23 novembre 2010

Cissé Mint Cheikh Boïdé, le secret d’une femme qui réussit là où beaucoup d’hommes échouent

Si la grandeur d’un serpent est aussi évaluée par les dimensions de ses traces, il y a lieu de reconnaître à Mme Cissé Mint Cheikh El boïdé, le mérite d’être une femme de taille par sa vision de choses, son pragmatisme mais aussi surtout par ses réalisations constatables à là où elle est passée et que même ses détracteurs les plus irréductibles ne peuvent ne pas reconnaître.
Dans cette Mauritanie où des personnalités de ce pedigree restent rares, il relève du devoir d’en parler pour servir d’abord d’exemple mais aussi et surtout signifier que l’on soit homme ou femme, jeune ou vieux, cadre ou nul des nuls, lorsqu’on a des idées et qu’on est motivé, on sera toujours en mesure de se mettre au dessus de la mêlée à laquelle le peuple est habitué à voir passer et repasser pendant des décennies sans qu’il y ait un grand changement quant à son sort.
Je ne connais pas personnellement Cissé Mint Cheikh Boïdé. A l’évidence, elle aussi, ne me connaît pas vraiment. Mais l’important derrière tout reste ses valeurs constructives à travers sa vision lucide de choses, son audace dans l’action, son sens inné de management et surtout son pragmatisme. Avec ces armes d’une rare commune mesure, Cissé Mint Cheikh Boïdé a toujours laissé dans le regret ceux qu’elle quitte. Ainsi environs trois mois et demi après son départ de la direction du tourisme et avant l’arrivée de celui qui doit la succéder, le personnel n’a cessé de parler de cette dame que certains n’hésitent pas à la qualifier de « maman du tourisme mauritanien ». Nouvel arrivant dans la direction où Cissé venait de quitter à peine et toujours curieux de la biographie de tous ceux qui ont pu marquer l’histoire de l’humanité surtout positivement, j’ai tenu à savoir le secret de cette dame qui étonne et qui continue d’étonner par son pragmatisme en me lançant sur ses traces.
Cissé, une femme de visions et d’idées dans la direction du tourisme
Le tourisme mauritanien, bien qu’il fût l’objet d’une Déclaration de Politique Générale en 1994 a toujours été ce qu’il fut malgré son fort potentiel de développement: désorganisé administrativement et juridiquement. Si l’une des explications reste incontestablement le problème de moyens, l’aspect management y avait aussi son mot d’ordre. Ce problème fut alors appréhendé de fond en comble et d’amont en aval. Sachant ce que le terme tourisme dénote en terme d’essence à savoir son ossature de relations humaines, Cissé Mint Cheikh El Boïdé commença d’abord par donner à ce secteur une direction digne du tourisme. Ainsi un aménagement intérieur eut lieu et a permis à l’établissement de revêtir une peau neuve. Se prépare-t-on pour d’autres actions d’envergure ?
En tout cas en aval, un état des lieux chiffré des entreprises touristiques et hôtelières en Mauritanie a eu lieu. Et pour la première fois, on avait séparé la graine de l’ivraie. Les entreprises qui étaient dans l’informel étaient régularisées, les fraudeurs rappelés à l’ordre. Périodiquement aussi des missions de contrôle étaient effectuées sur le terrain.
Ainsi, avec cet assainissement, le contexte était tel que l’on pouvait alors penser à promouvoir la destination de plus en plus sûre sur le plan organisationnel. Des éductours étaient alors régulièrement organisés. Et pour la première fois, la semaine de la Mauritanie à Paris avait eu lieu.
Malheureusement, les événements politiques inattendus de 2007 ont fait chaviré le bateau de la renaissance touristique mauritanienne comme d’ailleurs beaucoup d’autres bateaux en Mauritanie. Et l’annonce de nouvelles lueurs ne correspondra qu’avec son arrivée au ministère de la culture, de la jeunesse et des sports.
M.C. Boïdé, les idées et la détermination au service de la culture, de la jeunesse et des sports
Tout le monde s’accorde à reconnaître que les nominations en Mauritanie sont politiques. Mais pour le cas de Cissé Mint Cheikh Boïdé, j’ose croire qu’il y a en cela aussi le mérite. En effet, l’ère Ould Abdel Aziz qui annonce les couleurs d’une Mauritanie nouvelle ne saurait être une réalité si elle ne fait pas usage des forces vives et créatrices de la Mauritanie. Et à ne voir qu’une partie de son bilan au sein de la direction du tourisme, Cissé Mint Cheikh Boïdé s’avérait être la solution aux grosses difficultés que continuent de rencontrer la culture, la jeunesse et les sports en Mauritanie. Le gouvernement Ould Laghdaf avait raison de miser sur cette dame. En effet, même si l’on ne suit pas l’actualité, des crochets, de temps en temps, au ministère de la culture, de la jeunesse et des sports convainc que les choses bougent vraiment de ce côté-là et de la meilleure manière possible.
