13 janvier 2011

Tourisme en Mauritanie : Excellence, Mr. le premier ministre, Objection !

Quand éclate la tempête, chaque personne n’a de souci que pour sa farine, a-t-on l’habitude d’argumenter en milieu africain. Logique. Donc du discours fleuve de notre premier ministre comme bilan de l’année écoulée et de politique générale du gouvernement pour l’année en cours, que peut alors bien retenir celui dont le sort semble être désormais intimement lié à celui du tourisme ? Oui, au-delà de la littérature étalée sur environ une trentaine de pages et dont seulement environ une moitié de page – très peu mais rien que le reflet de la réalité que vivent ces deux secteurs - fut consacrée aux deux secteurs du tourisme et de l’artisanat, que faut-il objectivement lire à travers tout ce qui a été dit en général et ce qui concerne le tourisme en particulier ?
A l’histoire de faire son cours et aux hommes de la juger.
En effet des discours comme celui d’une politique générale de gouvernement n’arrivent pas tous les jours. Et par ce qu’ils semblent avoir comme portée mérite qu’on s’y intéresse de près pour la simple raison qu’ils nous permettent d’avoir une idée de son sort voire son destin en tant que citoyen au cours de l’année en question. A mon niveau alors, je n’ai pas failli à ce devoir. Et sans aucun état d’âme ni penchant, que peut-on alors bien retenir de ce marathon des mots ?
Une première lecture, à la va vite, donne l’impression qu’à quelques jours de cette sortie marquée du premier ministre, un circulaire au cachet urgent a été envoyé à tous les membres du gouvernement afin de les sommer à donner des comptes-rendus de leurs réalisations, décantés par la suite politiquement de ce qui peut-être pratiquement remis en cause à l’exception de quelques chiffres douteux, juxtaposés avec amateurisme par la suite puis lus par son Excellence à la façon journal télévisé.
Cette prudence a été davantage respectée au niveau des secteurs du tourisme et de l’artisanat. Ainsi en tout et pour tout, une moitié de page fut consacrée à ces deux secteurs aux enjeux d’envergure pourtant compte tenu de leurs potentiels de développement dans notre pays.
Et de dire par la suite que « le département du commerce de l’artisanat et du tourisme occupe une place prioritaire dans l’action du gouvernement », à bien des points de vue, c’est une erreur stratégique mais délibérée face à des esprits avertis de ce qui se passe de seconde en seconde, nourri par la réalité crue et amère de l’activité touristique et artisanale.
Tout indique simplement qu’il n’y avait rien à dire.
Que le président des pauvres se soit intéressé aux causes des pauvres c’est une chose compréhensible mais que le tourisme et l’artisanat eurent été des priorités, c’est tenir à s’attirer les invectives fondées des directement concernés.
Quant aux mesures sécuritaires entreprises et inadéquatement rappelées, osons reconnaître, ce n’est qu’une simple coïncidence – comprendra qui pourra - du moment où on ne peut se targuer de protéger que ce qui existe et auquel on s’intéresse de près réellement. Et malgré le fait que des dizaines de milliers de mauritaniens vivent de ces deux secteurs du tourisme et de l’artisanat, quel avait été le mérite au-delà du simple fait que ce à quoi on ne trouve pas d’explication se trouve toujours justifié par le secteur du tourisme ?
Quant aux campagnes de communication rappelées à tort et à travers et par lesquelles, selon son Excellence, notre pays fut reconnu dans « ses caractéristiques et potentialités touristiques », la réalité du terrain prouve aujourd’hui qu’il n y a eu aucun effet sauf un gâchis financier auquel nous n’avions pas manqué de prévenir pourtant nos autorités à maintes reprises mais vainement.
