2007 ont fait chaviré le bateau de la renaissance touristique mauritanienne comme d’ailleurs beaucoup d’autres bateaux en Mauritanie. Et l’annonce de nouvelles lueurs ne correspondra qu’avec son arrivée au ministère de la culture, de la jeunesse et des sports.
M.C. Boïdé, les idées et la détermination au service de la culture, de la jeunesse et des sports
Tout le monde s’accorde à reconnaître que les nominations en Mauritanie sont politiques. Mais pour le cas de Cissé Mint Cheikh Boïdé, j’ose croire qu’il y a en cela aussi le mérite. En effet, l’ère Ould Abdel Aziz qui annonce les couleurs d’une Mauritanie nouvelle ne saurait être une réalité si elle ne fait pas usage des forces vives et créatrices de la Mauritanie. Et à ne voir qu’une partie de son bilan au sein de la direction du tourisme, Cissé Mint Cheikh Boïdé s’avérait être la solution aux grosses difficultés que continuent de rencontrer la culture, la jeunesse et les sports en Mauritanie. Le gouvernement Ould Laghdaf avait raison de miser sur cette dame. En effet, même si l’on ne suit pas l’actualité, des crochets, de temps en temps, au ministère de la culture, de la jeunesse et des sports convainc que les choses bougent vraiment de ce côté-là et de la meilleure manière possible.
Si le docteur ne peut prétendre soigner un patient qu’après l’avoir fait un diagnostic, Cissé Mint Cheikh Boïdé a fait le diagnostic du ministère qu’elle dirige aujourd’hui. Les conséquences sont là : réorganisation du personnel, harmonisation et adéquation de certains départements du ministère à travers souvent la création d’autres directions.
Beaucoup d’autres actions concrètes suivront. Ainsi, le forum de la jeunesse a permis à la jeunesse mauritanienne de se redécouvrir et surtout de savoir et situer son rôle dans la construction de son pays. Quelques mois après, il suffisait de visiter la ville de Nouakchott en bon vendredi pour savoir combien étaient exactement les associations qui se créaient du jour au jour et qui s’investissent dans différents domaines de la vie courante.
Quelques mois suffiront après pour voir s’organiser les journées de la jeunesse de Nema. A l’issue de celles-ci, Cissé a senti la nécessité de mieux encadrer cette jeunesse qui pétille d’initiatives et de talents. Ainsi un concours pour le recrutement de 85 unités (inspecteurs principaux, inspecteurs et maîtres en matière de jeunesse et des sports) a eu lieu. Avec cet enrôlement, il est évident que tout mauritanien s’attende à voir enfin le centre de formation des cadres de la jeunesse et de sports rouvrir ses portes après plusieurs années de stand-by voir de fermeture.
Pourtant Cissé ne s’arrêtera pas là. Désormais, le mauritanien peut espérer, aussi, un jour accueillir les grands cyclistes du monde dans son pays. Car avec l’organisation du tour cycliste de Nouakchott, tout laisse présager l’existence d’un tour cycliste de la Mauritanie prochainement.
S’il n’est là que quelques unes de réalisations marquantes de Cissé, l’avenir se prononce déjà plein de merveilles. Car aujourd’hui au sein du ministère qu’elle dirige, on parle d’un programme d’animation des villes anciennes par l’organisation des manifestations culturelles (festivals), on parle de la création prochainement des musées thématiques à Nouakchott, on parle de la prochaine mise en place des bibliothèques mobiles, on parle de la création des centres culturels et d’animation sans oublier l’école de musique.
Le retrait de la Mauritanie des phases éliminatoires de la CAN et le report de l’événement « Nouakchott, capitale de la culture islamique », des décisions sages même si souvent la responsabilité est indirecte.
Ce n’est pas aujourd’hui que la Mauritanie a commencé à prendre part à des événements d’envergure internationale à l’image des phases éliminatoires de la CAN. Mais après des années de participation, que peut réellement retenir tout esprit impartial comme bilan : Gâchis à plusieurs niveaux ; d’abord sur le plan financier et ensuite en termes d’image.
