24 décembre 2009

Je sais que tu me liras....

Cher ami, je reconnais parfaitement que vous souffriez en ces moments. Seul fils d’une mère et d’un père décédés quand vous n’étiez pas encore en mesure de différencier votre main droite de celle de la gauche, la providence avait fait que vous vous épreniez d’une fille. Avec elle vous espériez relancer votre lignée en voie d’extinction. Ainsi vous avez eu deux enfants.
Je me rappelle encore quand vous rentriez en vacance en Mauritanie. Le plus insensé pouvait lire sur votre visage et celui de votre bien-aimée le bonheur que vous croyiez enfin entre vos mains. La réussite sentimentale et financière était au rendez-vous et à point nommé.
Je souhaitais tant ce bonheur pour toi. Car en réalité je savais qui tu étais et ce dont tu étais capable. Contre les vents et les marées de la vie d’un esseulé solidarisé, vous étiez parvenu à vous émerger sans un grand soutien que votre espérance et votre conviction au fait que l’homme qui croit en soi n’aurait pas de frein vers son rêve.
Ce rêve, vous, vous l’aviez atteint. Gloire. Je me rappelle encore quand le quartier pleurait de tristesse lorsque tu tombais malade ou de joie quand vous aviez réussi votre bac avec mention et que tout le monde se mettait à l’œuvre.
Tu n’avais que deux parents que le sort du destin te les avais pris de bonne heure mais c’est un quartier que Dieu t’a restitué pour parents. C’est un cadeau que nul avant et après toi, à ma connaissance, n’avait eu dans notre ville. Merci au maître des cieux. Ce qu’il fait c’est ça qui est bien lorsqu’on ne se reproche de n’avoir ni trahi, ni fuit le pauvre, ni diviser l’union sacrée, ni tuer. Rappelle-toi, ce sont là les conseils que nous recevrions chaque jour de nos parents. Si non les affaires de la vie sont aussi éphémères qu’au moment où elles vous apparaissent.
Mais cher ami et frère à l’heure où je te dresse ces mots, mon cœur se fracasse des soucis. Mes nuits comme mes jours n’ont de préoccupations que toi à cause du sort que tu endures en ce moment. C’est vrai votre femme bien-aimée a succombé sous les poignardes à arme blanche des racistes et des xénophobes te laissant encore plus orphelin que jamais entre les mains deux gamins et le désespoir. En ces moments difficiles je compatis avec toi. Dieu aussi c’est sûr.
Je sais que tu souffres en ce moment surtout lorsqu’on est seul dans un univers aussi inhospitalier. C’est normal. J’aurai voulu bien être à tes côtés en ces jours si difficiles. Mais si Dieu est toujours ton seul compagnon et ton ultime recours, frère, tu t’en sortiras. Sois patient. Sois patient. Tout ce que Dieu fait, si ce n’est pas toi qui t’est forcé, est ce qui est bien pour toi.
Mais frère ton idée de prendre ta revanche n’est pas bonne, à mon avis. Loin de la peur, ton humilité doit être d’abord une règle pour le bien-être de tes enfants et celui de nous tous qui sommes derrière toi et qui ne cessons de penser à toi. Cette décision est pleine des conséquences. Mais savoir maitriser ses colères, ses sentiments, savoir être maître de soi doit faire partie de l’être d’un homme. Si beaucoup d’hommes n’ont pas réagi dans tant des situations ce n’est pas parce qu’ils avaient peur ou qu’ils ne pouvaient en faire subir une écorchure, non loin de là. C’est parce que lorsqu’on est issu d’une société, et de surcroît lorsqu’on a des enfants, chacune de nos décisions peut avoir une influence collective.
La vengeance, dit-on, détruit le revanchard et le revanché. Ce qui portera préjudice à tes enfants. Si notre belle Stéphanie avait survécu à ses plaies, elle me donnera raison. Laisse alors la justice de Dieu et celle des hommes accomplir leur mission. Tout viendra à point nommé. Ne te presse pas.
Ton ami Soulé abdou Diarra