10 novembre 2011

Tourisme en Mauritanie : Mon avis des doléances formulées lors des manifestations d’Atar : justes mais…

Une semaine après la grande sortie du président à l’occasion du deuxième anniversaire de son accession au pouvoir, j’avais eu à lui adresser une lettre ouverte dans laquelle il était explicitement rappelé le risque imminent des soulèvements populaires en raison de la situation insupportable du tourisme dans notre pays, laquelle situation raisonne, regrettablement, à l’imposture comme la conséquence attendue d’une politique gouvernementale d’indifférence qu’un éventuel effet d’une situation mondiale que notre pays aurait pu en profiter pourtant à bien de niveaux.

Malheureusement, il faut toujours des réactions de mécontentement à l’image de ce qui est arrivé dans les jours passés à Atar pour que nos hautes autorités appréhendent l’ampleur des faits et réagissent à leur manière, partant prennent conscience jusqu’où la pomme de discorde en question était de taille.

La vérité crue est que le manque d’attention vis-à-vis du secteur du tourisme a toujours été à la taille de l’ignorance du phénomène touristique qui n’a cessé de se frayer, pourtant, une place en Mauritanie depuis les années 90, impliquant de nombreuses réalisations mais qui, malheureusement reste jusque là entretenu par la seule spontanéité avec les effets que l’on sait.

De même qu’on ne saurait prétendre sevrer son enfant sans s’attendre à des contrariétés de toute nature, on ne saurait, non plus, se faire indifférents au sort d’un secteur comme le tourisme, et ne pas s’attendre à des invectives des milliers de gens qui en ont trouvé une source incontournable de vie.

C'est à dire que les manifestations d’Atar qui pourraient atteindre logiquement Nouakchott et Nouadhibou dans les semaines voire les mois à venir ont leur explication prouvable à bien des niveaux: indifférence vis-à-vis des milliers d’opérateurs et des centaines de milliers de professionnels, leur exclusion dans les prises de décisions essentielles en matière du tourisme et pire encore un marathon des promesses non tenues ; le tout auréolé d’un dédain qui frôle le manque de respect.

Nous ne cesserons de le dire et le rappeler, le secteur du tourisme en Mauritanie est victime du manque d’attention de nos hautes autorités. Facile alors de comprendre tout ce qui s’ensuit : absence d’une politique touristique intégrant parfaitement les rouages de la politique générale de développement de notre pays, absence de coordination voire confrontations latentes entre les entités intervenant dans l’administration de l’activité touristique…

Et plus près de nous, une activité touristique clairsemée de plusieurs vides fréquents et allongés, devenus de plus en plus insupportables. En cause le caractère non durable de notre activité, produit du hasard qui l’a vu naître. La durabilité, on l’a dit, ne peut être que le fruit mûr d’une stratégie générale simple et claire, résultat d’une concertation ouverte et participative et d’une planification intégrée dans le temps et dans l’espace loin des stratégies prêt-à-porter des institutions internationales. Rappelons-le, ces réalités ne représentent en aucun cas un quelconque terreau pour le tourisme.

Ainsi toute doléance qui tient à militer pour le développement touristique en Mauritanie doit avoir, entre autres, comme termes de référence une organisation institutionnelle et promotionnelle de ce secteur qui se fera comme ligne de conduite un certain équilibre des pouvoirs entre l’étatique et le privé.

Et qu’en est-il des doléances formulées lors des soulèvements d’Atar ?

Tout celui qui connait la situation du tourisme en Mauritanie sait que la responsabilité de tout ce qui ne va pas dans ce secteur est un peu disséminée partout. Donc plus qu’une affaire d’homme c’est une attitude voire un système qu’il faut remettre en question, ce système qui semble emballer tout sur son passage: les hommes, les moyens et les méthodes.

Remettre en question un tel système passe alors nécessairement, entre autres, par la définition d’une attitude claire du gouvernement vis-à-vis du tourisme, laquelle attitude doit être traduite en actions concrètes par « la création d’un secrétariat d’état chargé uniquement du tourisme », aux directions nécessitées par le niveau actuel de notre activité touristique.

Sur ce il n’y a aucun doute, le cycle actuel de notre tourisme impose une indéniable organisation administrative et législative pour aller sur des bases saines statiquement et juridiquement dans l’objectif de savoir qui exerce dans le tourisme, où exerce-t-il, comment et combien exercent-ils. C’est la responsabilité de la direction administrative et juridique du tourisme.

Il est clair qu’un tel état des lieux a des visées claires dont celle d’assurer des prestations de qualité à tous ceux qui ont porté leur choix sur la destination Mauritanie par la mise en place des stratégies pour un développement touristique responsable et durable. Mais faudrait-il encore définir et mettre en valeur les espaces sensés être mis en tourisme puis communiquer pour attirer investisseurs et touristes. Ce qui sera le rôle de la direction de la promotion et de l’aménagement qui ne doit plus être à autonomie financière mais plutôt comme une partie intégrante et indissociable du secrétariat d’état chargé du tourisme. A côté de ces deux directions, une autre chargée de la formation et de la coopération dans l’objectif de trouver des financements aux projets touristiques mais aussi de rendre disponibles des compétences en tourisme tant en terme de mise à niveau qu’en terme de formation.

Avec telles institutions auxquelles, nos hautes autorités prendront soin de définir des objectifs clairs dotés des moyens humains, matériels et financiers nécessaires, il ne fera aucun doute que des démarches relatives entre autres aux facilités administratives et diplomatiques soient menées. Puisqu’elles seront les conditions sine qua pour la réussite des missions qui leur sont assignées.

Mais franchement tout cela sera-t-il possible si vraiment des états généraux du tourisme dictés par les hautes autorités ne sont pas organisés et au cours desquels la divergence rassérénée des opinions enfantera des recommandations que nul ne saura remettre en question par la suite.

En tout cas, il va de l’intérêt du tourisme qui ne pourra aller que sur des bases bien réfléchies.