Avec cette Mauritanie nouvelle qui se bâtit de jour en jour le temps n’est plus aux gâchis délibérés. Il était utile de revoir sa position, de la mettre à rude examen critique et d’en tirer les conclusions sages aux conséquences positives actuellement et rentables à long terme. Oui il était nécessaire que la Mauritanie se retire, s’organise et revienne ensuite en force.
Il en était de même pour l’événement « Nouakchott, capitale de la culture islamique ». En effet, il a fallu trancher entre tenir coûte que coûte à se ridiculiser ou ne pas organiser un événement dont la réalité du terrain n’était pas prédisposée à accueillir dans les conditions escomptées. Heureusement, la sagesse a eu raison sur la folie de grandeur.
Bien évidemment dans cette Mauritanie que l’on connaît d’habitude, une femme qui prend des décisions de ce type, les mûrit et puis les exécute est une femme qui ne saurait qu’attirer notre attention et que tout mauritanien doit connaître et d’apprendre d’elle.
Ainsi j’ai été sur les traces de Cissé Mint Cheikh Boïdé. J’ai interrogé ceux qui furent et sont encore ses plus proches collaborateurs. Les réponses qui fusent généralement font unanimité de son savoir-faire, son audace, son courage et sa détermination, son esprit de dialogue, de concertation et de participation et enfin son sens de création et d’animation. C’est là le secret d’une femme qui réussit là où beaucoup d’hommes échouent.
En tout cas, une leçon à bien ingurgiter sans modération aussi…

02 novembre 2010

Les soninkés ont-ils été récompensés par l’UPR ?

Si après devrait toujours être comme avant pourquoi se faire tant des peines; mieux vaut adopter une position susceptible de t’apporter quelque chose qu’être dans une posture qui ne permet même pas à ton nom d’être entendu.
Malheureusement et regrettablement c’est le constat que l’on peut se permettre de faire lorsqu’on analyse de près les relations d’intimité par lesquelles certains soninkés flirtent avec UPR. Par la mentalité mauritanienne selon laquelle il faut toujours être avec celui qui a le pouvoir pour avoir plus, certes il y a bien lieu de comprendre, mais pas sûrement occasion d’excuser surtout lorsque la finalité de tout engagement politique après tout reste de tirer un profit quelconque indépendamment de tout profit collectif.
Mais en réalité, malgré les immenses efforts déployés par les soninkés en vue de l’élection de Ould Abdel Aziz et pendant les dernières implantations, quelle récompense ont-ils eu en retour ? Qu’ont-ils eu de retour afin que les générations futures sachent qu’elles aussi ont apporté leur pierre à l’édification de notre Mauritanie à nous tous ?
Si l’on doit se fier à l’expérience tirée de nombreuses nominations qui se font à chaque conseil de ministres, osons reconnaître que rien. Certains justifieront sûrement cet état de fait par le manque des cadres bien formés parmi notre communauté. Mais, madre mía, depuis quand se soucie-t-on de compétence en Mauritanie ? Et puis, si on n’en trouve pas parmi les cadres jeunes (ce qui serait d’ailleurs faux. Car si le problème de compétences se posait avant, aujourd’hui ce n’est plus le cas), pourquoi ne pas en faire parmi ceux qui travaillent déjà. Malheureusement les soninkés continuent d’être les parents pauvres en terme de nomination.
Pourtant ces nominations que l’on néglige de si près ne servent pas qu’à nous doter matériellement comme beaucoup en pensent, ce sont surtout des manières de marquer l’histoire de son pays par la prise des décisions à impact socio-économique voire culturel inoubliable. En effet, chaque personne aimerait que son nom soit cité derrière une réalisation qui se spécifie par sa durabilité.
Mais en analysant de près, osons reconnaître qu’en toute logique UPR n’a rien fait. Les responsables à un tel état de fait restent les soninkés eux-mêmes. Nous l’avons dit et répété les luttes qui réussissent en Mauritanie sont des luttes collectives et non celles de leadership et des castes. Mais pour que telles luttes soient ce qu’elles méritent d’être, elles sont tenues d’être responsables, pensées et surtout bien réfléchies.
