30 décembre 2009

Journées de jeunesse ou journées de manipulations ?

Le 27 et le 28 étaient des journées pas comme les autres selon bien des avis. Elles n’étaient pas comme les autres parce qu’elles avaient de portée. Car pour la première fois dans notre pays, à ma connaissance, on a décidé de vraiment penser aux jeunes. Notamment quant à leur rôle dans le développement de notre pays. L’idée, il faut le reconnaître, est merveilleuse à tant des niveaux. Non seulement elle est l’issue des constats irréfutables du pedigree : pour la préparation de l’avenir ou encore un pays qui a besoin du travail pour se développer ne saurait s’en passer des services de ceux qui sont en mesure de travailler, mais elle est venue pour justifier l’idée selon laquelle le véritable changement ne peut provenir que de l’action de ceux qui n’ont pas connu pratiquement la période du non-changement. Impeccable. Observation : tout va à merveille jusqu’à là. Mais seulement la question que je me suis posé et que d’ailleurs beaucoup d’avertis ne sauront ne pas se poser est la suivante: Pourquoi véritablement ces journées et pourquoi réellement maintenant ? S’inscrivent-elles dans un cadre général de politique de développement ou viennent-elles nécessiter d’autres corbeilles pour les déchets qui proviendront des gâchis des deniers publics ?
A chacun son opinion. Mais quant à moi, voici mes constats. Je considère ces journées comme une continuation de la politique d’insertion des jeunes. Celle-ci a toujours eu lieu, il faut le reconnaître, mais n’a jamais eu de continuité. Seulement son envergure actuelle se justifie par la conviction de notre gouvernement sur le fait que pour prévenir du fléau de l’intégrisme sous toutes ses formes, on ne saura continuer à ignorer ceux qui sont sensés être les plus exposés notamment la jeunesse. Ainsi ces journées, de mon avis, relèvent plus de la volonté de se conformer au goût des étrangers qu’à un souci de nous émerger de notre sous-développement socio-économique. Opium.
Toutefois, même avec telles intentions cachées, donnons à César ce qui l’appartient quand même. Notamment le fait que c’est une initiative à honorer. Mais que peut-on retenir du fond ?
« Parooooooolé, parooolé, parolé » chantait une française, il y a de cela des décennies. Les bonnes idées ont plu, les bonnes intentions aussi. Est-ce des vœux pour 2010 ?
Seule l’issue nous en dirait plus. Donc à mes compatriotes de reconnaître que le temps n’est pas encore aux sentiments. Toutefois, qu’est-ce que la jeunesse a vraiment retenu de ces journées ? Je suis jeune, je suis un intellectuel, je suis donc en mesure de me mettre à la peau de tous mes compatriotes. En réalité nous n’avions retenu que la portée des textes de loi, parfaite d’ailleurs, nous n’avions retenu que la manière dont nous devrions nous comporter, la structure que doivent avoir nos associations.
Ah oui les associations ! Retenez bien : nous devrons nous tenir loin des fonctions dans l’administration publique. Aussi on ne nous avait pas promis de rendre disponible des écoles de formation professionnelle, des centres de formation sportive dignes de notre temps. On nous a juste demandé de contribuer au développement gratuitement c’est-à-dire en suant davantage…..
Qu’ils sont culottés ces gens-là…..

29 décembre 2009

Un ami m'a dit......

