02 novembre 2009

Drôle de pays comme le nôtre

Le temps passe. Mais la Mauritanie, elle, s’arrête. Elle s’arrête parce que les pneus dont elle se sert pour rouler sont usés à la corde. Tout est ancien ici. Pour ne pas dire tout date des années 60.
En effet, il faut le rappeler, tout ce dont on est en train de vivre aujourd’hui s’est enraciné pendant le régime raciste de O/ Taya. Période de clientélisme, de favoritisme et de laisser-faire. Nous avons passé notre temps plus à chercher à nous enrichir qu’à nous occuper de l’avenir de notre pays. Les bureaux sont tristement devenus des cafés, des salons de thé où l’on ne s’y rend que pour toucher son pécule. L’activité quotidienne qui s’y déroule, basée sur le clientélisme et le favoritisme, n’avait en réalité autre alternative que de faire fi aux lois et autres textes législatifs en vigueur tellement l’impunité est un garde-fou aux déraillements. Ainsi à défaut d’en faire recours, triste sort, l’on ne se rend compte même plus de leur existence. Phénomène amplifié par notre taux incroyable d’analphabétisme.
Les années passent. Mais nos textes restent toujours à leur triste état, continuant de revêtir la réalité des années 60.
Ainsi en plein bouillonnement tout cela révèle que le véritable changement ne doit pas aussi oublier cette face horrible des choses. Notre pays a besoin d’être un Etat de droit, un Etat qui légifère ses textes, veille à leur application au sens strict du terme et au moment adéquat. C’est un Etat où nul ne peut se mettre au-dessus de lois. C’est un Etat qui ne fait pas recours aux lois que pour régler les comptes aux pauvres et aux sans bras-longs. C’est aussi un Etat qui veille sur la réalité quotidienne de ses citoyens et qui leur rend disponible des textes législatifs adaptés. Mais qu’en est-il en réalité de tout ceci dans notre pays ?
Les textes législatifs en Mauritanie existent certes. Mais ils sont vieux et ne reflètent même plus nos réalités. Pour étayer cette thèse, il suffit de prendre le cas de deux codes : celui du travail et cet autre de la famille. Existent-ils en réalité ? Oui. Sont-ils appliqués ? Non.
Le code du travail
Le texte existant date des années 60. Et en 2009 encore le Smig du mauritanien reste 21 000 Ouguiyas. Pauvre mauritanien, plus proche des incompétents clientélistes et corrompus, loin de Dieu. Avec un tel salaire, donné pour la première fois à un moment où le pain n’était qu’à deux ouguiyas, il est vrai que dans une Mauritanie où le pain coûte désormais 100 Ouguiyas, la location d’une chambre dans un quartier populaire à 7000 Ouguiyas, le titulaire d’une telle charité ne saurait être contraint qu’à détourner ou corrompre.