23 janvier 2012

Les jours de notre général au pouvoir sont-ils vraiment comptés ?

Les mauritaniens ont toujours rêvé d’un État juste, développé et puissant. Et jusqu’à preuve du contraire, ces idéaux restent aujourd’hui encore d’actualité : la justice et le développement, on œuvre pour, même si souvent c’est de manière hypocrite. Quant à la puissance, terme par lequel nous supposons entendre dans le cas de notre pays, l’idée d’une démarche politique en vue de faire goûter aux différentes composantes de sa population, de la même manière, la justice et à influer à sa façon sur les relations politiques internationales, nous pouvons admettre, sans être satisfaits, que des étapes ont été franchies dans ce sens. Inutile d’égrainer les faits. Mais une chose est sûre la Mauritanie de 2011 et début 2012, est une Mauritanie qui ose dire merde quand il le faut. Printemps arabe l’oblige ou avons-nous simplement un président qui n’a peur que du diable ? Peut-être.

En tout cas quoiqu’il en soit, chaque mauritanien sait qu’Ould Abdel Aziz sait frapper. Il sait frapper au bon moment et au meilleur endroit. Cela va de soi naturellement. Mais n’est-ce pas lui qui n’a vu que l’intérêt de la Mauritanie en présentant notre candidature au poste de membre non permanent du conseil de sécurité pour la période 2012-2013 à telle enseigne que notre voisin du nord voit rouge? N’est-ce pas lui qui a fait savoir au roi qatari que le seul problème de la Syrie est El Jazeera en mettant à nu le jeu inavouable de ce roi, aujourd’hui Kadhafi d’autrefois, au point que ce dernier écourte son séjour en quittant la Mauritanie sans même être accompagné ? N’est-ce pas lui qui s’est engagé avec Alger à telle enseigne que certains analystes ont justifié l’atmosphère morose qui caractérise les relations maroco-mauritaniennes ?

C’est là la preuve que la personnalité d’un homme a une influence considérable sur sa manière d’être, d’agir et de réagir. Et quand cette personnalité fait défaut, autant s’en tenir pour se targuer de conduire tout le destin d’un pays.

Je n’ai pas l’intention de faire l’éloge d’un homme appelé Aziz. Mais s’il tient à être fondé dans arguments et convictions, j’ose reconnaître que le courage de l’homme qui nous dirige aujourd’hui nous donne autant qu’il nous fait perdre. Aux hommes d’interpréter, à l’Histoire de juger et aux ennemis de la Mauritanie remis à leur place de faire ce qu’ils veulent comme à l’accoutumée; sans jamais pouvoir effacer ces écrits indélébiles de marque azizienne.
Aziz a beaucoup fait. Aziz n’a pas peur. Aziz réagit au bon moment. On a peur pour Aziz qui n’a pas peur pour lui.

Une bonne action est bien. Mais quand elle est durable c’est encore mieux. La Mauritanie a aujourd’hui tant besoin d’Aziz que lui-même en personne ne perçoit pas que trop oser souvent risque de remettre en question cet espoir. Il est bon de tirer mais pas toujours beaucoup tirer. Persister à beaucoup tirer implique que l’on pense beaucoup à soi qu’à ce pour quoi on tire.
Et l’histoire de la Mauritanie est là pour nous donner beaucoup d’enseignements. Les coups d’Etat ont toujours été fomentés de l’extérieur. Aziz a touché dans l’amour-propre, le Maroc. Il n’est pas en odeur de sainteté avec le Qatar, le pays d’El Jazeera et celui des pétrodollars. Avec Wade, ils s’observent en chiens de faïence. A l’intérieur, l’hypocrisie a toujours déterminé nos comportements. Les lionnes blessées sont toujours aux aguets. Les islamistes tiennent la voix haute. La conjoncture internationale a mis la population du monde entier sur le qui-vive. Autant d’ingrédients qui pourraient justifier l’injustifiable.

Et bien placé pour le savoir, Aziz sait que nul n’est une ile. Et aussi arrogant que notre nature nous impose d’être, aussi puissant et chanceux que le destin nous occasionne, tout est affaire de temps et de circonstances. On a beau être rusé, tacticien, courageux, il y a toujours mieux voire plus que soi.

Et je ne l’apprendrai pas, non plus, à Aziz que la conservation du pouvoir même légitimement est un art et pas simplement une affaire de tactique.
De ce fait, on ne peut prétendre diriger longtemps si l’on se fait une ile et œuvre pour maintenir ce statu quo.

L’une des bonnes manières implique qu’autant qu’on se fait d’ennemis de poids, on doit aussi œuvrer pour avoir des amis de même teneur. Au moins si la balance n’est pas équilibrée, elle ne sera pas, tout de même, déséquilibrée à notre désavantage.