06 juin 2009

Les comportements et attitudes qui nourrissent nos misères en Afrique

Il est fréquent d’entendre parler ou de voir les misères de l’Afrique mais rare lorsqu’il s’agit des vraies causes qui ont engendré ces misères et qui ne cessent de les consolider quotidiennement. Personnellement, rares sont les pays africains du sud du Sahara où j’ai mis les pieds. C'est dire combien je suis d’une imposture intellectuelle pour me permettre de parler des réalités internes de ces pays, bien que celles-ci ne devraient pas être si différentes de celles du pays d’où je viens, malgré les nombreuses lectures faites à propos et le suivi quotidien de l’actualité de cette partie du continent depuis bientôt deux décennies. Mais, africain que suis, né et grandi en Afrique et ayant vécu près de sept ans avec des étudiants de l’Afrique sub-saharienne de tous les horizons au royaume du Maroc, je peux me permettre aujourd’hui de penser que le pourquoi de nos misères que nombreux d’entre nous ne cessent de se le poser a été plusieurs fois soulevé et répondu par des personnalités intellectuelles et politiques d’autres cieux. Qu’elles soient mal placées ou non, que nos problèmes proviennent de nos cultures ou non, que nous soyons de grands enfants paresseux qui ne veulent qu’être toujours aidés ou non, que nous nous considérions comme des éternelles victimes d’un passé qui ne passe pas ou non, il s’est ensuivi que certaines de ces vérités, avérées d’ailleurs, nous ont déplu et ont débouché sur des réactions déplacées. En effet, il est vrai et indiscutable que les misères de l’Afrique s’enracinent dans les abîmes de l’histoire. Mais seule par malhonnêteté intellectuelle et goût abusé de paroles mielleuses, que l’on ne puisse pas reconnaître la raison de la persévérance de ces infortunes par ce qu’est véritablement l’africain du sud du Sahara lui-même. Est-ce une question d’incohérence entre ce qu’il est et ce qu’il veut devenir ? Peut-être oui. Peut-être non.
Mais ce qu’on peut suggérer pour le moment est que lorsqu’un athlète décide de faire plusieurs longueurs de saut, il est de son devoir de prendre de l’élan. Et en toute sincérité, quel est l’élan adopté par cette partie du continent jusqu’à présent ?
Corruption, détournement des fonds publics, népotisme, démagogie de la part du politique. Indifférence, souvent manque de reconnaissance de son devoir de la part du citoyen,
Dans cette réflexion, l’équipe de secret africain compte tenu de ses nombreuses expériences, a essayé de constituer un tableau des comportements et attitudes propres à l’africain, des comportements et des attitudes qui nourrissent nos pauvretés mais dont ne se rend pas compte trop souvent. C’est une sélection subjective donc tout porte à discussion. Bonne lecture alors.
*** Attention, on ne critique pas l’africain : L’un des défauts de l’africain est le fait qu’il supporte peu, mal ou pas du tout les critiques. Il se dit toujours de ne pas avoir besoin de donneur des leçons même lorsqu’il s’agit, souvent, des critiques constructives. Et que dire alors de l’autodérision qu’il trouve lui-même incongrue de son rang. Ainsi un des derniers mais pas le moindre est le fameux discours de Dakar de Sarkozy. C’est vrai, l’on ne saura admettre toute la portée de celui-ci mais faut-il, néanmoins, lui reconnaître quelques vérités ?
En effet le passé est quelque chose de difficilement passable pour l’africain s’il n’est pas tout simplement impossible. Combien des ruminations de l’histoire qui se sont ensuivies par des charniers et non de changement de mentalité ni du comportement. Il y a eu toujours des intellectuels qui ont eu le culot de le souligner mais comment avaient-ils été qualifiés par la suite ?
En effet, il est de leçon élémentaire que la critique n’est pas toujours négative. Qu’elle sort de la bouche de l’ami ou de l’ennemi, il suffit juste d’évaluer sa portée et là où elle saura nous mener. Mais reconnaissons-le pour la plupart de nous africains la critique n’est bonne que lorsqu’elle concerne l’autre qui n’est pas moi. Dans ces conditions comment se rendre compte de ses défauts, de ses erreurs. D’où un premier coup de pouce à nos misères.
