11 janvier 2010

Oui, mes enfants, nous sommes faits pour être des éternels supporteurs d'autres équipes

Cela ne fait pas trop longtemps que je suis à Nouakchott. Etant seul dans un appartement et voulant avoir quelqu’un de sûr avec lequel je pourrai discuter après le travail de la journée, j’ai décidé d’élever deux de mes homonymes, fils de mes deux frères de sang. Enfants polis et soumis, mes homonymes n’osaient jamais me regarder dans les yeux, au début. Il en est de même lorsque nous nous mettons au tour du repas. Personnellement, ce comportement que je trouve trop docile me dérangeait même si je ne voulais pas leur en exprimer. Mais trois mois après, avec nos séances de contes et d’autres causeries que j’organise à la veille de chaque vendredi, mes enfants ont commencé à être ce que je veux qu’ils soient. Enfants travailleurs restés polis, qui s’occupent de ce qui les regardent, qui ne se laissent pas faire, qui osent regarder dans les yeux de celui ou celle qui les parle, qui osent donner leurs avis sans contredire belliqueusement. Ma motivation est de leur inculquer aussi les valeurs patriotiques. Plus de temps aux fausses critiques à travers lesquelles l’autre est toujours responsable des maux qu’on vit. Plus de temps à dénigrer un pays dont on est responsable, d’une manière ou d’une autre, de l’apocalypse qu’il vît au quotidien. Mais plutôt la conviction de se dire que contre ce qui ne va pas je peux faire quelque chose.
Cette mise au point, je veux dire cette responsabilisation, mes enfants l’ont bien admise et en ont fait une référence à leurs démarches quotidiennes.
Six mois après. Voilà la Coupe d’Afrique de Nations est arrivée. Nous sommes le 11 Janvier 2010. Il est 19 h. C’est le premier match de la caf. Il oppose l’Angola au Mali. A la trente-septième minute, voila que Flavio, l’avant-centre le premier de la Can. Un de mes deux homonymes cria alors. A son côté droit où se tenait un de ses amis de nationalité, en colère, rétorque « o ku do perdiyen nwu me. Yo xa okunku teye. E xa kun xa ? ». En français, comprenez « nous, nous avons perdu. Mais au moins nous avons pris part à cette Can. Et vous ? » Entendez-vous les mauritaniens. Comme leur homonyme, la réaction n’a pas attendue après-demain.
Seulement, petit qu’il était, mon homonyme ne savait pas que notre pays, à ma connaissance, n’a jamais pris part à une Can dans l’histoire de cette compétition. Et que, ce que le petit malien lui a lancé sur la figure, son homonyme de grand l’a, à plusieurs reprises, essuyé d’un revers de main. Nous avons toujours été les fans du foot. Mais toujours les fanatiques supporteurs des autres. D’ailleurs, il en est de même sur tous les plans qui se spécifient par des retrouvailles collectives.
Mais voilà que mon homonyme m’affuble des questions avant la fin de la partie : A quand notre match ? Contre qui nous allons jouer ?
Puisqu’il m’avait fallu lui donner des réponses et n’ayant pas des réponses qui satisferont ses attentes, je me suis contenté à lui prodiguer ce conseil après le match : « notre pays est une maison détruite. C’est à vous les enfants dont on attend tout. » Préservez notre bougie de s’éteindre. Votre homonyme le fait à sa façon. Et c’est seulement si chacun de nous le fait à sa manière que nous parviendrions à nous hisser au rang de ce monde. »
Ressentant que mon homonyme n’est pas du tout satisfait de mes explications, je lui ai dit que c’est une longue histoire et je lui raconterai une partie chaque jour…..

1 Comments:

At 13 janvier, 2010, Anonymous Anonyme said...

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