18 août 2010

Les réalisations actuelles d’Aziz seraient durables si elles s’inscrivaient dans une politique de développement intégré prédéfinie

Observons bien la Mauritanie d’Aziz. Elle a ceci de particulier. Ce que par une petite balade dans la capitale, le plus irréductible des opposants ne peut ne pas se rendre compte du changement qui se dessine petit à petit. Partout les routes asphaltées et autres projets infrastructurels ne cessent de pousser. Partout les initiatives citoyennes désormais convaincues ne cessent de voir jour sous des révélations dignes de patriotisme, d’esprit d’initiative et de créativité. Partout on initie, on propose et concrétise. En un mot, bien que tout n’évolue pas comme chacun le veut, tout observateur impartial peut admettre aujourd’hui que les dés sont quand même lancés.

Mais au-delà de ces réalisations tous azimuts et louables à bien des niveaux, quelles observations peut-on se permettre d’établir ?

Les réalisations actuelles s’inscrivent–elles réellement dans le cadre d’une politique de développement préétablies ?

Ceux qui ne se remettent qu’aux papiers répondront affirmativement. A savoir que les actions quotidiennes de notre gouvernement auraient pour principale référence un plan de développement détaillé, qui indique clairement là où nous voulons et pouvons arriver, avec les moyens humains, matériels et techniques qu’il faut au cours d’une période bien définie. Pourtant la vérité est bien au-delà. La réalité du terrain en est une des preuves patentes : cinq décennies des va-et-vient qui ne s’annoncent pas vraiment appréciables.

En effet, il est de devoir de laisser le passé au passé ; mais pour éviter aux générations futures de se retrouver regrettablement devant les mêmes questions, il y a lieu de faire recours aux leçons tirées.

Que faut-il alors faire ?

1- définir une politique générale de développement

Il n’est pas sans savoir qu’il est aisé de travailler et de réussir lorsqu’on sait réellement ce qu’on veut. Incontestablement ce que veut notre pays c’est le développement. Mais en restant l’objectif de toujours, ce développement peut être mal conçu dans le cadre de sa réalisation où des actions à effets non durables peuvent être entreprises par-ci par-là. C’est exactement ce qu’on vit quotidiennement en Mauritanie. Ici, pour combattre la pauvreté par exemple, les autorités ont tendance à favoriser les actions consommatrices plus que les actions productrices. Si l’état d’urgence en est une des raisons principales, il est à rappeler néanmoins que même consommatrices ces actions peuvent entrer dans le cadre de la réalisation d’une vision à effets durables.
Définir une politique générale de développement suppose d’abord qu’on ait une idée claire de la Mauritanie des années à venir par exemple, ce qu’elle doit et peut devenir avec quelle mentalité ou quelle culture pour sa population. Et pour arriver, il est indispensable de définir une ligne de conduite dans laquelle chacun saura sa responsabilité et pour laquelle il oeuvrera. Cela, en effet, ne relèvera pas du domaine du rêve car à travers l’histoire, des pays ont démontré que c’est bien possible.
2- le système éducatif doit être le fer de lance de cette politique
Tout système éducatif s’inscrit dans le cadre d’une politique générale d’un Etat. Mais en prenant connaissance du nôtre, on se posera la question de savoir là où il veut bien nous amener. En effet, sauf si l’on se trompe, notre système éducatif ne semble pas refléter réellement le point focal de notre théorique politique de développement accentué sur la lutte contre la pauvreté. Cela se révèle par la formation annuelle des milliers de chômeurs, le déficit en citoyenneté, le manque crucial des écoles et autres instituts de formation professionnelle. Il s’ensuit qu’au terme de quatre années d’étude universitaire, l’on ne soit pas mieux que celui qui n’a pas perdu son temps.
3- la définition des secteurs prioritaires et de préférence les secteurs productifs et produit-système.
D’où vont nos énergies ? C’est là la question que tout mauritanien peut se la poser, tellement tout reste à refaire voire à faire tout simplement. Les 50 années d’indépendance n’ont pas servi grande chose. En effet la plupart des pays du monde sont reconnus par une image, une idée qui permet de spécifier chacun par rapport à l’autre. Mais en dehors de la traditionnelle image de « pays de millions de poètes », œuvre glorieuse de nos arrières grands-parents à quoi assimile-t-on aujourd’hui la Mauritanie ?
La vérité c’est qu’on n’a tout simplement rien fait. Ni l’agriculture, ni l’élevage non plus notre traditionnelle hospitalité, n’ont pu, de notre part, être honorés à un moment où l’intérêt du peuple vis-à-vis de ces secteurs s’affirme incroyablement et en pleine campagne contre la cherté des prix. Si tout part de l’idée qu’on ne sait pas réellement ce qu’on veut, la réalité est que notre folie de grandeur à tous les niveaux, nourrie par notre pouvoir surnaturel de com’ a laissé chaque chose à là où elle est en tenant le silence par la propagande.
4- la responsabilisation de nos ministres pour la mise en œuvre de la politique de développement
Une politique de développement n’est bonne que lorsqu’elle est intégrée. Elle n’est intégrée que lorsque dans le cadre de sa mise en œuvre chacun puisse reconnaître son rôle. Mais comment remplir concrètement cette responsabilité quand on a une responsabilité de posture. Il revient alors aux hautes autorités de spécifier la part de chaque ministère et donner les moyens humains, financiers et matériels exigés.

C’est de cette vision que la Mauritanie de notre rêve peut bien être possible. Il est de notre espérance que notre président ajustera ses actions dans ce sens.