Ainsi dans les 18 lettres ouvertes adressées aux différentes autorités concernées directement par le secteur du tourisme et les 38 articles écrits sur le tourisme mauritanien dans la presse nationale et internationale, je n’ai jamais omis de rappeler cette nécessité de concerter officiellement autour de ce secteur en rappelant les spécificités du secteur du tourisme reconnu capricieux étant fragile car extrêmement sensible. J’avais eu à rappeler que la seule sécurisation de notre territoire ne suffit pas à améliorer nos statistiques aux dépens de nos voisins même en enfer. C’est ainsi que j’ai eu à suggérer qu’aux temps où nous sommes tout effort qui essaie d’ignorer le fait de jeter les vraies bases d’un développement touristique à long terme aurait du mal à s’imposer. Car le tourisme est une affaire d’image. Et l’image ne saurait être bâtie en un laps de temps. Il nous fallait commencer par le commencement, ce commencement qu’on tient à ignorer mais auquel on sera toujours tenu en laisse d’y revenir. Oui, à défaut des assises sur le tourisme, il fallait néanmoins aller de soi pour finir chez l’autre. Il fallait chercher à développer le tourisme national (tourisme intérieur et le tourisme des mauritaniens résidant à l’étranger) ou au cas échéant s’engager avec d’autres voyagistes d’autres pays (asiatiques entre autres) en diversifiant nos produits en attendant que l’horizon s’éclaircisse. Mais étrange question qui est toujours : COMMENT ?
Mais peine perdue.
Et cela doit faire mal à tout celui qui aime son pays de voir que malgré les centaines de millions d’ouguiyas investis pour l’occasion (festin de Paris dit journées de promotion touristique, eductours et autres voyages de presse, harcèlement des candidats aux rallyes à dire ce qu’ils ne veulent pas dire), le résultat ne serait que ces aveux du patron du plus grand voyagiste desservant notre destination, Maurice Freund, à savoir que « le 9 janvier par exemple, Point Afrique ne transportait que 9 personnes entre Paris et Atar … contre "200 entre Noël et le Jour de l'An". Avant de conclure « On ne voulait pas et on ne veut toujours pas être un fournisseur d'otages". Comprendra qui pourra. Mais une chose est sûre l’intention n’a de sens qu’en religion mais la loi des hommes ne voit que le résultat de l’acte.
Et pourtant notre auguste administration en charge du tourisme ne saura ne pas reconnaître qu’elle a reçue de ma part des lettres déconseillant ces sorties d’orgueil. Mais que valent les conseils d’un intrus se diront-ils certainement ?
Mais au moins aujourd’hui ils auront le temps de cogiter sur ces propos de Freud : «Aqmi a gagné la première manche. La peur s’est installée» et de conclure «J’arrête tout…”.
Aux hommes de faire l’Histoire, à d’autres de retenir les points focaux
On ne s’acharne pas sur quelqu’un qui est sur terre mais on lui tend la main disait un chroniqueur français. Les erreurs, c’est humain mais leur répétition à outrance relèvera de la folie. En effet, le tourisme est une affaire de ceux qui s’y intéressent, de ceux qui y trouvent une source de vie mais aussi de ceux qui ne s’y intéressent pas. Ainsi, à travers nos écrits nos motivations n’ont jamais été de porter ombrage à qui que ce soit. Notre objectif est de faire accepter ce qu’on nous refuse à l’œil nu voire de vive voix en raison d’un certain complexe qui est aussi humain. Ainsi si notre administration nationale du tourisme a pour responsabilité de gérer ce secteur, nous autres intrus avons aussi la responsabilité de veiller à l’équilibre de ce secteur étant notre source de vie. Convaincu d’un tel objectif et du bien fondé de telle lutte, je ne vois aucune raison de me voiler la face.
Ainsi dit ainsi fait.
Aujourd’hui bien qu’étant divergent avec son Excellence sur les points cités haut, il est du devoir néanmoins de reconnaître le mérite de cette politique générale du gouvernement à savoir que le secteur du tourisme ait fait l’objet d’une déclaration. « Dans ce contexte, un financement de 2,5 milliards d’ouguiyas a été mobilisé auprès de la Banque islamique de développement. Et ce financement sera investi dans les infrastructures de base afin d’élargir les capacités d’accueil au niveau des sites nationaux. »
Toutefois pour éviter les errances du passé, il est du devoir de se faire encore une ligne de conduite dont la première priorité sera la mise en place d’une institution chargée de la gestion et l’aménagement des sites touristiques nationaux et le premier critère la diversification des sites en fonction des produits. Cette ligne de conduite doit aussi configurer l’école de tourisme et d’hôtellerie qui verra le jour en partenariat avec l’organisation arabe pour le tourisme.
Mais à tout ceci n’y a-t-il pas une première étape importante : Etats Généraux du Tourisme ?