06 septembre 2007

LE VECU QUOTIDIEN DU PEUPLE MAURITANIEN, CE PEUPLE A QUI ON A MENTI, CE PEUPLE QU'ON CONTINUE DE VOLER, CE PEUPLE QUI DOIT DESORMAIS SE REVEILLER

Lorsqu’il s’agit d’écrire tout à propos d’une thématique ou d’une situation donnée, l’on n’ y parviendra presque jamais alors que quand il ne s’agit d’en dire que l’essentiel, l’espoir nous est de droit permis. Cependant ni par l’une ni par l’autre de ces deux incontournables lignes de conduite, me suis-je parvenu à relater le quotidien du peuple mauritanien, ce vrai peuple qui ne cesse de traîner sous le poids d’un patriotisme qu’il ne comprend pas. Le résultat ne me fut qu’un bilan sur rien.

Croyez-moi, il ne s’agit pas là d’un désespoir quelconque pour ce qui est de l’avenir de ce pays, cette Mauritanie que j’aime tant.

Mais s’il ne s’agirait de ne voir que ce qui est sous nos yeux, ce qui continue encore de régir notre quotidien, nous ne pouvons que baisser les bras, tellement que tout mérite d’être changé mais surtout que le changement auquel l’urgence nous exige dans le présent est d’ordre mental donc une affaire qui n’est pas celle d’une année ou deux.

Lorsque je me suis laissé aller dans les pensées, j’ai constaté une chose : en Mauritanie la course au pouvoir demeure la première préoccupation de tout mauritanien. La principale motivation dans cette course est d’abord l’enrichissement personnel, ensuite l’héroïsme au sein duquel le tribalisme est officieusement cautionné. Ce fol amour pour le pouvoir en vers lequel tout mauritanien se laisse aller, n’a généralement rien de patriotique.

Voilà pourquoi ceux qui ne font pas partie de l’homme au pouvoir restent des indésirables à soumettre par des pressions de tout ordre. Ainsi naissent la mauvaise répartition des richesses, la ploutocratie doublée de kléptocratie. Ces concepts ont toujours été des ingrédients en vue de deux recettes antagonistes mais complémentaires nommées : l’enrichissement continuel des riches, l’appauvrissement infini des pauvres. Celles-ci engendrent une glu autrement appelée le cercle vicieux de la pauvreté. C’est ainsi que la population mauritanienne est à majorité pauvre.

Cette pauvreté qui n’est pas, pourtant, à généraliser fait de notre pays, un pays pauvre. Une tache de plus sur son image ternie. D’une telle pauvreté, l’on peut comprendre aujourd’hui pourquoi la Mauritanie est une mendiante aux portes de ses homologues du monde entier et pourquoi personne n’est en mesure de soutenir que sa souveraineté assurée.

L’on peut aussi comprendre pourquoi la stabilité politique de notre pays n’est pas pérenne, ni non plus pourquoi tout ce que nous sommes en train de bâtir aujourd’hui, si insuffisant soit-il, ne doit pas nous faire réjouir conscients du fait que dans chaque homme, dans chaque peuple se cache une bête, un animal sauvage, un criminel qui peut commettre à tout moment son forfait.

L’on peut comprendre pourquoi tant des mendiants, tant des débiles mentaux, tant des délinquants et de balafrés, tant des prostitués, tant d’inceste, tant de perversion et de débauche à Nouakchott, oui dans les rues tortueuses de notre capitale, la seule crue construite pendant qu’elle n’est que le grand bidonville de ses homologues du monde arabe.

L’on comprend pourquoi nos valeurs sociales perdent davantage leur authenticité ; le sérieux cédant la place au jeu, aux illusions, la réalité au ridicule, la persévérance au désespoir, la patience nourrie d’espoir à l’impatience de se sacrifier aux eaux des mers et des océans, l’impatience d’aller pour toujours et de ne jamais retourner, le travail à l’oisiveté, la solidarité à l’individualisme, les études à l’argent urgent, le patriotisme au vandalisme individualiste. L’on comprend pourquoi tant de baraques, tant de paillotes, tant d’immondices, tant de pistes. Le peuple mauritanien est un peuple innocent, tenu dans l’ilotisme, dans l’engeance totale. C’est un peuple qui ne connaît de l’Etat que maltraitance, manipulation, matraques, spoliations de ses biens. Le peuple mauritanien est un peuple malade, malade par ce que malade, malade par ce qu’ignorant. Tout lui est cher.

En Mauritanie, je comprends aujourd’hui pourquoi l’on ne prend quelqu’un pour malade que lorsque les cris assourdissants des pleurs nous laissent entendre qu’il est mort.
Je dois m'arrêter ici. Car comme je vous avais averti, relater le quotidien du peuple mauritanien dans l’essentiel ou l’intégralité est pire qu’un parcours du combattant.

Mais ne vous en faites pas, la Mauritanie changera d’une manière ou d’une autre. Patience seulement et surtout agissez. Car l’œuvre de chaque mauritanien compte considérablement dans l’édification de notre pays. Et si tout le monde chantonne le changement sans en faire un souci, il n’ y aura pas de changement. Vive le travail, vive le peuple mauritanien, vive la Mauritanie.
Soulé Abdou Diarra
diarra999@yahoo.fr