*** « Je ne suis rien mais toi aussi tu dois rester comme je suis ». Il n’est pas toujours facile de voir l’autre posséder plus que ce qu’on a. Mais si la bonne conduite consiste à chercher comme lui ou autrement pour avoir comme lui ou autant, chez la plupart des africains, il s’est avéré que c’est généralement tout autrement voire le contraire totalement. L’envie destructrice en est le moteur. Et le bon recours a été très souvent la sorcellerie noire. Combien de déchéances (folies, morts), comme des ruines difficiles à digérer ! Lorsqu’on n’est pas africain, on attribue tels phénomènes à l’ordre naturel des choses. Mais si seulement on l’est, c’est autrement. En effet, la sorcellerie, en dehors du fait qu’elle est devenue un recours pour la plupart voire tous les africains, sert aussi à satisfaire les besoins destructeurs de l’africain. Ainsi, il n’est pas difficile de voir tellement de ratés dans le continent par le biais de cette envie destructrice. Un second coup de pouce à nos misères.
*** S’occuper de ce qui ne nous regarde pas. Savez-vous le plat préféré de l’africain ? Et bien si la réponse est non ce que vous n’êtes pas un bon africain. En effet son plat favori est s’occuper de ce qui ne le regarde pas et surtout si ceci part dans un mauvais sens. Il peut y consacrer tout son temps sans se rassasier. Car comme on le dit dans cette partie du monde : « rien de plus agréable que d’entendre parler que rien ne va chez l’ennemi ». Même si le temps est africain et la montre occidentale comme le dit bien l’autre, il est important de rappeler que celui-ci aussi long qu’il puisse être a aussi des limites surtout lorsqu’il s’agit d’une vie. Par conséquent un marathon de temps consacré à des futilités qui ne rapportent pas est synonyme d’une vie compromise voire perdue. D’où un troisième coup de pouce à nos pauvretés.
*** Notre paresse nous a contraints à aimer trop les simplicités : Autrement il serait un péché de parler d’africain paresseux. Tellement, nous étions honnêtes et ne vivions que de ce qui était halal. Aujourd’hui il faut reconnaître que cette espèce d’africain est devenue tellement rare qu’elle est en voie de disparition. Si l’important, ici, n’est pas de savoir le pourquoi de cette perte de soi, il est néanmoins important de rappeler que nos nouveaux recours pour compenser notre ancien sérieux, sont tellement irresponsables que chaque jour nous ne manquerons pas de passer aux yeux de l’autre l’un des vrais escrocs des temps présents. Alors une question : et que deviendrons ceux qui ne savent pas escroquer, falsifier, et voler ?
Vous ne le savez pas ? Eh bien c’est pourtant simple : ils sont mendiants. Un soutien de plus à nos misères.
*** Nous aimons nous contenter de la réussite de quelqu’un de la famille : Le cerveau africain est hermétique à la philosophie matérialiste anglo-saxonne. Trop des mangeurs, un ou peu des producteurs. En Afrique, l’on sait dormir tranquillement sur ses lauriers parce qu’on a un frère en France ou ailleurs qui nous assure tout. Mais pour combien de temps encore ? N’est-ce pas là un autre terreau pour la misère ?
*** Nous savons être indifférents vis-à-vis de nos devoirs : En Afrique, presque tout le monde critique tout le monde mais personne ne fait quelque chose. Celui qui est prêt à crier « vive notre équipe nationale de foot-ball » est aussi prêt à contempler avec un œil amusant détruire le bien public sans lever le petit doigts. Les dirigeants sont traités de tout lorsque le citoyen lui-même se sent dans un monde est non dans son pays. Et comment réduire les misères lorsqu’on ne se sent responsable que devant son ventre ?
*** Nous savons aller au-delà des bornes : Imiter n’est pas un crime sauf s’il s’agira bien-sûr de vouloir coûte que coûte changer sa peau ou autre chose de ce type. Mais seulement l’africain n’a pas de limite. Quand il imite, les barrages ne suffiront pas pour le faire arrêter. Seulement il y a ce qui mérite d’être imité, et même dans ce cas, à des degrés bien définis.
*** Nous aimons trop nous faire passer de ce que nous ne sommes pas en réalité…
Il est évident qu’avec tous ces comportements et attitudes ajoutés au fait que la plupart d’entre nous soient déjà pauvres, nous ne pourrons que consolider nos misères.