28 janvier 2012

Tourisme en Mauritanie : Ce qui doit nous inspirer le festival des villes anciennes

Le 04 Février 2012, la ville d’Ouadane rayonnera sous les couleurs de la seconde édition du festival des villes anciennes. Depuis des mois déjà, certains voyagistes et particuliers, français notamment, ont fait acte de leur participation. A Nouakchott, l’évènement est aussi à la une des discussions dans certains salons huppés. Une preuve que le festival des villes anciennes, qui est à sa seconde édition cette année après celle de Chinguitti l’année passée, tient à s’inscrire dans la durabilité.

Mais au-delà de cet engouement qui parait être tout à fait logique pour un pays où il n’y a quasiment pas de précédent en matière de tourisme, que nous inspire réellement la deuxième édition de ce festival notamment du point de vue touristique ? Notre administration nationale du tourisme aura-t-elle enfin l’inspiration tant cherchée ? Autrement dit l’évènementiel sera-t-il au centre d’une éventuelle stratégie en vue de la relance du secteur du tourisme ?

En effet, quand il s’agit de notre administration nationale du tourisme, le plus grand futurologue aura du mal à prévoir un iota de ce qui pourra être fait dans les jours à venir - si ce n’est le statu quo- tellement, le défaut de volonté nourri par la carence en idées adaptées, ici, se dilue dans celui des moyens à plusieurs niveaux et tout ceci, aux mains d’un ministère qui a du mal à convaincre les hautes autorités à leur doter du minimum nécessaire.

Mais quoi qui puisse advenir, l’engouement populaire qu’est en train d’engendrer le festival des villes anciennes est venu confirmer ce que nous avions avancé et défendu depuis fort longtemps, à savoir communiquer en faisant beaucoup de bruits.

En effet, plus d’un averti sait que la peur véhiculée par le spectre du terrorisme reste ce qui freine la reprise de l’activité touristique dans notre pays. Malheureusement, dans le cadre du rétablissement de l’image d’une Mauritanie stable et sécurisée, il y a lieu de reconnaître qu’aucun effort n’est engagé malgré les énormes sacrifices consentis en termes de lutte contre le terrorisme.

Aujourd’hui, Dieu sait que notre pays reste l’un des plus sûrs dans la région. Et le peu de touristes qui nous rendent visite ne manquent de s’en rendre comptent aussi vite. Mais faudrait-il encore communiquer là-dessus à travers des actions concrètes à l’image de l’actuel festival des villes anciennes.

En effet, on aura beau à dire et à redire que la Mauritanie est un pays stable et sûr sans changer grand-chose de l’idée que l’on a d’elle tant qu’à travers des manifestations de promotion touristique organisées sur place, on ne fait pas vivre ceux qui en doutent du bien fondé de notre thèse.

Pour parvenir, il va sans dire que les bonnes idées ne feront aucun défaut. Qu’il soit un simple salon du tourisme où on prendrait soin de convier des T.O bien définis ou une simple journée de promotion de la diversité culturelle où on donnera l’occasion à toute la Mauritanie de découvrir la Mauritanie, faire du bruit reste l’issue ultime dont l’essence est de tenir le touriste par la main. Mais faudrait-il encore la volonté, la volonté de faire et d’œuvrer sans aucune condition fut-ce celle des moyens énormes que l’on a l’habitude d’exiger.

En tout cas, quoi que l’on puisse dire le festival des villes anciennes a eu le mérite de faire inspirer au fait que faire du bruit est un des moyens les plus efficaces d’assurer la relance progressive du tourisme en Mauritanie ?

La leçon sera-t-elle discernée, étudiée et mise en pratique ?

Attendons et voyons …..

23 janvier 2012

Les jours de notre général au pouvoir sont-ils vraiment comptés ?

