12 octobre 2010

Cultures Soninkés : Pour l’organisation d’un festival international de la culture soninké

La culture soninké est par nature riche. Et grâce aux différents brassages dont elle a été l’objet à travers le temps et l’espace cette richesse n’a pu être consolidée que davantage. Pourtant par ces dernières années, il a été de tous les constats qu’entre autres faits, les soninkés restent plus aptes à parler la langue des autres que les autres n’en parlent la leur. Cela n’est pas en soi, en toute logique, un mal. Mais lorsque l’on oublie la sienne par goût de celle des autres, il y a raisonnablement et nécessairement lieu de tirer la sonnette d’alarme. Ainsi, il y a de cela quelques années, il était possible de croire à l’éventuel risque de disparition de la langue soninké en Mauritanie dans les siècles à venir. Ce constat n’était pas sans preuve. En effet, je n’avais pas l’expérience d’autres pays, mais à Nouakchott en Mauritanie, il suffisait d’entrer dans quelques familles à cent pour cent soninké pour s’en persuader. Les langues ou dialectes les plus usités ici, restent celles ou ceux des autres. Assister à leurs mariages ou autres événements de connotation culturelle ne peut que persuader du comble des choses.

En effet, à bien d’avis, il parait qu’il y a différence entre s’enrichir culturellement et s’acculturer. Connaître les valeurs des autres c’est bien voire même très bien mais les connaître pour ne plus rester soi-même est le pire des pires qui peut arriver à une personne qui n’est en tant tel que parce qu’elle est spécifique en étant elle-même.

S’il faut vraiment justifier cet état de fait, il y a lieu d’indexer deux responsables : d’abord les parents, ensuite la communauté soninké tout entier du pays qui n’a rien fait pour faire immerger quotidiennement la population soninké dans sa culture. Car, il faut le reconnaître, il est de toute logique que lorsqu’on ne se connaît pas que l’on se reconnaisse en quelqu’un d’autre qui n’est pas soi. Nos enfants généralement à Nouakchott, semblent naître dans un environnement qui n’a généralement rien de leurs valeurs sociales culturellement.

Ainsi des années durant, ce vide culturel matériellement comme immatériellement avait eu ce qu’il fallait comme conséquences dont la plus risquante était de ne voir que rarement un soninké se manifester et s’exprimer culturellement et dans tout ce qui fait sa spécificité. La peur, heureusement, fut atténuée à bien des niveaux, le risque étant évité. Avec la prolifération des chanteurs soninkés, beaucoup d’enfants soninkés ont pris conscience d’eux-mêmes. Beaucoup ont compris, à travers les messages véhiculés par ces différents chanteurs, que la première richesse d’une personne se trouve avant tout en elle-même. C’est en se reconnaissant dans toutes ses dimensions qu’on peut faire plus en ayant, souvent, au-delà de ce qu’on veut.

C’est pour combler avant tout et davantage ce vide, que je suggère aujourd’hui l’organisation d’un festival international de la culture soninké qui sera à tour de rôle dans les pays à forte concentration soninké comme entre autres la Mauritanie, le Mali, Le Sénégal et la Gambie. Ce festival, auquel tous les chanteurs chantant la langue soninké peuvent être conviés, sera l’occasion d’exposition des patrimoines matériels et immatériels des soninkés dans toutes leurs dimensions. Il devrait y avoir des concerts, des conférences, des séances de dégustation, des séances de conte…etc.

En tant que journées de retrouvailles et de retour aux sources, la présence de la jeunesse devrait être une priorité. Car l’objectif est avant de leur dire qui, ils sont et à partir de là qui, ils sont en mesure d’être.

Toutefois pour qu’une telle initiative soit possible, tout le monde mérite d’être impliqué et en premier lieu les jeunes et les femmes soninkés du monde entier. Les communautés soninkés en émigration doivent y jouer un rôle déterminant du point de vue soutiens matériels.

Avec tels événements, après s’approchera plus de ce qu’on veut qu’avant. Toutefois nous écoutera-t-on pour autant ? Wait and see…