09 février 2010

Nouakchott, une ville qui s'aggrandit sur une mine de risques: l'explosion du Ksar n'est que l'irruption d'un cas

Le dimanche 31 Janvier dernier, dans la journée un bruit assourdissant m’avait secoué dans mon silence pesant. Quelques minutes plus tard on a appris, selon les premières dépêches du net, que le bruit en question provenait de l’explosion dans un dépôt de gaz butane sis Ksar. Il y aurait eu même des morts. 10 exactement selon certains médias, 17 selon d’autres. Quoi qu’il en soit il y a eu quand même des morts. Aujourd’hui alors au-delà de la contradiction sur les chiffres, quelle leçon nos autorités ont-elles vraiment tiré de cette affaire ? Ont-elles réagi par la mise en place d’un arsenal de mesures pour la sécurité du citoyen ?
Bien qu’encore tôt pour un éventuel jugement dans un pays où si tout n’est pas faire, l’essentiel est, quand même, à refaire, l’on peut, tout de même, reconnaître que dans l’état actuel de nos aménagements urbains, on risque fort de nous retrouver devant les événements de ce type. Les raisons à cette thèse sont multiples et palpables.
En effet, Nouakchott qui est notre capitale donc sensée être l’une des plus organisées ne supporte le nom de ville moderne que parce qu’elle est tout simplement la capitale politique et administrative. Mais du point de vue organisation, elle est au point nul. Nul ne peut véritablement situer ses quartiers en fonction de leur activité principale. Ceux qui sont reconnus être résidentiels sont aussi ceux qui concentrent les plus de petites industries à risques. Ceux destinés aux industries et ceux laissés parce qu’encourant les risques d’inondations sont ceux où les pauvres s’entassent à petit frais mais à grand risque. Quant aux commerces n’en parlons pas. Notre capitale concentre dans tous ses coins et recoins des marchés et autres petits commerces qui pullulent à l’inattendu. A la quête des clients, ces petits commerces occupent les routes et autres espaces publics en faisant pied de grue. Et au-delà des bouchons qu’ils causent c’est la façon dont ils s’entassent qui constitue un risque majeur en cas de danger subit.
Malheureusement face à tout cela, il faut reconnaître, nos autorités n’ont accompli aucun effort. Le peu des policiers qu’ils font stationner pour veiller à l’organisation, corrompus jusqu’au petit slip et paresseux, passent leur temps à amasser des miteyne (deux-cent ouguiyas) pour aller causer et siroter du thé sous une petite tente d’à-côté. Alors que les gens s’arc-boutent ici et là dans une atmosphère digne d’un camp de refugiés. Cet état de fait, c’est vrai, est un cas spécifique de l’état de désorganisation totale dont fait objet notre capitale mais en tant qu’exemple concret, visible et palpable, il doit être le premier élément d’interpellation pour lequel une police spéciale doit être mise en place et dont le rôle s’astreindra à veiller à la gestion des espaces publics.
Pour ce qui est du reste, d’autres solutions existent. Tout le monde sait Nouakchott est une ville surchargée et de surcroit risquée. Donc c’est une ville qui doit être décantée. Et si la politique de décentralisation tarde à venir car devant permettre de fixer les habitants dans leurs villes respectives, pourquoi ne pas essayer la création des villes nouvelles ?