Le lundi 28 Décembre, au soir, j’ai eu l’honneur d’être visité par un de mes amis de marque. D’habitude, après le travail, une fois arrivé à la maison, je me contente juste de suivre le journal télévisé pour ensuite me reposer afin de préparer la journée de travail du lendemain. Mais cette nuit-là, il n’en était pas question. En partie j’avais raison. Car contrairement aux autres nuits, cette nuit-là j’étais face à un tel intellectuel chevronné qui n’a pas fait des études poussées mais qui, grâce à sa curiosité redoutable, n’a pas peur d’un titulaire de doctorat en termes d’idées et de raisonnement.
Ainsi après le dîner voilà que nous nous adonnions à notre exercice favori : la discussion. Bien évidemment nous ne saurions ne pas discuter des questions cruciales du moment. Autrement dit la fameuse campagne de lutte contre la gabegie que notre président mène actuellement avec un courage digne d’un guerrier des temps révolus.
Mais d’habitude, mes compatriotes s’entre-déchirent sur le bien fondé de cette campagne de lutte contre la gabegie. Et ils n’hésitent jamais à ériger des camps d’anti et de pro-Aziz. Mais seulement voilà que mon interlocuteur m’a pris de court et là où je ne l’attendais pas. Voilà ce qu’il commença à me dire : « Savez-vous, petit-frère, la question aujourd’hui n’est pas de savoir qui a volé et qui n’a pas volé. Sur ce tout le monde a eu sa part du gâteau illicite. Pour s’en rendre compte, il ne suffit que de visiter notre administration et voir la corruption, la manipulation et le clientélisme qui y sévissent. A mon simple avis, il s’agit plutôt de prévenir que tels crimes ne refassent surface. Pour cela une question opportune mais dérangeante : Pourquoi vole-t-on ?
Bien évidemment, petit-frère va me dire qu’on est mal payé. Ok, et ces barons de la finance locale qui sont derrière les barreaux aujourd’hui, qu’en dira de leur cas ? »
Je suis resté bouche-bée. Ainsi enchaina-t-il « la vérité est d’imposer l’esprit d’impunité ». Le passé est passé et doit passer pour tout celui qui connait l’histoire de notre pays qui ne souffre pas simplement de crime économique mais surtout celui aussi du sang. »
La leçon ne doit-elle pas venir des cas des hommes d’affaire ? Suggérais-je. « Oui certes, mais n’oublies pas qu’à ma précédente question doit suivre une autre plus actuelle : à quelle échelle faut-il combattre la gabegie ? Par quel moyen et par où faut-il vraiment commencer ? Certes on ne me donnera raison d’avoir posé ces questions tant que notre maître est encore aux commandes. Mais il suffit juste d’une frasque, pour qu’on me sacralise. »
Certes jusque là, il ne m’a rien dit d’étonnant. Mais ce qui me parait vraiment analyse d’un sociologue est la suivante : « Savez-vous que la gabegie tire ses sources dans nos familles ?
Nous aimons beaucoup l’argent surtout facile. Nous détestons la sueur. Ensuite nos femmes nous exigent ce dont nos maigres salaires ne sont pas en mesure de nous les faire procurer. Elles aiment la viande du mouton quotidiennement. Mais elles ignorent là où elle provient. Pourvu qu’elles aient leurs ventres pleins. C’est là la source de nos vols. »
A ces remarques que je trouve quelque part bien fondées, mon hôte a pris la route en me promettant de venir toujours discuter avec moi.

27 décembre 2009

Que retenir de 2009 ?

