02 février 2010

Voici ce à quoi j’ai intensément réfléchi la nuit dernière : nous mauritaniens, sommes tous, d’une manière ou d’une autre, des voleurs

La nuit du 01 Février 2010, je n’ai pas assez dormi. Je n’avais pas assez dormi comme la plupart des nuits d’ailleurs. Mais simplement ce n’était pas pour une quelconque causerie comme j’en ai habitude à tenir avec certains de mes amis orateurs. Non. Je n’avais pas assez dormi parce que ce que fut l’objet de mes introspections cette nuit-là est d’une envergure extraordinaire. Voici ce à quoi j’ai intensément réfléchi : le vol à grande échelle en Mauritanie.
Avant de conclure que tous les mauritaniens de l’intérieur sont d’une manière ou d’une autre des voleurs sans scrupule, j’ai d’abord passé à la peigne mes expériences de l’homme de rue mauritanien avant de les combler par celles que j’ai d’une administration, actrice de tous les coups tordus et bizarrement insolites.
En effet, en Mauritanie, tout le monde se dit, allez savoir pourquoi d’ailleurs, « affairman » selon le jargon populaire. Dans ce pedigree, l’escroc, le voleur passif, le criminel économique à grande échelle, l’assassin de la pénombre qui vit bien en jour en roulant dans des bolides aux prix défiant les records légaux, le baron de la drogue, le trafiquant d’enfants, les passeurs d’émigrés, l’homme de lois corrompu, les dirigeants escrocs d’association, tous en un mot, s’affublent du qualificatif de « biznessman ».
Que l’on ne s’étonne pas : on a rarement les yeux sur le comment des choses. Ce qui est important c’est la fin autrement dit ne pas de dépendre des gens à l’œil nu mais dépendre de leur vie dans l’obscurité en buvant leur sang ou en confisquant leur espoir compromettant leur avenir.
Le président, ses ministres, les directeurs, l’homme d’affaires, les chefs d’association, le petit boutiquier du coin, l’ouvrier et son apprenti, le petit réparateur, tous, sans aucune exception, se retrouvent dans cette case ignoble éclatant de rires criminels se tapotant sur les épaules, glosant à bâtons rompus aux téléphones comme si. S’ils réussissent leurs coups ce que leurs crimes se déroulent au moment où on ne le pense pas et souvent sur des personnes mal placées. En guise d’exemple, le président par exemple dans sa campagne de lutte contre la gabegie, peut profiter pendant que les esprits sont troublés, pour se bâtir des greniers défiant l’usure des temps. Le petit réparateur peut se permettre, si vous ne vous tenez pas à ses flancs, pendant qu’il répare votre appareil de trafiquer les matériaux neufs par des vieux. La femme qui part faire ses emplettes profite du manque d’attention du vendeur concentré sur une autre pour empiler sous son voile des tas de choses dissimulables. Le petit vendeur ambulant n’aura pas du mal à vous vendre un fer à repasser contenant autre chose que ce qui le permet de fonctionner.
En Mauritanie on appelle tout cela faire des affaires.
Mais seulement ce qui m’étonne dans tout cela, ce que chaque mauritanien se permet de critiquer l’autre sans pourtant avoir jamais fait de mieux. Hypocrisie ? Oui hypocrisie systématisée. « Si l’on veut s’en sortir en Mauritanie, il faut chausser la chaussure que l’on appelle faire comme les autres » disait mon petit-frère. Avait-il tort ? Si c’est le cas pourquoi un de nos opposants irréductibles est l’une des souris de la Mauritanie d’Aziz alors que le secrétaire général de son parti continue d’écouter seul RFI dans les bureaux déserts de leur siège ?