29 décembre 2009

Un ami m'a dit......

Le lundi 28 Décembre, au soir, j’ai eu l’honneur d’être visité par un de mes amis de marque. D’habitude, après le travail, une fois arrivé à la maison, je me contente juste de suivre le journal télévisé pour ensuite me reposer afin de préparer la journée de travail du lendemain. Mais cette nuit-là, il n’en était pas question. En partie j’avais raison. Car contrairement aux autres nuits, cette nuit-là j’étais face à un tel intellectuel chevronné qui n’a pas fait des études poussées mais qui, grâce à sa curiosité redoutable, n’a pas peur d’un titulaire de doctorat en termes d’idées et de raisonnement.
Ainsi après le dîner voilà que nous nous adonnions à notre exercice favori : la discussion. Bien évidemment nous ne saurions ne pas discuter des questions cruciales du moment. Autrement dit la fameuse campagne de lutte contre la gabegie que notre président mène actuellement avec un courage digne d’un guerrier des temps révolus.
Mais d’habitude, mes compatriotes s’entre-déchirent sur le bien fondé de cette campagne de lutte contre la gabegie. Et ils n’hésitent jamais à ériger des camps d’anti et de pro-Aziz. Mais seulement voilà que mon interlocuteur m’a pris de court et là où je ne l’attendais pas. Voilà ce qu’il commença à me dire : « Savez-vous, petit-frère, la question aujourd’hui n’est pas de savoir qui a volé et qui n’a pas volé. Sur ce tout le monde a eu sa part du gâteau illicite. Pour s’en rendre compte, il ne suffit que de visiter notre administration et voir la corruption, la manipulation et le clientélisme qui y sévissent. A mon simple avis, il s’agit plutôt de prévenir que tels crimes ne refassent surface. Pour cela une question opportune mais dérangeante : Pourquoi vole-t-on ?
Bien évidemment, petit-frère va me dire qu’on est mal payé. Ok, et ces barons de la finance locale qui sont derrière les barreaux aujourd’hui, qu’en dira de leur cas ? »
Je suis resté bouche-bée. Ainsi enchaina-t-il « la vérité est d’imposer l’esprit d’impunité ». Le passé est passé et doit passer pour tout celui qui connait l’histoire de notre pays qui ne souffre pas simplement de crime économique mais surtout celui aussi du sang. »
La leçon ne doit-elle pas venir des cas des hommes d’affaire ? Suggérais-je. « Oui certes, mais n’oublies pas qu’à ma précédente question doit suivre une autre plus actuelle : à quelle échelle faut-il combattre la gabegie ? Par quel moyen et par où faut-il vraiment commencer ? Certes on ne me donnera raison d’avoir posé ces questions tant que notre maître est encore aux commandes. Mais il suffit juste d’une frasque, pour qu’on me sacralise. »
Certes jusque là, il ne m’a rien dit d’étonnant. Mais ce qui me parait vraiment analyse d’un sociologue est la suivante : « Savez-vous que la gabegie tire ses sources dans nos familles ?
Nous aimons beaucoup l’argent surtout facile. Nous détestons la sueur. Ensuite nos femmes nous exigent ce dont nos maigres salaires ne sont pas en mesure de nous les faire procurer. Elles aiment la viande du mouton quotidiennement. Mais elles ignorent là où elle provient. Pourvu qu’elles aient leurs ventres pleins. C’est là la source de nos vols. »
A ces remarques que je trouve quelque part bien fondées, mon hôte a pris la route en me promettant de venir toujours discuter avec moi.