Pourquoi telle communauté, telle tribu ou telle autre s’organise pour aller solliciter des postes pour leurs fils et pas nous ? Pourquoi continuent-ils de faire des milliers de nominations annuelles sous nos yeux sans qu’aucun d’entre nous ne soit nommé tout en restant indifférent ?
Cessons de rêver, il est temps pour nous de capitaliser nos adhésions. Cessons de courir pour rien au monde pour des gens qui nous oublient dès qu’ils deviennent ce qu’ils désirent. Réagissons vite et de manière responsable. Ayons le sens de réaction avant que l’histoire nous y contraint regrettablement.
Fixons-nous des objectifs politiques, économiques, sociaux et culturels et mettons en place des plans d’actions adéquats permettant d’assurer aux générations futures ce qu’on ne nous a pas assuré.
Vous ne devrez pas continuer à soutenir un parti qui ne s’occupe pas de l’avenir de vos enfants, qui vous oublie chaque fois que c’est une question d’intérêt ?
A mon avis c’est à plusieurs niveaux que ce problème mérite d’être pensé et auquel on doit réagir par des actions viables et concrètes. Il s’agit d’abord de s’organiser démocratiquement. Que chaque village soninké ait un président ici à Nouakchott qui doit prendre part à l’assemblée qui devrait élire un bureau exécutif. Le rôle principal de ce bureau est d’être la voix officielle des soninkés mais aussi de penser à propos des moyens qui peuvent permettre aux soninkés de prendre conscience des réalités des temps actuels. Ce qui peut déboucher sur la mise en place d’un plan d’actions basé sur des objectifs socio-économiques et politico-culturels réalisables et responsables.
Ainsi sur le plan politique par exemple, il revient au bureau de réfléchir à propos de ce qu’il faut faire concernant l’engagement politique des soninkés. Un des objectifs peut être par exemple de porter une candidature soninké aux municipales prochaines notamment dans la circonscription de Sebkha à Nouakchott même s’il faudra se présenter sous les couleurs d’un parti indépendant.
Mais comment tout ceci peut-il être possible si la jeunesse ne s’engage-t-elle pas avec corps et âme en commençant par exiger des aînés une union responsable et consensuelle pour laquelle elle est tenue de veiller à l’équilibre démocratique et participatif et où chacun aura droit à la parole ? Comment ceci peut-il être possible si les hommes d’affaires soninkés ainsi que nos vaillants émigrés ne mettent-ils pas la main dans la poche ? Oui comment cela peut-il être possible si nos hauts cadres ne donnent-ils pas d’abord l’importance à la nécessité de s’oublier au profit du bien commun en s’investissant au maximum possible pour que les soninkés puissent enfin marquer pour jamais leur présence à tous les niveaux ?
“Sira nan maxa toxo regene xafunna xoben ganta bakka”

Débat national sur le terrorisme ou débat de la haute classe mauritanienne pour théoriser ?

Dans la semaine du 24 Octobre 2010 a eu lieu un débat qui s’annonce, à ma connaissance, sans précédent dans l’histoire politique de notre pays. Pour la première fois, nos hautes autorités ont senti la nécessité de mettre sur table une problématique aussi cruciale que d’actualité aux conséquences inimaginables à tant des niveaux : le terrorisme avec ses déchets en conséquences socio-politiques, économiques et culturelles. Beaucoup de personnalités y ont pris part : de la société civile à la haute classe intellectuelle en passant par les différents départements ministériels directement concernés. Au cours de ces 5 jours de discussion, de divergence et de partage d’expérience, rien n’a été laissé de tabou dit-on. Le rôle de chacun a été clairement défini. L’intransigeance de l’Etat mauritanien a été aussi réaffirmée et restera ainsi, insiste-t-on.

Mais au-delà de ce qui semble relever plus de la com’ que d’une volonté réelle et sincère d’éradiquer méthodiquement, durablement et plus que jamais, le fléau du terrorisme que peut-on réellement lire à travers ces retrouvailles qui ressemblent bien à des fêtes qu’autre chose ? Bien que soucieuses de sécurité, nos autorités allaient-elles faire de ce débat un oui-clos digne d’un filtre où seule la bonne classe a droit d’être citée et vue sur nos petits écrans ? Les participants ont-ils réellement appréhendé l’envergure du phénomène terrorisme, la manière dont il s’enracine dans les sociétés et les manières par lesquelles il faudrait s’en prendre pour l’éradiquer pour toujours ?
