06 février 2010

Les mésaventures de deux investisseurs: quand notre administration fait fi aux lois pour satisfaire les caprices de leurs parents

L’étranger ? J’y ai vécu. Même si ce n’était pour longtemps, j’ai quand même connu le peu de ses souffrances. Depuis lors, il m’est devenu une habitude d’être plus compréhensif et plus compatissant vis-à-vis des étrangers que quelques occasions me permettent souvent de rencontrer ici à Nouakchott. Cette semaine alors au cours d’une de mes sorties au marché, j’ai eu à rencontrer deux asiatiques de nationalité indienne. Après avoir servi d’interprète entre eux et une vendeuse, je me suis donné le temps de discuter avec eux en m’enquérant de leurs avis vis-à-vis de la Mauritanie et des mauritaniens. Il est évident, la réponse spontanée et positive ne ferait aucun doute. Ils trouvent la Mauritanie un pays moins encombrant et ses populations hospitalières. Mais seulement c’est en leur avançant que le mauritanien est un être bizarre, qui ne sait pas dire toujours non mais qui agit en non qu’ils ont commencé à me conter leurs mésaventures.
En effet les deux indiens qui étaient devant moi appartenaient à un groupe international d’agences de voyages dénommé Satguru Travel & Tours Services. Implantée dans plus de 35 pays à travers le monde avec plus de 52 agences, Satguru Travel & Tours Services emploie plus de 1000 employés locaux. Par ses services de qualité en billetterie, en réservation d’hôtels, en location de voitures et autres services touristiques, la société a à son compte une clientèle responsable de haut de gamme, une grande expérience qui l’a permise de représenter non seulement de grandes compagnies à travers le monde entier en leur servant souvent de conseillère invétérée. Aujourd’hui présente dans l’import et l’export aussi, Satguru, dans des pays comme le Burkina Faso, s’est lancée dans la construction d’hôtels de luxe afin de répondre de façon adéquate aux multiples exigences de leur clientèle.
Le mois de Septembre dernier les deux indiens ont alors fait cap sur Nouakchott pour l’implantation de leur société. Le 15 Septembre très exactement, ils ont soumis leurs dossiers à la direction du tourisme pour leur autorisation. Au moment de ce dépôt, aucune suggestion ne leur avait été faite. Une attestation de dépôt leur avait même été délivrée. Ils se sont alors acquittés des préliminaires de leur activité : location d’un lieu sis Tevragh-Zeïna, aménagement intérieur, recrutement des employés de nationalité mauritanienne et leur formation.
Mais à la date du 06-02-2010, autrement dit près de six mois après le dépôt de leur première demande, les pauvres promoteurs n’ont pas encore leur autorisation.
De la part de la direction, aucune explication n’est donnée. Ce qu’on peut comprendre ce qu’après avoir épuisé leurs arguments à caractère légal, le peu que l’on puisse dire est qu’ils s’adonnent désormais à des jeux de cache-cache derrière lesquels le plus insensé des hommes peut comprendre l’influence des forces nuisibles et invisibles. Craignant celles-ci et n’ayant pas de raison légale d’éconduire les deux investisseurs, notre direction se contente d’une simple fuite de responsabilité qui, au cas échéant, se transforme en séance de moralisation indigne.
A mon avis, il ne revient pas à notre direction de faire savoir à un investisseur étranger l’étroitesse du marché mauritanien. Nous ne sommes pas dans l’URSS de Staline. Sa conduite doit s’astreindre à la fixation des règles et conditions d’investissement même discriminatoires voire endurcies lorsqu’il s’agit des étrangers. Pour le reste, seule la qualité doit compter. Aux entreprises de s’adapter alors. Car l’idéal de tout pays ayant opté pour le libre marché est de soumettre ce dernier à la concurrence dans l’objectif d’une certaine excellence, laquelle fait, d’ailleurs, énormément défaut pour le tourisme naissant de notre pays.
Ensuite pour un pays engagé à attirer des investissements étrangers en plus des lourdeurs administratives sans véritable raison d’être, adopter un tel comportement ne permet pas de donner une leçon de morale. Une preuve qu’en Mauritanie le discours a toujours été un et la réalité un autre. Par cette réalité notre direction comme le guichet unique ne sont rien que d’autres machines destructrices. Après tout, quelle image ces étrangers ont de notre pays désormais au-delà du fait que leur investissement est minime ? Quel conseil sauront-ils transmettre aux autres investisseurs étrangers qui les en demandent ?
Enfin, au lieu de faire aventurer les pauvres ainsi en ternissant davantage la pauvre image de notre pays, pourquoi ne pas leur dire tout simplement la vérité, à savoir qu’ils ne sont pas les bienvenus en Mauritanie.
Et pourtant à l’heure actuelle encore, aucune réponse ne leur ai donnée.
Voilà pourquoi, me dis-je, tant que le président de la république ne prenne pas en main, personnellement la conduite des investissements étrangers dans notre pays, il se trouvera toujours quelques petits escrocs qui bloqueront l’arrivée des intérêts étrangers dans notre pays pour bien protéger les leurs qui ne nous ont pourtant pas fait avancer d’un pouce depuis tant de décennies.