17 février 2011

Ministère du commerce, de l’artisanat, du tourisme et de l’industrie : A quand la fin de la juxtaposition marathonienne des directions ?

Dans une de mes publications intitulée « Tourisme en Mauritanie : Excellence Mr. le Premier ministre objections ! » comme analyse critique et fondée de la déclaration de politique générale du gouvernement sur le plan touristique pour l’année 2011, j’avais été de ceux qui avaient remis en question, preuves à l’appui, l’affirmation d’alors de son Excellence qui consistait à soutenir que le département du commerce, de l’artisanat et du tourisme était une priorité pour son gouvernement. J’avais eu alors à rappeler ce qui a été fait sur le plan commercial (boutiques de ramadan) et tout ce qui n’a pas été le cas en matière de tourisme comme de l’artisanat avec tous les effets que l’on sait aujourd’hui. J’avais fini par rappeler le caractère insultant de ces affirmations politiques aux finalités de dissimuler mais aussi d’arrondir ce qui ne l’était pas en réalité.
Quelques mois après, le prolongement de la liste des directions (désormais quatre au lieu de trois) est venu confirmer ce que nous avons démenti au début, à savoir que le ministère du commerce, de l’artisanat et du tourisme n’a jamais été une priorité politique mais plutôt cette entité chargée d’assurer les affaires courantes des secteurs d’activité qui, malgré le désintérêt manifeste de nos autorités, ont pu avoir l’aval d’une grande partie de notre population.
Aujourd’hui avec la juxtaposition marathonienne d’une autre direction en l’honneur du secteur de l’industrie, la vérité tant dissimulée vient enfin d’éclater au grand jour, cette vérité crue qui convainc que ce ministère n’a, en réalité, été toujours que la décharge des secteurs d’activité sans grande importance. Il ne s’agit pas d’une appréciation subjective pour la simple raison que les secteurs du commerce, de l’artisanat, du tourisme et de l’industrie ont, d’abord, ceci de commun ce qu’aucun d’entre eux n’a de nom dans notre pays. Ensuite, dans un pays comme la Mauritanie où le laxisme, le favoritisme et le clientélisme restent les seuls mots d’ordre, ces secteurs qui pouvaient être rentables directement pour l’Etat ne sont malheureusement devenus que l’image d’eux-mêmes. Enfin, en étant quelques unes de destinations incontournables de tout pays développé, nos autorités n’ont d’autre choix que d’en faire l’objet d’une certaine organisation même informelle en attendant les jours meilleurs.
Mais d’autre part cette juxtaposition est une preuve patente de l’inertie et de l’échec de tous ceux qui sont dans le domaine du tourisme. Nous n’avons pas cessé de le dire : l’Etat reste toujours ce qu’il est comme partout dans le monde. Il a des penchants naturels et fondés à s’intéresser à ce qui remplit directement ses caisses, au cas échéant, à ce qui intéresse sa population lorsqu’il est dirigé par des chefs visionnaires. En conséquence partout dans le monde, ce sont les intéressés voire les concernés qui sont tenus à s’organiser pour faire entendre leurs voix et avoir de leurs autorités un intérêt particulier pour leur secteur d’activité. C’est à eux de convaincre du rôle qui peut être joué par le secteur d’activité pour lequel ils ont opté. Cet appel, je n’ai cessé de le lancer et je le lance aujourd’hui encore en disant que le tourisme ne saurait devenir ce qu’il faut qu’il devienne si ceux qui s’y intéressent n’en font pas une préoccupation quotidienne. Mais les concernés sont-ils en mesure de s’organiser de manière responsable ?
Pas si sûr pourtant. Car si la « marathonisation » du département du commerce est un désespoir cuisant pour tous ceux qui ont rêvé avoir enfin un département réservé essentiellement aux secteurs de l’artisanat et du tourisme, le pire s’annonce pourtant du côté des directement et indirectement concernés. Dernière des infos en date, certains de notre administration nationale du tourisme, s’apprêtent à rejeter en bloc tout ce qui a été recommandé lors des journées de concertation sur le tourisme organisées par la commission Upr chargée du tourisme. La raison filtrée ? Pour n’avoir pas été de la partie malgré le caractère oui-ouvert de ces journées d’une part. D’autre part, malgré le fait qu’un parti ne peut jamais se substituer à un Etat. En conséquence, quelqu’en soient ses directives, celles-ci resteront toujours et simplement des recommandations que l’on peut appliquer ou non.
Pourtant compte tenu de la situation actuelle du secteur du tourisme en Mauritanie longtemps légué parmi les derniers des soucis politiques, le temps n’est pas aux contradictions nourries de conflits d’intérêt. Ces journées devraient être des occasions à surexploiter sans modération pour la simple et unique raison que jamais dans l’histoire de la Mauritanie, nos autorités n’ont adopté une position politique aussi claire et ferme vis-à-vis du secteur du tourisme comme cette fois-ci.
Mais enfin de compte, cela ne fera rien de récalcitrants pour la simple raison que si ça va ou non, ils n’auront rien à perdre ; l’essentiel est qu’à la fin de chaque mois, ils touchent leurs salaires. Néanmoins, la balle n’échappera guère à l’UPR, qui ne manquera pas de briser cette fronde d’imposture de mauvais goût comme tant d’autres.
En tout cas c'est aussi un des saluts pour un demarrage touristique sûr et durable.
Soulé A. Diarra