Si le docteur ne peut prétendre soigner un patient qu’après l’avoir fait un diagnostic, Cissé Mint Cheikh Boïdé a fait le diagnostic du ministère qu’elle dirige aujourd’hui. Les conséquences sont là : réorganisation du personnel, harmonisation et adéquation de certains départements du ministère à travers souvent la création d’autres directions.
Beaucoup d’autres actions concrètes suivront. Ainsi, le forum de la jeunesse a permis à la jeunesse mauritanienne de se redécouvrir et surtout de savoir et situer son rôle dans la construction de son pays. Quelques mois après, il suffisait de visiter la ville de Nouakchott en bon vendredi pour savoir combien étaient exactement les associations qui se créaient du jour au jour et qui s’investissent dans différents domaines de la vie courante.
Quelques mois suffiront après pour voir s’organiser les journées de la jeunesse de Nema. A l’issue de celles-ci, Cissé a senti la nécessité de mieux encadrer cette jeunesse qui pétille d’initiatives et de talents. Ainsi un concours pour le recrutement de 85 unités (inspecteurs principaux, inspecteurs et maîtres en matière de jeunesse et des sports) a eu lieu. Avec cet enrôlement, il est évident que tout mauritanien s’attende à voir enfin le centre de formation des cadres de la jeunesse et de sports rouvrir ses portes après plusieurs années de stand-by voir de fermeture.
Pourtant Cissé ne s’arrêtera pas là. Désormais, le mauritanien peut espérer, aussi, un jour accueillir les grands cyclistes du monde dans son pays. Car avec l’organisation du tour cycliste de Nouakchott, tout laisse présager l’existence d’un tour cycliste de la Mauritanie prochainement.
S’il n’est là que quelques unes de réalisations marquantes de Cissé, l’avenir se prononce déjà plein de merveilles. Car aujourd’hui au sein du ministère qu’elle dirige, on parle d’un programme d’animation des villes anciennes par l’organisation des manifestations culturelles (festivals), on parle de la création prochainement des musées thématiques à Nouakchott, on parle de la prochaine mise en place des bibliothèques mobiles, on parle de la création des centres culturels et d’animation sans oublier l’école de musique.
Le retrait de la Mauritanie des phases éliminatoires de la CAN et le report de l’événement « Nouakchott, capitale de la culture islamique », des décisions sages même si souvent la responsabilité est indirecte.
Ce n’est pas aujourd’hui que la Mauritanie a commencé à prendre part à des événements d’envergure internationale à l’image des phases éliminatoires de la CAN. Mais après des années de participation, que peut réellement retenir tout esprit impartial comme bilan : Gâchis à plusieurs niveaux ; d’abord sur le plan financier et ensuite en termes d’image.
Avec cette Mauritanie nouvelle qui se bâtit de jour en jour le temps n’est plus aux gâchis délibérés. Il était utile de revoir sa position, de la mettre à rude examen critique et d’en tirer les conclusions sages aux conséquences positives actuellement et rentables à long terme. Oui il était nécessaire que la Mauritanie se retire, s’organise et revienne ensuite en force.
Il en était de même pour l’événement « Nouakchott, capitale de la culture islamique ». En effet, il a fallu trancher entre tenir coûte que coûte à se ridiculiser ou ne pas organiser un événement dont la réalité du terrain n’était pas prédisposée à accueillir dans les conditions escomptées. Heureusement, la sagesse a eu raison sur la folie de grandeur.
Bien évidemment dans cette Mauritanie que l’on connaît d’habitude, une femme qui prend des décisions de ce type, les mûrit et puis les exécute est une femme qui ne saurait qu’attirer notre attention et que tout mauritanien doit connaître et d’apprendre d’elle.
Ainsi j’ai été sur les traces de Cissé Mint Cheikh Boïdé. J’ai interrogé ceux qui furent et sont encore ses plus proches collaborateurs. Les réponses qui fusent généralement font unanimité de son savoir-faire, son audace, son courage et sa détermination, son esprit de dialogue, de concertation et de participation et enfin son sens de création et d’animation. C’est là le secret d’une femme qui réussit là où beaucoup d’hommes échouent.
En tout cas, une leçon à bien ingurgiter sans modération aussi…