11 août 2011

Tourisme en Mauritanie : Monsieur le président de la république, je vous écris cette lettre ouverte…

Excellence, Monsieur le président de la république,

Il a fallu bien votre intervention télévisée du Samedi 06 Août 2011 pour que d’une part beaucoup d’entre nous aient enfin une idée plus ou moins claire des relations que vous entreteniez sérieusement avec votre peuple mais d’autre part pour que beaucoup aussi soient convaincus de votre méthode de gouvernance.

A chacun, de droit son point de vue, mais ce qui ne fait plus d’amalgame aujourd’hui est que la gouvernance participative et son corollaire sont au centre de votre présidence. Et en osant se prêter à une éventuelle interprétation on peut dire que théoriquement c’est l’art et l’envie forte de rattraper les années de retard et pratiquement, faire de la real politique la voie raccourcie pour les résultats que l’on connait aujourd’hui. Quant au développement durable, point de soucis, il est sur le chemin…

Excellence, il ne fait plus aucun doute. Il y avait un avant Aziz, tous les mauritaniens le savent. Et il y a pendant Aziz. Les mauritaniens le savent aussi. Et à apprécier le bilan du laps de temps que vous avez fait à la tête du pays, le devoir impose à reconnaître que beaucoup a été fait mais aussi que beaucoup reste encore à faire.

Et conscient de la fougue patriotique qui vous anime argumentée par votre manière de vous en prendre en étant à l’écoute du peuple et de la façon la plus proche possible, l’espoir est grandement permis. Et chaque mauritanien peut estimer que ce sera tôt ou tard selon l’avis de chacun mais il ne fait aucun doute que tout ce qui intéresse de près ou de loin les mauritaniens sera au centre de vos préoccupations. Excellence, nous vous remercions de nous permettre de pouvoir enfin espérer et encore davantage.

Excellence, dans cet ordre d’idées, permettez-nous de vous parler d’un secteur d’activité dont le rôle de levier socio-économique et culturel (devises, emplois, renaissance culturelle, infrastructures) nourri tant d’effets d’entrainement à tous les niveaux est devenu partout dans le monde une des alternatives de se garantir une alternative socio-économique durable, un secteur d’activité à peine naissant en Mauritanie mais qui constitue déjà une source de vie pour des milliers de mauritaniens employés, entre autres, dans des hôtels, des restaurants, des agences de voyages et autres services d’assistance générale et cela dans toutes les villes mauritaniennes.

Malheureusement, pendant près d’une décennie et demie de fougue touristique des années 90, le seul mérite qu’ait eu le secteur du tourisme – puisque c’est de lui qu’il s’agit – est qu’il fût simplement l’objet d’une Déclaration de politique générale en 1996 appuyée par quelques textes contradictoires qu’exsangues par la suite. Depuis, rien qu’un vide qui ne tarderait pas pourtant à se faire ressentir en termes d’effets quelques années plus tard.

En 2007 quand le déraillement sécuritaire commence à prendre forme, il n’avait face à lui que cet immense néant. Et notre activité touristique, fruit des années qui ont mondialisé, ne manquerait pas alors à battre en retraite et suivra cette tendance aujourd’hui alarmante. Bilan, jamais le secteur n’a été aussi sinistré qu’aujourd’hui encore. Il n’y a pas simplement manque d’activités mais pire, tout ce qui a été bâti pendant les années de fougue est en train de prendre feu petit-à-petit. Les entreprises touristiques et hôtelières qui ne parviennent pas à se faire assister par leurs directions respectives faute de moyens, ont pour la plupart mis les clés sous les portes. Des milliers de mauritaniens ne cessent ainsi de se retrouver de jour en jour dans la rue faute d’emplois.

Pire encore, des villes reconnues comme touristiques à l’image de la ville d’Atar et qui avaient attiré des milliers de mauritaniens ne cessent de se vider de jour en jour. Aujourd’hui le mécontentement est tellement perceptible que la plupart de ces laissés-pour-compte ne cessent de se réunir pour décider de ce qu’il faut faire. Excellence, j’ose anticiper que tout ceci finira par des sit-in et des manifestations marathoniennes qui n’auraient pas pourtant leur véritable raison d’être.

