27 janvier 2010

Pour le changement, il nous faut de nouvelles têtes et non du nouveau dans des têtes inchangées car cela demande de décennies

Ces derniers temps Nouakchott, notre capitale, grouille de rumeurs. Vraies ou fausse, ces rumeurs se dédoublent d’opinions antagonistes comme il en pouvait toujours être. Seulement tout cela n’est pas l’objet de notre présente intervention écrite. C’est sur quoi j’aimerai vous entretenir cette semaine est bien la réponse que l’on peut apporter à la question qui semble diviser l’opinion nationale en deux à savoir s’il est possible d’admettre le changement dans notre pays. Avant de toucher le fond du sujet, permettez-moi de procéder à quelques éclaircissements : D’abord ce n’est pas du tout le temps de l’évaluation. Ensuite la réponse dépendra de ce qu’on veut entendre par l’idée de changement.
Toutefois, à partir de l’état de fait actuel, l’on peut, tout de même, se permettre d’analyser l’actualité pour estimer le futur. A mon avis, dans l’état actuel de phase préliminaire des choses, il n’est pas facile de parler changement. Car comme dit-on bien de ce côté de l’Afrique ce n’est pas le mariage qui est difficile mais après bien le mariage. Ould Abdel Aziz a, en tout cas, bien lancé les dés. Les premiers actes ne montrent pas de signes de faiblesse même s’ils semblent être le fruit d’un montage consistant à prévenir qu’à véritablement combattre. Du moins c’est ce qu’on peut lire à travers l’incarcération de certains de nos hommes intouchables, libérés ensuite avant qu’ils ne se réconcilient enfin sous l’œil bienveillant de Ould Dedew, la moralisation de l’administration et la campagne pour la sécurité et l’assainissement urbain. Au lieu de remettre en question la manière impensée dont la plupart de ces œuvres sont en train d’être entreprises, contentons-nous juste de dire sous forme de rappel : pour combien de temps véritablement ?
Légitime de reconnaître que le changement est sur la piste. Mais qu’il est arrivé est une étape que l’on ne saura aborder pour le moment. Surtout lorsqu’on sait que le seul sommet ne saura concrétiser ce rêve dans un pays où la bureaucratie nourrie par l’impunité soutenue, à son tour, par le népotisme reste encore une réalité incontestable facile à déchiffrer. Voilà pourquoi, à chaque fois que l’on me tressaille par des arguments coquilleux, je ne manquerai d’opposer la réalité du terrain. En effet depuis l’investiture de Ould Abdel Aziz, aucun mauritanien ne saura dire, sans aucun trafic d’influence, qu’il a eu ce qu’il demande dans notre administration de manière convenue. Le même retard, les mêmes atermoiements en un mot les mêmes lourdeurs administratives demeurent encore. Si la faute revient aux façons de procéder à ce changement, elle peut aussi être signalée dans son côté exemplaire. En tant que comportement avant d’être un acte, le changement saura s’imposer facilement avec de nouvelles têtes qu’avec du nouveau dans la tête qui devra sûrement avoir affaire à la culture. Les culturalistes vous diront que c’est une affaire des décennies.
Tenez. Le 15 Septembre 2009, deux asiatiques appartenant à l’agence de voyages internationale, Satguru Travel & Tours Services, présente dans plus 36 pays à travers le monde avec plus de 50 agences, déposaient pour la première fois leur demande afin d’être autorisés à exercer leur activité en Mauritanie. Mais à la date d’aujourd’hui encore la dite autorisation ne leur est pas encore délivrée.
Le 24 Janvier, de passage au ministère du commerce, de l’artisanat et du tourisme, j’ai rencontré deux guides. Leur raison d’être là à un moment aussi touristique dans notre pays : leur mobilisation pour que leur association soit reconnue officiellement 4 mois après le dépôt de leur dossier.
Le moins que l’on puisse dire comme raison pour ces deux cas, seuls cités ici mais qui ne doivent être uniques, est que notre administration n’a pas encore fini avec les démons du passé. Elle prostitue encore entre bureaucratie, népotisme, corruption, trafic d’influence et fuite de responsabilité. Quand même exception faite pour l’étranger, pour question d’image ! Voilà pourquoi un ami m’a laissé entendre un jour une affirmation que je ris mais qui est plus que vraie. A savoir que notre administration est faite pour servir les lobbies du privé qu’autre chose. Comment ne pas réfuter cette affirmation pourtant réalité si l’on n’a pas affaire cette privadministracratie ?
C’est ainsi que même reconnaissant aux actions actuellement menées par notre président, nous ne saurons ne pas remettre en cause, tout de même, l’argument selon lequel on s’est engagé sur la voie du changement. Si la volonté s’affirme du haut, c’est bien mais si elle n’aura pas de retentissement à partir du bas, ce changement peut s’avérer être une coquille vide.