12 février 2011

Terrorisme en Mauritanie ou comment venir à bout d'un fléau encombrant

Depuis 2007, notre pays n’a cessé de faire face à des mouvements terroristes de tout bord. Et à plusieurs reprises, nous nous sommes retrouvés devant des morts. A voir de près, ces faits ne sont pourtant que la partie émergente de l’iceberg. En termes d’image également, les conséquences sont déjà là : les visiteurs de loisirs se font raréfier de jour en jour, les investisseurs restent dubitatifs et l’esprit d’initiative cantonné sur ce qui peut en être des idées les plus modernes face à des troubles à vertu sanglante. Pourtant, le terrorisme n’est qu’une infime partie du défi sécuritaire des temps actuels. S’il reste ce fléau qui menace Washington, Paris ou encore Londres avec des effets immédiats et sanglants et à partir d’où la lutte est coordonnée, il n’a pourtant rien à envier du trafic des drogues et des personnes, de l’émigration clandestine, de la délinquance juvénile et financière à grande échelle, réalités pourtant plus que patentes dans notre pays.
Et si aujourd’hui il y a lieu de reconnaître à nos autorités les immenses efforts accomplis en termes de sécurisation de notre territoire national, le devoir à l’autocritique constructive nous oblige pourtant à remettre en question la méthode. Et les faits sont là pour le prouver. Des premiers actes terroristes aux derniers, il y a de cela environ une semaine, les stratégies auxquelles on a assisté jusqu’à présent ressentent fort bien l’odeur des décisions prises à bâtons rompus et sans fondement réfléchi pour ne pas dire scientifique. Ce fut l’une des principales erreurs des journées de concertation organisées sur le terrorisme. Là où il fallait s’attendre à une stratégie nationale de sécurisation voire de défense du territoire national, nous nous sommes retrouvés avec une stratégie de carotte et du bâton raisonnée par l’adage qui consiste à soutenir que l’offensive est une manœuvre préventive. Le dialogue comme la force ont été alors engagés. Le premier s’est soldé par la libération des égarés avant que ces derniers ne reviennent en force dans le cadre de leur contre-offensive. Quant à la force menée jusqu’en pays étranger et voisin, elle a multiplié nos ennemis terroristes par l’infini. Selon les dernières informations, la vie de notre archiduc semble être même menacée. Dans tout cela, rien de surprenant. Car la règle implique de dire juste qui tu es pour savoir de quoi es-tu capable. Ainsi là où il fallait voir des psychologues sécuritaires, nous nous sommes retrouvés face à des hommes de sentiment voire religieux et au cas échéant des religieux politiques. Maudite soit la politique en Mauritanie et son essence de « vérité en deçà des Pyrénées. Erreur au-delà », cette politique archi-politisée qui met tout entre les mains de ceux qui savent bavarder et leurs suites et rarement le contraire. Et jamais, il y a un pays au monde où la justice partant ce qu’elle implique est piétinée comme la Mauritanie. Heureusement ce ne sera pas pour toujours si l’on veut sincèrement aller de l’avant qu’on le veuille ou non. So we aren’t yet there.
L’actualité de notre pays reste encore nourrie des faits terroristes. Last but not least, un appel est lancé aux anciens combattants à mettre leurs expériences au service de la défense nationale. Intox ou vérité, maintenant ou pour le futur, l’acuité de la question terroriste en particulier et sécuritaire en général dans notre pays est telle qu’une stratégie générale soit mise en place. Ce qui passe d’abord par la réalisation d’un état des lieux exhaustif sur nos forces de défense nationale dans ce qui va et ce qui ne va pas en termes de quantité et de qualité mais aussi du point de vue moyens. Il est aussi d’une importance capitale de savoir pourquoi ça va et pourquoi ça ne va pas afin de savoir exactement quelles solutions adéquates à adopter pour le court, le moyen et le long terme, lesquelles solutions permettront de doter notre pays des forces sécuritaires dignes de ce nom.
Mais entretemps, faut-il rappeler que la première force de toute armée dans le monde est d’abord la justice qui régit son organisation à travers l’égalité des chances mais aussi en donnant à César ce qui lui revient de plein droit. Cette justice est le premier élément motivant. La seconde force d’une armée est son organisation. Pour cela, il s’agit de lutter contre le népotisme, le favoritisme, le racisme et toute autre forme de clientélisme en mettant les chefs qu’il faut à la place qu’il faut. Et non ces chefs armés milliardaires qui ne partent jamais au front et qui savent plus de leurs affaires en ville que la situation du pays et des troupes qu’ils dirigent. La troisième et dernière force peut être la conséquence de la synthèse de deux premières. Il s’agit en effet du sens du devoir à travers un patriotisme qui ne naitrait pas de rien et non cette simple raison d’être dans l’armée pour la simple finalité de pouvoir subvenir aux besoins financiers de sa maison.
Dans l’urgence, les mesures qui doivent être prises ne peuvent avoir d’effets immédiats déterminants que lorsqu’elles se focalisent sur l’information. En effet, il est connu qu’aucun pays au monde ne peut prétendre venir au bout des mouvements aussi compliqués comme ce que forment les terroristes s’il ne met pas ses efforts sur l’information. Il s’agit d’avoir l’information qu’il faut au moment qu’il faut pour prévenir d’éventuelles bavures sécuritaires. Mais cela ne saurait être possible que si toute la population mauritanienne prenne conscience de sa responsabilité quant à la sécurisation de sa patrie en informant au temps qu’il faut nos forces sécuritaires d’éventuelles impostures. Il s’agit surtout de mettre en place et mieux structurer des services de renseignement dignes de ce nom et multiplier les agents secrets qui doivent être présents sur toute l’étendue du territoire national en étant pas forcément des forces armées. Il s’agira enfin d’infiltrer les mouvements terroristes.
En un mot, pour relever le défi que présente l’insécurité trois mots d’ordre : Justice, responsabilisation et information.
Nous écouteront-ils pour autant ? Wait and see.