En effet, Excellence ce qui serait la cause immédiate de cette situation de mauvais goût et qui serait purement sécuritaire est ce pour la quelle vous vous êtes pourtant tant combattu. Et à l’évidence la Mauritanie serait aujourd’hui un des pays les plus sûrs au monde. Malgré tout, elle reste déconseillée par la plupart des chancelleries occidentales présentes à Nouakchott; sa visite par les étrangers y résidant même est boudée. L’explication unique et très probable à cet état de fait est que la peur véhiculée par le spectre du terrorisme continue de hanter encore les esprits. Ce qui ferait de notre pays potentiellement, l’une des destinations les plus dangereuses dans l’esprit des touristes. Fait malheureusement symbolisé et exagéré par la coloration à outrance de notre carte politique par la France.

Pourtant bien d’avertis s’accordent sur le fait que le côté sécuritaire auquel tout semble être endossé ne soit en réalité que la partie émergente de l’iceberg. Au fait, c’est du côté politique qu’il y a lieu chercher l’ultime explication.

En effet, Excellence, que peut bien faire une administration nationale du tourisme qui brille par sa pauvreté à tous les niveaux (humains, financiers voire matériels et techniques) ? Oui a-t-on droit franchement à s’attendre à des résultats d’un tiers qui n’a pas été soumis à une épreuve quelconque ni pour laquelle ou non il est suivi ?

Excellence, malheureusement c’est cela la réalité de notre administration nationale du tourisme. Et sur le terrain les conséquences parlent d’elles-mêmes : défaillances législative (textes rares, contradictoires et souvent dépassés) administrative (déficit en personnel surtout du domaine, absence des statistiques et de réglementation), mercatique (politique de prospection et de promotion biaisée si elle n’est pas tout simplement absente, absence des projets touristiques) et managériale (absence d’une ligne managériale claire marquée entre autres par l’absence d’une feuille de route planifiée dans le temps et l’espace). De ces défaillances la situation regrettable que nous vivons aujourd’hui.

Excellence, une activité touristique viable exige une attitude politique bien définie de hautes autorités. Car c’est d’une telle attitude qu’une politique touristique qualifiée et quantifiée est, à coup sûr, bien définie et dotée des moyens nécessaires à son application.

Excellence, par la présente, il nous est alors d’un devoir patriotiquement et moralement capital de solliciter votre attention particulière à l’égard du secteur du tourisme, et à travers ceci les milliers de mauritaniens qu’il fait vivre et les acquis de longues décennies.

Il nous est du devoir de vous suggérer qu’au temps où nous nous retrouvons la tenue des états généraux du tourisme semble être indispensable afin d’aller sur des bases sûres et pour une activité touristique durable.

Ainsi, des consignes claires doivent être données dans ce sens afin que et au cours d’une visite surprise que nous vous prions de bien vouloir faire au sein de cette administration nationale du tourisme….

Espérant une suite favorable à notre présente, nous vous prions d’agréer, Excellence, l’expression de nos salutations distinguées.

07 août 2011

Tourisme en Mauritanie : Quand le tourisme et les milliers des gens qu'il fait vivre sont victimes du manque d'attention du président de la république

Depuis 2007, le tourisme en Mauritanie subit d’une part et à une moindre mesure les conséquences d’une situation mondiale marquée par la crise financière et d’autre part les effets de la peur généralisée véhiculée par le spectre du terrorisme. Et bien d’avis s’accordent aujourd’hui que c’est ce côté sécuritaire qui lui a vraiment porté préjudice.

Quoiqu’il en soit le bilan que l’on peut se permettre d’établir est que jamais ce secteur n’a été aussi sinistré qu’aujourd’hui encore. Partant mettant en cause l’ensemble de réalisations accomplies jusque-là. Au-delà du simple espoir qui maintient encore certains professionnels sur le peu qui reste d’immenses acquis d’environ une décennie de fougue touristique pourtant, l’atmosphère générale brandit malgré tout des lendemains inavouables car simplement non sûrs.
Pitoyables temps qui restent départagés entre des bureaux entre-ouverts et très souvent vides d’une autorité touristique qui semble se lasser d’un secteur dont elle a pourtant l’ultime devoir de guider pour en définir un destin clair et des initiatives privées aux apparences quasiment endeuillées.

