23 octobre 2010

A quoi servent les missions infinies effectuées à l’étranger annuellement par nos fonctionnaires étatiques ?

L’arrivée au pouvoir d’Ould Abdel Aziz fut marquée par des événements inédits. Qu’ils soient prévus sous le régime de Sidi ou non, l’important est que beaucoup de ces réalisations ont vu le jour et dont les plus remarquables restent, d’une part, évidemment la lutte contre la gabegie sous toutes ses formes et les conséquences collatérales causées par celle-ci, le désengagement de l’Etat des charges relatives aux logements et véhicules de fonctionnaires de l’Etat, en un mot une gestion efficace et efficiente par le biais de la maîtrise des coûts. D’autre part, l’on a assisté à la réalisation de plusieurs routes asphaltées, la redynamisation des services fonctionnels de l’Etat et de plusieurs initiatives privées et associatives.
Toutefois dans la rubrique gabegie, il y a impression qu’un élément d’une importance capitale fut omis. Il s’agit notamment des missions diplomatiques que nos agents et autres fonctionnaires de l’Etat ne cessent d’effectuer à l’étranger. En effet, si on est encore avec la réalité l’objectif de ces missions n’est pas que la présence physique de qui que ce soit. A bien d’avis, ces rencontres qui se font autour de thématiques diverses, riches et d’actualité ont d’objectifs de conscientisation, d’initiation et de formation, ou encore de publicité et de promotion. La présence à telles rencontres peut, par conséquent, être d’une importance d’envergure si elle est capitalisée. Mais d’après nos enquêtes plusieurs questions posées ci-après restent encore sans réponses claires : A quoi servent réellement des missions aussi onéreuses sur les finances publiques si elles devraient rester que ce qu’elles sont autrement dit non matérialisées par un quelconque rapport ? Matérialisées par un rapport ou non, ces missions profitent-elles réellement à l’Etat mauritanien à travers des prises de conscience et l’application de quelques points focaux appris ? Que représentent ces missions, en réalité, pour nos fonctionnaires ?
Last In, First Out. Nous avons eu à discuter avec beaucoup de nos fonctionnaires. Et l’enseignement tiré de ces discussions est que les missions auxquelles, ils prennent part servent plutôt d’occasion d’affaires, d’aventure et de découverte mais aussi de gain de beaucoup d’argents faciles (frais de missions…) plus qu’autre chose. Se déplaçant généralement en classe affaires et rarement le contraire, nos fonctionnaires en missions résident aussi en grande partie et pour la plupart du temps dans des palaces et souvent pendant des mois. Certains se permettent même d’autres services complémentaires relatifs entre autres à des circuits et autres caprices de tours package. D’autres ont pris un malin plaisir de ne même pas quitter le sol national, consacrant les jours qu’il doit consacrer au voyage en congé forcé. Tandis que les troisièmes une fois sur le lieu de mission restent cloîtrés dans leurs hôtels jusqu’au retour. Tout ceci, en partie, n’est pas mal si à la finalité, le pays, pour et par lequel tout ceci est arrivé, en profite pleinement. Mais qu’assistons-nous par contre ?
En effet nous avons été dans plusieurs départements ministériels. Nous avons essayé de voir les rapports de missions effectuées à l’étranger. Mais peines perdues. Si ce ne sont pas les bureaux les enfermant qui ne sont pas disponibles, ce sont les personnes qui s’en chargent qui sont absentes. Bref, il n’y en a pas. Plus frappant est que ce missions n’ont eu aucun effet sur place. Pas de changement en termes de savoir-être professionnel ni de savoir-faire. Tout reste comme avant. Les mêmes théières sur les bureaux, les mêmes bureaux transformés en buvettes et autres lieux de papote. Donc les milliards que l’Etat débourse annuellement pour les missions ne sont que des pailles dans un incendie.
Au président d’en prendre alors conscience. La lutte contre la gabegie doit aussi passer par la lutte contre les fraudeurs et les dépenses sans effets directs de court, moyen ou encore de long terme. Les rencontres internationales qui sont organisées annuellement dans le monde sont innombrables. Toutes ne sont pas d’une importance capitale, bien évidemment, pour notre pays. A cet effet, il revient de sélectionner pour chaque département les rencontres qui sont importantes et d’effets mesurables en termes de quantité et de qualité pour notre pays et de réserver un budget pour cela. Ensuite les participants à ces rencontres doivent matérialiser leurs participations par des rapports qui serviront aussi ceux qui n’ y avaient pas pris part. Et puis ce qu’ils ont appris doit être symbolisé sur le terrain. C’est cela aussi contrôler tout pour mieux gérer…