Celui qui a bien suivi le débat, celui qui a été au palais des congrès et éconduit sait que ce débat a faussé bien des pas.
D’abord en termes d’organisation. De mon expérience personnelle, le mauritanien est reconnu par sa capacité surnaturelle à communiquer. Mais lorsqu’il s’agit pour les bonnes causes, nous sommes toujours à la traîne. En effet, pourtant, pour des événements d’une telle ampleur et d’une importance qui s’annonce sans commune mesure, il était indispensable d’en faire d’abord plus de pub au niveau national qu’international. Ensuite, toutes les discussions n’allaient pas se faire au niveau du palais de congrès. En effet, si certains programmes avaient comme destinataires directs la presse locale, les autorités régionales et certains responsables sociaux, il n’en est pas le cas pour ceux qui visaient directement la basse population et notamment la jeunesse parmi laquelle les candidats au suicide sont d’ailleurs toujours recrutés. Il fallait faire marier l’utile à l’agréable. L’UPR pourrait certes faire le reste (c’est le but des missions actuelles de sensibilisation). Mais la jeunesse mauritanienne tout entière partagée entre des convictions politiques différentes acceptera-t-elle de se laisser aller par les idées d’un parti que certains reprouvent farouchement?
Ensuite concernant le terrorisme plus proprement dit, dès le début des conflits estimés par certains de « par procuration », nous avons été de ceux qui étaient convaincus que l’usage de la force intensifie la haine, multiplie les ennemis de la Mauritanie et peut faire de notre pays, un Etat toujours incertain du point de vue sécurité. Les Etats-Unis en savent mieux que tout autre pays. Aujourd’hui, ils ne doivent leur stabilité intérieure et extérieure que parce que leur politique de tout sécuritaire a été revue par Mister Obama. Car la réalité est que le terrorisme est une idéologie; donc ne peut être combattue que par les idées.
Enfin, il est d’une importance capitale de rappeler que le terrorisme qui menace la Mauritanie n’est en réalité que le terrorisme « par procuration ». En effet, les avis sont unanimes sur le fait que les vrais terroristes sont rares parmi nous. Désormais ce sont les petits bandits qui leur assurent le kidnapping avant de vendre leurs appâts aux vrais terroristes qui sont dans le vrai désert. La question d’actualité est alors de savoir ce qu’il faut faire pour dissuader ces bandits. Les manières de s’en prendre divergent. Mais la sagesse implique que l’on sache d’abord qui sont vraiment ces bandits, pourquoi commettent-ils ces actes et que peut-on faire pour les en dissuader ?
Quand Ould Abdel Aziz a rappelé pendant l’ouverture des débats que notre pays est injustement la cible des terroristes, il avait raison de le rappeler. Puisqu’on n’a jamais occupé le territoire de quelqu’un, on ne s’est jamais ingéré dans les affaires intérieures d’un pays étranger. Mais notre cher président est-il vraiment convaincu que notre pays est victime des actes terroristes dignes ceux commis par Al Qaida partout dans le monde ?
En tout cas, pour celui qui connaît bien notre pays, croire à cela est difficile voire impossible. La piste des services secrets étrangers voire nationaux est visée pour ce qui est de certains actes. Quant à d’autres, inutile de chercher à mille lieux. En effet, aujourd’hui le désespoir qui mine la jeunesse mauritanienne oblige à voir dans trois directions : émigrer clandestinement, se spécialiser dans le kidnapping ou encore errer dans les rues pire qu’un clochard. Il n’y a pas d’emploi. Pire encore les conditions d’un environnement économique viable n’existent pas. A mon avis s’il faut décourager ces kidnappings, la force peut être un des moyens de dissuasion mais il est préférable de s’attaquer aux sources de ces enrôlements en mettant en place des solutions adéquates.