21 mai 2011

Toute évaluation suppose l’existence d’une épreuve. Et laquelle des épreuves nos ministres avaient-ils été logiquement soumis pour être évalués ?

Il est des rumeurs, ces derniers temps, que certains de nos ministres seront soumis, tout prochainement, à une évaluation stricte des réalisations dans leurs départements respectifs. S’il faut espérer voir enfin notre pays tourner pratiquement la triste page de laisser-faire et de « tout permis » auparavant sans aucun contrôle à effets attendus, il y a, tout de même, lieu de remettre en question la méthode.

En effet, si l’idée d’évaluation suppose l’existence d’une épreuve prédéfinie bien canalisée, l’on serait bien tenté de se poser la question de savoir ce qu’il en était, jusque-là, de notre pays. Des secteurs prioritaires ont-ils été prédéfinis dans la politique générale du gouvernement en 2011 ? Et si oui quels sont les moyens financiers, matériels et humains mobilisés pour chaque secteur d’activité ? Des résultats réalisables ont-ils été fixés et auxquels nos autorités en particulier et le peuple mauritanien en général doivent-ils s’attendre logiquement ? Et si oui quelle est l’échéance fixée pour un éventuel compte-rendu ?
A bien d’avis ces préoccupations semblent logiquement aller de soi. Pourtant c’est seulement en trouvant des réponses adéquates à celles-ci qu’il serait possible de justifier l’idée d’évaluation qui semble s’apparenter aujourd’hui à un argument politique au sapeur-pompier qu’à une suite logique d’un ensemble cohérent prédéfini. Essai d’explication.
Depuis toujours, nous avons été de ceux qui fredonnaient que nos autorités définissent clairement une politique de développement qui mettrait en avant les secteurs d’activité productifs prioritaires aux effets multidimensionnels. Ce qui devrait passer logiquement par la définition et l’imposition des objectifs à chaque département ministériel. Nous avons été de ceux qui critiquaient le quotidien de notre administration publique qui, par le fait qu’il n’y rien à faire, est devenue le lieu parfait de distraction sulfureuse. A l’arrivée d’Ould Abdel Aziz et sa campagne de lutte sans merci contre la gabegie, nos bureaux ont commencé à se vider. L’une des explications est que l’abus de l’argent du contribuable n’est plus toléré. Ce pincement a même infecté les activités courantes. Au fait, certains secrétaires généraux préfèrent geler certaines activités pour éviter d’être mêlés à toute imposture d’utilisation financière. En conséquence tout semble être mort. Il fallait alors faire revivre tout. Mais le pouvait-on franchement si, entre autres actions, des politiques de développement sectoriel concomitantes et faisables ne soient clairement définies ?
En tout cas le moins que l’on puisse courageusement reconnaître est que rien de tout cela n’était à l’ordre du jour. La preuve, en plus du fait que la plupart de nos ministres soient choisis à partir des critères secondaires par rapport aux qualifications requises par leurs postes respectifs, ceux-ci ne sont, en réalité, tous là qu’au figurant. Le président de la république, se sentant seul responsable devant le peuple mauritanien, concentre tout en ordonnant tout. En conséquence l’idée d’évaluation semble logiquement confirmer celle d’un simple argument politique ayant tout de même des vertus à apprécier : Elle sonnera aux oreilles de nos ministres comme un avertissement tout en rappelant à nos hautes autorités la nécessité de mettre en place une politique sectorielle de développement basée sur des visions chiffrées. Car sans visions chiffrées, on se verra dans une imposture notoire à penser à une éventuelle évaluation ; du moins si l’on tient vraiment à être sincère.

Soulé A. Diarra
diarra999@yahoo.fr