28 janvier 2010

Tourisme en Mauritanie, un grenier méconnu: Quand on attend tout d'une administration qui ne se reconnait pas responsable du destin de ce secteur

En 2008, le monde a enregistré + 900 millions d’arrivées touristiques et + 1000 milliards de $ comme recettes. Si l’on se permet juste d’imaginer ce que tels chiffres pourraient avoir comme impacts en termes de retombées socio-économiques, il sera aisé de comprendre pourquoi le tourisme, dont il est question ici, fait essentiellement de relations humaines, est devenu, en un laps de temps, un des secteurs clefs de l’économie mondiale.
Cet enjeu, réel dans certaines de régions de notre pays aussi où le tourisme se fait mot d’ordre, heureusement, fut vite compris par nos autorités politiques qui l’ont traduit, dès 1994, en un acte concret: L’adoption d’une déclaration de politique générale du tourisme en Mauritanie dans laquelle notre choix stratégique de développement de ce secteur s’est porté sur le tourisme sélectif. Autrement dit, un tourisme qui contribuerait largement au développement socio-économique de notre pays sans porter préjudice à notre riche patrimoine tant naturel qu’humain sur le plan matériel qu’immatériel. Dans la foulée plusieurs actions furent entreprises dont la loi N° : 96-023 du 07 Juillet 1996 portant organisation de l’activité touristique dans notre pays suivie de l’approbation de plusieurs décrets et arrêtés.
Cependant, bien que cet intérêt manifeste vis-à-vis du secteur du tourisme ne se soit prononcé que tardivement, l’on peut, par l’expérience, reconnaître, que les résultats sur le terrain ne se mesurent pas encore, pour autant, au temps et efforts (crus être) consentis depuis cette date fatidique.
En effet, notre tourisme reste encore à la délicate phase de balbutiement. Spontané et informel, il reste tributaire au plus petit de bourdonnements. L’impact que les charniers ne peuvent provoquer ailleurs, un cas isolé d’instabilité le fait chez nous. Ne disposant pas des chiffres exacts et fiables sur le secteur en terme d’arrivées, de nuitées et de recettes, chiffres qui permettent de prendre les décisions adéquates qui s’imposent, la défaillance a toujours caractérisé la conception, la planification et la coordination de quelques stratégies de développement touristique dans notre pays tant sur les plans administratif, marketing que dans le domaine juridique.
Malheureusement, la réalité sur le terrain n’a été que le fidèle reflet de cet état de fait regrettable. Toutefois, il est à reconnaître que même avec un aspect saisonnier, le tourisme existe bien et ne peut qu’exister en Mauritanie et aussi à un niveau appréciable. C’est l’administration qui ne dispose pas des statistiques. Mais à estimer simplement les arrivées en tourisme d’affaires, les déplacements pour des raisons de santé ou à but religieux, le tourisme individuel international, le tourisme sportif (cas de rallyes), le tourisme affinitaire et de découverte, l’on peut hasarder le chiffre de 20 000 par années (tourismes national et international confondus). Si l’on a habitude de dire que là où ça pue il y a les mouches, force est de reconnaître aussi qu’il y a des gens qui servent ces déplacés. Il s’agit notamment des employés de nos établissements touristiques et hôteliers qui ne cessent de pulluler comme à l’annonce d’un événement d’envergure, des commerces d’artisanat, des guides locaux. Même si là également les chiffres manquent, les estimations tendront, tout de même, vers les 30 000 pour les seules villes de Nouakchott, Atar et Nouadhibou. A côté de tout cela, l’on ne saura ne pas rappeler les autres retombées socio-économiques palpables surtout lorsqu’il s’agit du tourisme international, un des maillons faibles de notre tourisme pourtant. Le manque des statistiques fiables ne nous permet pas ici idem de prouver l’importance mais un guide local exerçant dans la région d’Adrar nous a laissé entendre, un jour, que grâce à ce qu’il a pu gagner de son emploi de guide des touristes, il est en train de se faire construire une auberge dans la même région. Ce dernier ne désespère pas du tourisme mauritanien qui, selon lui, vient à pas de caméléon mais sûrement en rappelant la condition selon laquelle il nous faut une administration compétente et active loin de celle, effacée actuellement.
Toutefois, à travers tout cela, l’on s’est juste contenté de rappeler ce qui est palpable mais quant à ce qui ne l’est pas et qui est d’une importance capitale dans un pays où le progrès est victime en partie des conséquences des mentalités rétrogrades, cela relève encore de l’idée « quand viendra la masse ».
Mais quand et comment viendront les masses ?
C’est aussi celle-ci la nouvelle préoccupation. Du côté de notre administration chargée du tourisme, les autorités ne se sont pas intéressées au tourisme. Mais c’est qui ces autorités quand on sait que c’est entre les mains de cette administration accusatrice que le destin de notre tourisme se trouve.
Si l’homme de la rue peut déceler à travers cette attitude les grains de l’incompétence, laquelle incompétence est confondue par notre administration en charge du tourisme au manque des moyens humains, techniques et financiers, ceux qui en payeront les pots cassés restent les acteurs du terrain. C’est ainsi qu’à chaque occasion de retrouvailles pour une quelconque formation ou réunion le mot d’ordre du jour se transforme en règlement de compte par des critiques acerbes à l’égard d’une administration plus motivée à amasser des fortunes qu’à s’intéresser au sort d’un secteur dont celui de plusieurs mauritaniens en dépendent pourtant.
Mais poser la problématique ainsi, c’est perdre de vue son véritable contour.
En effet, bien qu’à la recherche d’un véritable modèle de développement, aucun pays au monde au monde ne saura opter pour un secteur plutôt qu’un autre pour le simple exemple d’autres pays. Les faits doivent être avérés et étayés par des chiffres avérés et concrets pour que l’intérêt se manifeste. Donc la balle est dans le cas de l’administration qui est directement concernée. La nôtre fera-t-elle alors son œuvre ?
Attendons et voyons. Ce qu’on peut dire pour le moment est que cela mettra du temps tant qu’on continuera à faire le semblant sur le véritable problème de notre administration à savoir le manque des compétences en tourisme.
Entretemps, les opérateurs feront tout pour se forger des conditions touristiques viables sans qu’ils ne parviennent facilement. Car tout simplement, on ne leur permettra pas de faire en sorte qu’ils puissent faire entendre leurs voix.