30 juillet 2010

Un illettré n’est pas toujours un ignorant

Parmi mes plus proches amis je compte beaucoup de ceux qui n’ont pas appris mais aussi de ceux qui sont diplômés de grandes universités étrangères. Mais une chose m’a toujours étonné. Ce qui est sûr, il en sera de même pour vous. En effet extraordinairement j’ai toujours trouvé les raisonnements des premiers fondés voire même soutenus. Pour ce qui est des seconds, il m’arrive de me perdre dans les dédales des mots et des raisonnements longs et souvent kilométriques.

Seulement ce n’est pas tout ce que je vais vous parler aujourd’hui. C’est sur quoi j’aimerai vous entretenir est parti d’une question, une simple question posée par un de mes nombreux amis qui n’a malheureusement pas eu la chance de fréquenter les bancs. Je vais vous la poser car non seulement elle me semble démentir beaucoup d’idées arrêtées mais elle révèle combien l’idée d’une Mauritanie développée n’est plus un parcours de combattant à bien des points de vue.

En effet, lors du déjeuner de ce Jeudi et comme à l’accoutumée, Tougouné a eu à me poser la question suivante : gouverner est-il vraiment difficile ? En faisant semblant de ne pas l’écouter il réitère sa question sous forme de suggestion : « le jour du jugement vous qui avez appris répondront à des questions auxquelles vous aurez du mal à répondre. Si la Mauritanie n’avait pas eu comme vous, nous n’allions jamais nous retrouver à là où nous nous retrouvons aujourd’hui. Vous passez vos temps à nous piller, à nous enfoncer davantage dans des bourbiers qu’à penser réellement à nous forger des conditions de vie meilleures. On a toujours pensé que le mal de la Mauritanie est là à cause de l’importance conséquente de ses analphabètes. Mais en réalité ce sont des machinations. De mes expériences personnelles, dans ce pays plus on est diplômé plus on est spécialisé à voler sans qu’on en chasse quoique ce soit. » Après ce briefing ininterrompu, voilà que Tougouné poursuit en se posant la question suivante : « Présider est-il difficile ? » Et comme je ne le réponds pas, il assena : « C’est mieux pour toi. Car avec tout cet aréopage qui entoure Aziz fait des savants et des divins je ne sais pas pourquoi aucun d’entre eux n’a compris que le pauvre mauritanien souffrira toujours tant que nous dépendrons de l’étranger, oui tant que notre production intérieure reste dans l’état où elle est aujourd’hui. Je n’ai jamais lu un seul livre mais je sais qu’on ne choisit pas un ministre parce qu’il est descendant de telle ou telle famille ou qu’il représente telle ethnie mais parce qu’il est capable d’accomplir la responsabilité qu’on lui a confiée. D’ailleurs confie-t-on une responsabilité objective à un ministre en Mauritanie ? Non. Ici on dit prend ça et tais toi. Tu es ton ethnie. Eeeh Allah ! ».

Fatigué de ces longues dissertations orales, je lui ai posé la question suivante : Et si tu étais président que feras-tu ?
« Amen. Même si je sais que je ne le serai jamais. Mais comme disait Magic System, tant qu’on vit, il y a toujours espoir. Et comme tu m’as demandé je te répondrai. Si j’étais président je choisirai mes ministres parmi les compétents » Quand je lui ai dit « encore les intellectuels », il m’a dit qu’il voulait dire « les cadres pragmatiques qui savent agir avec méthode et habileté. Je ferai fi que mes ministres soient tous maures soninkés ou peulhs. L’important est qu’ils accomplissent ce qui leur revient. Ainsi à chaque ministre je fixerai un objectif. Et je demanderai à chacun ce dont il aura besoin pour réaliser l’objectif demandé. Je satisferai cette demande. Mais au terme de l’échéance si l’objectif n’est pas atteint, je le mettrai à la porte avec détermination de ne jamais me servir de ce vaurien. Si je trouve qu’il a volé, je le fermerai directement même s’il a toute sa famille malade entre les mains quitte à prendre en charge les pauvres de mon propre argent. A mon avis voici comment on peut diriger un pays. »

J’espère bien te voir président cher ami. Mais pour le moment laisse le grand duc terminer son mandant. Cela est aussi l’un de nos défauts…………..