16 février 2011

Les quatre leçons du remaniement ministériel du 12 Février

Les faits de la vie se comptent à l’infini. Qu’ils soient de tendance à faire réjouir ou encore à endeuiller, l’essentiel est que de chaque fait, il y a toujours une leçon à tirer. Ainsi du remaniement ministériel partiel du Samedi 12 Février dernier, quelle lecture peut-on objectivement établir ?
Âmes hypocrites, s’abstenir.
Dans une de mes publications sur le site cridem.org, il y a de cela quelques mois, il m’a été de fidélité intellectuelle de reconnaître au pouvoir de Ould Abdel Aziz un nouveau système de gouvernance motivé, à l’apparence évidente, par la volonté d’aller de l’avant. Dans ce cadre s’’il n’y a pas lieu d’omettre de louer la cadence actuelle qui, par rapport à ce à quoi le mauritanien lambda est généralement habitué, est déjà de bons augures, il y a forcément lieu d’admettre qu’on pouvait faire mieux. Et en cause, comme toujours d’ailleurs, nos décideurs politiques, eux qui sont sensés avoir le pouvoir de décisions, eux qui initient, oui eux qui exécutent. Les deux remaniements ministériels qui ont eu lieu jusqu’à présent en sont d’ailleurs une preuve crue, en étant cette nécessité de trouver des hommes capables à s’adapter au nouvel environnement azizien. Pourtant à bien d’avis ces remaniements n’ont pas été à la hauteur des attentes de populations ni même de ceux qui connaissent bien les véritables problèmes des mauritaniens. Il n’en pouvait pas être une nécessité d’ailleurs sachant ce que les mouvements ministériels ont de penchant politique en Mauritanie où il faut certes des hommes à qui on délègue des départements mais tenus à être représentatifs de toutes les composantes ethniques voire régionales. Mais au-delà de ces impostures de base, les remaniements et notamment celui du 12 Février dernier avaient de quoi à attirer l’attention :
L’intransigeance face à toute forme de gabegie
La première leçon qui peut être tirée du remaniement ministériel du 12 Février dernier est l’intransigeance face à toute forme de gabegie. S’inscrivant dans la droite ligne de la politique générale du président de la république, cette intransigeance a eu le mérite de s’actualiser chaque fois que cela s’avère nécessaire. L’ex-ministre de la santé en sait quelque chose. Last but not least, lors du conseil de ministres du mardi 15 Février, les mauritaniens n’étaient pas non plus surpris d’appendre la mise à fin aux fonctions de trois secrétaires généraux de trois ministères distincts. Faut-il alors admettre que pour être stable à son poste l’essentiel est d’évincer de sa personnalité les démons du gâchis et de la gabegie ?
Pas toujours, même si cela s’avère être d’une importance capitale.
La politique sur la compétence
A analyser de près les nominations en Mauritanie, on ne peut ne pas prendre en compte la trop grande voire l’unique influence de la politique. Ce qui explique l’afflux important de beaucoup des mauritaniens. Le remaniement du 12 Février dernier est venu, malheureusement, apporter davantage une bouffée d’oxygène à cet état de fait qui a déjà longtemps constitué un des freins au développement de notre pays. Aujourd’hui, c’est regrettable, mais il faut le reconnaître, ils sont des milliers ces mauritaniens capables d’être utiles à leur pays mais qui sont contraints de rester à l’étranger pour différentes raisons dont l’importance qu’a eu la politique sur la compétence, raison qui n’a pas permis de mettre en place une stratégie viable sensée faire marier l’utile à l’agréable. Il s’ensuit une négligence qui frôle l’hypocrisie voire l’indifférence. Les nominations sont alors devenues l’incarnation pure et simple de l’envie de satisfaire les attentes insatiables des politiques aux discours hypocrites et ambivalents et non cette volonté de répondre concrètement aux besoins réels de notre pays. Il s’en est toujours suivi ce l’on sait : le statisme clairsemé de mouvements ministériels infinis qu’insensés.
Bamba ou le gardien distrait de ce qui n’est pas important
La troisième leçon à tirer de ce remaniement du 12 Février est la nouvelle situation marathonienne du département du commerce. En fin de compte, il ne fait aucun doute désormais que Bamba Ould Daramane est devenu le gardien du grenier des futilités. Qu’il soit le commerce, le tourisme, l’artisanat ou encore l’industrie, aucun de ces secteurs n’a d’importance politique en Mauritanie malgré l’intérêt grandissant qu’ils bénéficient pourtant de la part de la population. En effet, tout indique qu’en Mauritanie on ne s’intéresse qu’aux produits finis et pas ceux qu’on crée et qui sont en mesure de nous faire procurer l’objectif assigné. C’est le double langage de notre premier ministre qui, reconnaissant d’un côté le département en tant qu’une des priorités politiques, de l’autre côté se permet d’allonger la liste des responsabilités d’un département exsangue à tous les niveaux.
Les soninkés ou le risque d’une disparition des postes ministériels

Les problèmes de la communauté soninké sont nombreux. A travers les nombreux articles que j’ai eus à leur dédier, je n’ai jamais cessé de rappeler notre silence, notre indifférence voire notre absence de ce qui nous concerne pourtant. Je n’ai pas aussi manqué de mettre en exergue l’un de nos points faibles à savoir l’insuffisance voire le manque de nos cadres à plusieurs niveaux et dans beaucoup des domaines. L’absence de nos engagements politiques est venue assumer le comble. Le dernier remaniement ministériel en est une preuve. Les plus avertis des analystes sont conscients du fait que la présence des soninkés aujourd’hui dans des postes ministériels est devenue un simple souci de représentativité ethnique et compte tenu de notre indifférence peut cesser à tout moment sans aucun risque de s’attendre à une éventuelle conséquence. L’explication est palpable : en plus de nos carences en compétences, nos engagements politiques restent à désirer et nos réactions sourdes face à tout ce qui ne va pas. Le temps aujourd’hui est alors à une remise en question. Il nous faut donner davantage d’importance aux études poussées, et à l’engagement politique tout en n’omettant pas de se mobiliser chaque fois que cela s’avère nécessaire.
Soulé A. Diarra