02 septembre 2007

LORSQUE LES INONDATIONS NETTOIENT PLUS QU'ELLES NE DETRUIENT: LES VILLES MAURITANIENNES SONT DES POUBELLES

Jamais une année n’est passée, innocemment, sans que la Mauritanie ne défraie la chronique. C’est là d’ailleurs une des spécificités de cet Etat, reconnu pour sa stabilité déguisée, qui – à mon avis – mérite bien le qualificatif d’un Etat incontrôlablement prévisible.

Dans les décennies passées, si les dictatures dissimulaient l’affreux sous-développement par l’intimidation et le chantage souvent doublés de manipulations psychologiques, les intempéries de ces dernières années n’ont, quant à elles, ménagé aucun effort dans leurs lancées de sécheresse, d’inondations lorsqu’il s’agit de débusquer les vraies réalités de la société mauritanienne faite de pauvreté, de dénuement total et d’une vie quotidienne où les maladies banales curables, l’insalubrité, la délinquance juvénile, la mendicité, les maladies mentales demeurent les compagnes fidèles du mauritanien moyen. Mais tant qu’on y demeure, ce n’est pas facile de s’en rendre compte surtout lorsqu’on est conscient de se retrouver dans un pays où l’on est presque coupé du monde.

Ainsi pendant des années, dans leur quête effrénée de soumettre le peuple mauritanien meurtri vivotant sur des braises, l’école et les médias furent tenus au suivi à la lettre des programmes dictés par le haut de l’échelle, des programmes conçus de telle sorte que le mauritanien puisse toujours tenir sans honte ni faux fuyant des propos selon lesquels il vît « mieux que partout ailleurs dans le monde ». N’est-ce pas dans le même ordre d’idées de manipulations psychologiques délibérées que la télévision nationale (TVM) continuait à projeter des images relatant l’âge d’or climatique et pluviométrique fait de verdures et des cultures agricoles propices lorsque pourtant l’actualité agro-pastorale du pays est faite de manque crucial des pluies, des ravages causées par les déprédateurs criquets pèlerins. Ironie de sort et puisque la réalité en veut ainsi, chaque année, depuis maintenant bien des décennies, le même cri d’alarme est lancé à la communauté internationale pour venir en aide alimentaire à notre pays qui n’arrive pas ni à prévenir ni à se débarrasser de la faiblesse chronique des récoltes. Cette mauvaise stratégie de mensonge prospecterait presque dans tous les domaines qui affectent la vie quotidienne des citoyens mauritaniens notamment l’histoire de ces fameuses maisons d’arrêt pour pauvres qui ont fini par se vider par la simple raison que tous les pauvres internés furent dans la quasi-totalité devenus des débiles mentaux c’est-à-dire des indésirables pour toujours.

Les récentes inondations de Tintanne et celles qui viennent de les suivre, toujours dans le sud-est, entrent exactement dans le contexte selon lequel la patience est la voix des sans voix mauritaniens. Elle a permis de renverser O/ Taya, elle ne tardera pas non plus de construire notre pays, cette Mauritanie qui après plus de 47 ans d’indépendance n’arrive toujours pas à se forger une piste indéniable sur la voix du développement. Nouakchott qui constitue la capitale où on croyait que tous les efforts de nos leaders politiques étaient investis manquent crucialement d’infrastructures surtout routières. Quant à l’habitat, il est pire qu’à l’intérieur du pays où l’honneur revient encore au banco pour la construction des maisons. Les inondations de Tintanne et ce que celles-ci comportent comme conséquences étaient donc prévisibles. Elles ne manqueront pas non plus d’ailleurs. Mais puisque les crises ont toujours poussé l’homme à trouver des solutions, Peut-être Tintanne fera l’objet de la pause de la première pierre dans le cadre de la construction de notre pays. Dans tous les cas, ce que l’on sait pour le moment ce que nos leaders politiques, mendiants mauritaniens sont aux portes des pays du monde, sébiles sous les aisselles. Toutefois à moins que les récoltes d’une telle mendicité puissent servir à reconstruire Tintanne ainsi que le reste du pays comme seule façon de prévenir d’autres inondations. Et sans pour autant me moquer des habitants de Tintanne, je peux dire que pour que la Mauritanie puisse changer dans son ensemble, il nous faut toujours des crises comme celles de Tintanne qui ne détruisent pas à mon avis mais plutôt nettoient dans la mesure où nos villes sont des poubelles.