Pourtant ce côté sécuritaire fortement suspecté reste simplement ce qu’il est. Travestie en terrorisme, c’est une levée des boucliers qui, au lieu de s’afficher clairement en tant que règlement de comptes aux penchants politiques, a été malheureusement et comme logiquement l’on devrait s’attendre, interprétée à outrance. Persistante infidélité à la réalité du terrain, le spectre du terrorisme guette malgré tout les esprits. Des pays émetteurs des touristes – la France notamment - en ont trouvé une autre manière de régler les comptes malgré tous les efforts consentis en matière de lutte contre ce fléau. Et n’en déplaise à ceux qui ne veulent pas l’entendre : la lutte contre le terrorisme avec ses conséquences collatérales a servi les intérêts étrangers que mauritaniens puisqu’elle est jusque-là productrice des effets contraires de ce à quoi l’on s’attend réellement. En effet, notre pays reste encore déconseillé par la majorité des chancelleries occidentales et pire encore au-delà des règles de l’art fixées pourtant par l’organisation mondiale du tourisme. En effet quand la France met toute la Mauritanie quasiment en rouge, elle n’essaie pas que de protéger ses ressortissants mais elle dissuade aussi toutes les initiatives socio-économiques en direction de notre pays.

Face à cette irresponsabilité accrue et provocatrice d’une France colonialiste, des autorités mauritaniennes sourdes-muettes ; une attitude quasiment indigne des politiques soucieux du bien-être de leurs peuples partant de leur pays.

Pourtant en partie, aucune surprise réelle, conscient du fait que le véritable premier problème du tourisme en Mauritanie est qu’il est simplement le fruit des temps qui ont mondialisé. Préoccupée par la cueillette des fruits au lieu, aussi, de l’entretien de l’arbre-mère, notre politique touristique après près d’une décennie d’activité, se résume aujourd’hui encore en quelques textes exsangues et dépassés. C’est dans ce vide que vinrent malheureusement les années du déraillement sécuritaire qui n’avaient devant elles aucune fortification sensée ralentir les effets et permettant de réagir par des actions stratégiques concrètes.

Ce vide, malgré la foule de changements qui est en train de toucher la Mauritanie dans sa diversité, est encore à l’ordre du jour.

Il est ainsi bien compréhensible qu’à la question d’un citoyen relative entre autres à la coloration à outrance de la carte politique de notre pays par la France, lors du débat télévisé, la réponse du président de la république n’avait été que l’égrainement des points de sécurité avant de conclure par son engagement à mener des démarches dans ce sens.

Mais au delà des mots, les traits du président, eux, mettent en exergue ses préoccupations sur le pourquoi d'un statisme qui parle de lui-même malgré tant d'efforts sur le plan sécuritaire. Un pourquoi qui s'avère injustifié pourtant sachant déjà le manque d’une attitude gouvernementale (sollicitée ou non) claire vis-à-vis du secteur du tourisme, une attitude qui allait permettre l'existence d’institutions touristiques fortes aux actions et réactions réfléchies et mûrement planifiées chaque fois que cela s'avère nécessaire. Mais hélas.

Au fait actuellement le sérieux problème auquel fait face le tourisme mauritanien est celui de savoir la manière par laquelle il faut relancer le secteur berné par des questions sécuritaires. Autrement dit comment convaincre les étrangers d’ailleurs et même ceux à l’intérieur de nos frontières que la Mauritanie reste un pays touristiquement sûr. Quand on est responsable du sort de tout un secteur, on doit avoir bien d'astuces pour s'en sortir. Mais faudrait-ils encore de la volonté et des moyens ?

En tout état de fait, le contexte mondial fait des bas et des hauts argumenté à l’appui par le caractère extrêmement sensible du tourisme, oblige aujourd’hui à recentrer le débat au tour des stratégies aux effets durables et stables. Ce qui doit passer, entre autres, par la nécessité de repenser notre stratégie nationale de développement touristique et de la focaliser en partie sur le tourisme national en général et intérieur en particulier. Mais n’empêche tout cela n’aurait de tonus que si Mr le président somme le gouvernement partant son ministre du tourisme à lui faire des propositions concrètes dans ce sens.