Les mauritaniens ont toujours rêvé d’un État juste, développé et puissant. Et jusqu’à preuve du contraire, ces idéaux restent aujourd’hui encore d’actualité : la justice et le développement, on œuvre pour, même si souvent c’est de manière hypocrite. Quant à la puissance, terme par lequel nous supposons entendre dans le cas de notre pays, l’idée d’une démarche politique en vue de faire goûter aux différentes composantes de sa population, de la même manière, la justice et à influer à sa façon sur les relations politiques internationales, nous pouvons admettre, sans être satisfaits, que des étapes ont été franchies dans ce sens. Inutile d’égrainer les faits. Mais une chose est sûre la Mauritanie de 2011 et début 2012, est une Mauritanie qui ose dire merde quand il le faut. Printemps arabe l’oblige ou avons-nous simplement un président qui n’a peur que du diable ? Peut-être.

En tout cas quoiqu’il en soit, chaque mauritanien sait qu’Ould Abdel Aziz sait frapper. Il sait frapper au bon moment et au meilleur endroit. Cela va de soi naturellement. Mais n’est-ce pas lui qui n’a vu que l’intérêt de la Mauritanie en présentant notre candidature au poste de membre non permanent du conseil de sécurité pour la période 2012-2013 à telle enseigne que notre voisin du nord voit rouge? N’est-ce pas lui qui a fait savoir au roi qatari que le seul problème de la Syrie est El Jazeera en mettant à nu le jeu inavouable de ce roi, aujourd’hui Kadhafi d’autrefois, au point que ce dernier écourte son séjour en quittant la Mauritanie sans même être accompagné ? N’est-ce pas lui qui s’est engagé avec Alger à telle enseigne que certains analystes ont justifié l’atmosphère morose qui caractérise les relations maroco-mauritaniennes ?

C’est là la preuve que la personnalité d’un homme a une influence considérable sur sa manière d’être, d’agir et de réagir. Et quand cette personnalité fait défaut, autant s’en tenir pour se targuer de conduire tout le destin d’un pays.

Je n’ai pas l’intention de faire l’éloge d’un homme appelé Aziz. Mais s’il tient à être fondé dans arguments et convictions, j’ose reconnaître que le courage de l’homme qui nous dirige aujourd’hui nous donne autant qu’il nous fait perdre. Aux hommes d’interpréter, à l’Histoire de juger et aux ennemis de la Mauritanie remis à leur place de faire ce qu’ils veulent comme à l’accoutumée; sans jamais pouvoir effacer ces écrits indélébiles de marque azizienne.
Aziz a beaucoup fait. Aziz n’a pas peur. Aziz réagit au bon moment. On a peur pour Aziz qui n’a pas peur pour lui.

Une bonne action est bien. Mais quand elle est durable c’est encore mieux. La Mauritanie a aujourd’hui tant besoin d’Aziz que lui-même en personne ne perçoit pas que trop oser souvent risque de remettre en question cet espoir. Il est bon de tirer mais pas toujours beaucoup tirer. Persister à beaucoup tirer implique que l’on pense beaucoup à soi qu’à ce pour quoi on tire.
Et l’histoire de la Mauritanie est là pour nous donner beaucoup d’enseignements. Les coups d’Etat ont toujours été fomentés de l’extérieur. Aziz a touché dans l’amour-propre, le Maroc. Il n’est pas en odeur de sainteté avec le Qatar, le pays d’El Jazeera et celui des pétrodollars. Avec Wade, ils s’observent en chiens de faïence. A l’intérieur, l’hypocrisie a toujours déterminé nos comportements. Les lionnes blessées sont toujours aux aguets. Les islamistes tiennent la voix haute. La conjoncture internationale a mis la population du monde entier sur le qui-vive. Autant d’ingrédients qui pourraient justifier l’injustifiable.

Et bien placé pour le savoir, Aziz sait que nul n’est une ile. Et aussi arrogant que notre nature nous impose d’être, aussi puissant et chanceux que le destin nous occasionne, tout est affaire de temps et de circonstances. On a beau être rusé, tacticien, courageux, il y a toujours mieux voire plus que soi.

