19 janvier 2010

Une question qui doit être traitée par des psychologues lorsque les religieux se l’approprient, les effets peuvent être contradictoires.

Le lundi 18 Janvier est lancé officiellement un dialogue avec les « salafistes extrémiste » de la prison centrale de Nouakchott. « Organisé sous le signe de la sagesse, du dialogue et des versets coraniques qui appellent à la tolérance », ce dialogue se donne comme objectif la paix sociale par la dissuasion pacifique. Cependant, au-delà de cette intention, apparemment louable, que peut-on lire derrière toutes ces manœuvres politiques qui pourraient se révéler ridiculement insolites voire même regrettables ?
En effet, discuter n’a jamais été un problème. Du moins pour ce qui est du point de vue résultats. Mais savoir avec qui on discute est aussi important qu’indispensable, si l’on tient à ce pourquoi cette discussion a été engagée. Nos autorités qui se sont hasardé sur ce terrain miné savent-elles réellement avec qui elles ont engagé la discussion ? Et à l’issue de cette discussion sauront-elles qui, il faut libérer et qui il faut maintenir ? Sont-elles convaincues que ceux qu’ils vont libérer coopéreront-ils réellement avec elles ou non ? Et si cela sera le contraire, que pourra-t-il advenir comme conséquences ?
Avant d’apporter un essai d’éclaircissements à toutes ces questions, essayons d’analyser le contexte de l’engagement de ce dialogue. Plus qu’une volonté, ce dialogue s’identifie d’abord à des motivations politiques. Certes l’Union européenne exige d’abord l’ouverture du dialogue avec l’opposition pour la reprise de quelconques coopérations avec notre pays mais lorsqu’il s’agira du champ terroriste, l’union douterait certainement avant de répondre. A cet effet pour comprendre toute cette affaire, aventurons –nous sur le terrain de l’histoire récente. Après sa prise du pouvoir, Ould Abdel Aziz s’est mis à tenir ses promesses. Ce qui ne pourra ne pas passer par l’arrestation de trois des hommes les plus puissants de notre pays. S’ensuivent alors une série de protestations qui commençaient à infecter le champ politique. Aziz qui avait dans l’esprit que l’ouverture des mannes financières de l’UE passe par l’unique condition d’entamer le dialogue avec l’opposition ne tardera pas alors à sauter sur l’occasion de se faire retirer à bon compte du bourbier en acceptant de libérer ses prisonniers dérangeants sous l’intervention de l’érudit Ould Dedew. Mais comme on dit de ce côté d’Afrique, rien ne se fait sans rien. Ould Dedew n’a pas manqué de promettre à son hôte de contribuer à faciliter les nouvelles responsabilités pesantes du président. A comprendre alors le terrain terroriste. Dans la foulée des journées de réflexion furent organisées à l’issue des quelles et parmi les mesures qui ont été prises l’ouverture du dialogue avec les prisonniers intégristes.
L’intention est louable à bien des égards surtout lorsqu’il s’agit d’une question aussi délicate comme l’intégrisme qui est avant tout une idéologie. Il n’est pas facile de combattre par les armes une idéologie surtout lorsqu’elle s’assimile à la religion. Mais à la question de savoir si nos autorités savent-elles réellement avec qui elles ont engagé la discussion, la réponse sera vite et brève : non. Elle est non parce que l’affaire dépasse le champ de « mauritanité » où nos religieux semblent bien l’astreindre. C’est une question de culture nouvelle bénéficiant du coup de pouce de l’injustice nationale et internationale soutenue par la pauvreté. Les anthropologues vous conseilleront alors que pour influer sur une culture de tel pedigree, il faut non seulement du temps mais aussi de l’éducation et tout ceci sous haute surveillance. Ainsi tenter même de s’en servir par, exemple, la voie de l’infiltration ou utiliser ces victimes comme outils de propagation du bon discours risquent dans l’état actuel des choses d’engendrer des effets contraires.
Tout cela pour dire qu’une question qui doit être traitée par des psychologues, lorsque les religieux se l’approprient, les effets peuvent être contradictoires.
Toutefois il faut reconnaître à césar ce qui lui revient. Merci encore Aziz….