12 octobre 2010

Le tourisme national, un moyen d’assurance et de conviction, un soutien voire une simple alternative au tourisme international tributaire, sensible...

Avec les bavures sécuritaires de ces derniers temps au Sahara et ce qu’elles ont pu avoir comme conséquences en terme de médiatisation à outrance, les questions relatives entre autres à l’avenir du tourisme mauritanien basé essentiellement sur le tourisme saharien sont plus que jamais posées. Il suffit de lire l’actualité pour s’en convaincre. Des titres malséants ne cessent d’être à la une des journaux internationaux, des titres qui ne reflètent pas pourtant la réalité des terrains mais qui ont déjà porté des conséquences fâcheuses au tourisme dans les pays du Sahel en général. Aujourd’hui alors la question qui est de toutes les lèvres reste la suivante : Quelles stratégies faut-il pour minimiser les conséquences d’une communication à outrance de dimension internationale ?

Dans mes précédentes publications relatives entre autres à cette crise, j’ai eu à avancer beaucoup des plans de réaction dont la plupart semblent s’inscrire dans le long terme. Parmi ceux-ci j’ai eu à me focaliser sur la possibilité d’envisager une politique de diversification du produit touristique mauritanien par l’organisation des visites de presse, d’éductours, des festivals et autres événements sensés faire connaître et vendre, dans les nouvelles destinations à promouvoir. J’ai eu à avancer l’idée de la mise en place d’une politique de communication régulière à travers la création d’un site web diffusant de l’officiel et du vrai sur l’actualité du tourisme mauritanien dans toutes ses dimensions, à travers l’organisation d’événements d’envergure internationale auxquels la presse internationale ne saurait rester indifférente. Sur cette lancée, il m’a semblé utile d’ajouter aussi le tourisme national comme soutien ou encore moyen d’assurance et de conviction d’une clientèle internationale dubitative pour le segment qui connaît déjà la destination Mauritanie ou tout simplement comme alternative à une forme de tourisme international que seul le national peut consommer au-delà des préjugés tout faits. Mais qu’entendons-nous d’abord par tourisme national ?

Par tourisme national, il y a lieu d’entendre cette forme de tourisme pratiquée par les nationaux. En effet, les nationaux comprennent en même temps les mauritaniens de l’intérieur comme ceux résidant à l’extérieur. Donc le tourisme national mauritanien est le déplacement à connotation touristique effectué par le mauritanien résidant en Mauritanie à l‘intérieur du pays ou encore le mauritanien de l’extérieur vers la Mauritanie et/ou à l’intérieur de la Mauritanie.

Le tourisme national des mauritaniens résidant en Mauritanie

Le mauritanien est par nature un voyageur. L’histoire et les raisons dont certaines sont de connotation touristique sont là pour prouver cette réalité. A travers le temps, ce goût du voyage n’a fait qu’intensifier. Si les déplacements sont devenus des contraintes des temps actuels, ils reflètent aussi des modes de vie. En Mauritanie, ces modes de vie restent des miroirs aux valeurs anciennes et religieuses de la société. Ainsi, les déplacements affinitaires, d’aventure dans le grand désert du Sahara, la guetna, la lekhriv, les déplacements à but religieux restent parmi les valeurs phares de la population mauritanienne. Bien qu’on ne dispose pas des chiffres exacts puisque ces déplacements ne sont pas encadrés, on peut estimer cette forme de tourisme toutes catégories confondues à des centaines de milliers de déplacements surtout s’il faut considérer les cadences tout au long des années.

Le tourisme national des mauritaniens résidant à l’extérieur

Dans mon article publié sur cridem.org titrant « Quelle politique à l’égard des mauritaniens résidant à l’étranger ? » j’avais eu à faire l’analyse citée ci-après pour estimer approximativement le nombre exact de mauritaniens résidant à l’extérieur : « si l’émigration se justifie par des faits relatifs entre autres à la situation socio-économique et politique d’un pays donné, par expérience des faits qui ont marqué ces trois dernières décennies notre pays, tout semblait être réuni pour que le nombre exact des mauritaniens résidant à l’étranger s’accroît d’année en année pour être estimé à plusieurs centaines de milliers (compte tenu de la population totale du pays) et dont plus des quatre-vingt pour cent dans les pays voisins, les pays avec lesquels nous partageons certaines spécificités culturelles ou encore les pays développés. » Et s’il faut considérer que cette émigration reste motivée par la conquête d’une vie meilleure pour soi et pour les siens, il est tout à fait logique que ses retombées soient d’une importance capitale pour la Mauritanie. Mais quelle peut être son importance du point de vue touristique ?

En prenant l’exemple du Maroc dans sa vision 2010 qui consistait à accueillir dix millions de touristes à l’horizon 2010 par le biais d’objectifs généraux et d’objectifs spécifiques, l’on peut remarquer qu’une grande partie de ces touristes sont des marocains résidant à l’étranger. Donc l’importance de cette frange est qu’elle est facile à convaincre et disposée à convaincre d’autres touristes, connaissant mieux le terrain. Ensuite, elle dispose les moyens adéquats qui peuvent avoir d’effets positifs sur la vie des populations locales.

Mais comment rentabiliser cette forme de tourisme ?

En effet, dans les années 94 quand la Mauritanie érigeait le tourisme en une de ses priorités politiques, se trouvait parmi d’autres objectifs généraux celui de vouloir lutter de façon décentralisée contre la pauvreté. C’est normal que pour un pays comme le nôtre cet objectif reste encore d’actualité parmi tant d’autres. Mais par les spécificités culturelles de la clientèle principale de cette forme de tourisme, il y a moins de rentabilité qu’avec le tourisme international. Donc il y a nécessité de réfléchir aux éventuelles stratégies de rentabilisation de ce type de tourisme.

Et comment développer cette forme de tourisme ?

A chacun sa façon de batailler. Mais à notre niveau, la première des choses est d’encourager le retour saisonnier au pays par des campagnes de communication adaptées et la mise en place d’autres facilités administratives et de transport sans oublier l’organisation des festivals en période de vacances permettant par exemple aux mauritaniens résidant à l’extérieur de redécouvrir leurs valeurs culturelles auxquelles ils sont pratiquement séparés par le vécu à caractère étranger de leurs pays ou villes d’accueil. Cela exige l’implication des agences nationales de voyages qui doivent concevoir des package de ce type.

Avec la dynamisation de ces formes de tourisme, notre pays dépendra moins du tourisme international, les informations amplifiées seront appréciées à leur juste valeur. Bref notre tourisme ne sera plus soumis aux caprices d’un tourisme international qui croit à tout.