Et je ne l’apprendrai pas, non plus, à Aziz que la conservation du pouvoir même légitimement est un art et pas simplement une affaire de tactique.
De ce fait, on ne peut prétendre diriger longtemps si l’on se fait une ile et œuvre pour maintenir ce statu quo.

L’une des bonnes manières implique qu’autant qu’on se fait d’ennemis de poids, on doit aussi œuvrer pour avoir des amis de même teneur. Au moins si la balance n’est pas équilibrée, elle ne sera pas, tout de même, déséquilibrée à notre désavantage.

17 janvier 2012

La face cachée du festival de villes anciennes…

Au début du mois de février prochain, nous serons au grand rendez-vous annuel des villes anciennes. Après Chinguetti, l’année passée c’est au tour d’Ouadane d’être à l’honneur à l’occasion de cette seconde édition du festival ; une autre manière de faire revivre ces villes anciennes, depuis longtemps confrontées à l’usure du temps face, en une certaine manière, au désintérêt de l’homme au point que la réalité crue des temps qu’il fait là, force à la contemplation d’un amas dunaire de pierres posés ici et là.

Pendant des décennies, nos villes anciennes, à part le simple fait qu’elles ont servi de fond de commerce à quelques opportunistes de premier abord, ont drastiquement manqué de tout ce qu’elles méritent, une espèce d’incarnation à la photocopieuse de cette Mauritanie qui laisse tout en désuétude, et croyez-moi, même sa propre Histoire.

Si, alors, ce festival s’inscrit dans un ensemble intégré d’une stratégie générale qui consiste, entre autres, à faire revivre et dynamiser la culture mauritanienne dans sa diversité, il y a, franchement, lieu de se réjouir. Si c’est une des actions à bâtons rompus dont nos politiques nous ont habitués, impossible de ne pas y voir un calcul politicien dont le seul mot d’ordre restera le buzz médiatique dans la finalité de se faire un nom et rester sur place…

Pourtant s’il faudra se remettre aux ouï-dire d’ici et là, madame la ministre de la culture, puisque c’est de son département qu’il s’agit, dispose d’un plan d’action qui est, sur le plan culturel, digne d’un « programme électoral ». Ce qui ne peut pas tout justifier pourtant.

Éléments d’explication.

Un festival est une démarche de promotion et une démarche de promotion pourrait être, pour une institution publique comme le ministère en charge de la culture, une imposture si elle ne suit pas un acte quelconque de préservation voire d’enrichissement prouvé. Malheureusement, l’état de la culture en Mauritanie plaide dans ce sens aujourd’hui. Les guides et autres promoteurs artisanaux en savent quelque chose.

Et là où nous nous attendons logiquement à un complexe culturel digne de ce nom composé d’une bibliothèque nationale moderne, d’un conservatoire de musique, d’un centre d’initiation aux arts et métiers locaux, d’un espace d’animation culturelle et au cas échéant des centres culturels et musées thématiques partout dans les grandes villes de Mauritanie, nous nous sommes retrouvés dans l’accomplissement des responsabilités qui semblent plutôt relever du domaine de compétence du ministère en charge du tourisme, devenu en quelque sorte et théoriquement, un secrétariat de son homologue de la culture.

Présage d’un ministère d’état chargé de la culture, de l’artisanat et du tourisme coiffé par Mme Cissé ?

On ne saura encore dire cela. Mais une chose est sûre par le tonus que donne le festival de villes anciennes à l’activité touristique en Mauritanie, ce secteur a de fortes chances de sortir du marasme dans lequel, il semble être cantonné depuis belle lurette et que le ministère à qui relève sa responsabilité a eu du mal à comprendre et solutionner.

Une autre manière de dire que le festival de villes anciennes est plus touristique que culturel ? Et où doit bien se cacher O/ Daramane au point que son département devienne sous son œil contemplateur une espèce de direction du ministère de la culture ?