2009 out. 2010 in. C’est bientôt. Mais avant que la nouvelle aventure ne commence, qu’a-t-on retenu de 2009 pour mieux prévenir 2010. Si les journaux reviennent sur les grands moments qui ont enrichi l’histoire humaine dans ce qu’elle a de bien comme de mal, de curieux et d’ordinaire, à mon niveau, j’ai décidé de revenir sur les événements qui m’ont marqué, personnellement, au cours de cette année.
Le premier événement qui a retenu mon attention, au niveau international, c’est bien-sûr le changement qu’a engendré l’arrivée au pouvoir de Barack Obama. Jamais le monde n’a osé être sûr de ce qu’il accomplit comme aujourd’hui. Nous ne sommes pas simplement, peut-être, sauvés d’une crise causée par la guerre d’identités dont tout le monde connaît ses dégâts collatéraux, nous nous sommes aussi retrouvés, par la détermination de cet homme, hors de portée d’une crise économique qui, dans l’histoire, n’avait eu des solutions, pourtant, qu’au prix de la détresse et des vies humaines. Merci Obama.
Le second événement, last but not least, est le sommet de Copenhague. L’idée et la volonté, seules, de se retrouver pour discuter d’un sort commun de l’humanité, prouve que l’humanité reconnait enfin appartenir à une même et unique maison appelée terre. Que le résultat soit minime ou non, nous nous sommes encore qu’au début. Même tard, notre prise de conscience actuelle nous obligera, un jour, à une action commune et immédiate. Merci l’homme.
Au niveau national deux événement m’ont aussi marqué : le premier est le caractère imprévisible des militaires de mon pays. Que l’on le reconnaisse aujourd’hui, à qui veut l’entendre, ce sont ces militaires qui ont bradé notre souveraineté nationale dans l’histoire. Pendant des années de gouvernance, ils ont continué sur cette même lancée. Et 49 ans après les indépendances n’ont eu comme résultats que l’enracinement de la corruption et l’institutionnalisation de la ségrégation. Comme d’autres pays, ils n’ont pas servi de garant à la souveraineté de l’Etat. Ils ont plutôt humilié le peuple à travers l’image du pays. Que l’on l’accepte ou non, force est de reconnaître, que notre souveraineté ne nous appartient plus.
Le second événement est le retour à 180 ° de ces mêmes militaires. Contrainte des moments ou nausées de l’excès ?
Tout ce que l’on sait est que les différents coups qui ont caractérisé le champ politique mauritanien dans l’écart de deux ans ont eu, chacun sa spécificité mais tous unanimes sur une : la Mauritanie d’après 2005 ne saurait être celle d’avant 2005. On est contraint de faire mieux afin de ne plus offrir l’occasion à quelqu’un d’autre de justifier son éventuelle frasque.
C’est ainsi que la Mauritanie a connu beaucoup de changement : les impunis et les intouchables d’hier sont en train de payer de leur vanité. Cet assainissement ne touche pas simplement le champ administratif, il s’attaque aussi à la ville de Nouakchott qui est en train de faire peau neuve. Jamais le mauritanien n’a pu être si courageux qu’aujourd’hui. Plus de retour en arrière…..
Merci 2009, que 2010 fasse mieux.

24 décembre 2009

Je sais que tu me liras....

Cher ami, je reconnais parfaitement que vous souffriez en ces moments. Seul fils d’une mère et d’un père décédés quand vous n’étiez pas encore en mesure de différencier votre main droite de celle de la gauche, la providence avait fait que vous vous épreniez d’une fille. Avec elle vous espériez relancer votre lignée en voie d’extinction. Ainsi vous avez eu deux enfants.
Je me rappelle encore quand vous rentriez en vacance en Mauritanie. Le plus insensé pouvait lire sur votre visage et celui de votre bien-aimée le bonheur que vous croyiez enfin entre vos mains. La réussite sentimentale et financière était au rendez-vous et à point nommé.
Je souhaitais tant ce bonheur pour toi. Car en réalité je savais qui tu étais et ce dont tu étais capable. Contre les vents et les marées de la vie d’un esseulé solidarisé, vous étiez parvenu à vous émerger sans un grand soutien que votre espérance et votre conviction au fait que l’homme qui croit en soi n’aurait pas de frein vers son rêve.
Ce rêve, vous, vous l’aviez atteint. Gloire. Je me rappelle encore quand le quartier pleurait de tristesse lorsque tu tombais malade ou de joie quand vous aviez réussi votre bac avec mention et que tout le monde se mettait à l’œuvre.
Tu n’avais que deux parents que le sort du destin te les avais pris de bonne heure mais c’est un quartier que Dieu t’a restitué pour parents. C’est un cadeau que nul avant et après toi, à ma connaissance, n’avait eu dans notre ville. Merci au maître des cieux. Ce qu’il fait c’est ça qui est bien lorsqu’on ne se reproche de n’avoir ni trahi, ni fuit le pauvre, ni diviser l’union sacrée, ni tuer. Rappelle-toi, ce sont là les conseils que nous recevrions chaque jour de nos parents. Si non les affaires de la vie sont aussi éphémères qu’au moment où elles vous apparaissent.
Mais cher ami et frère à l’heure où je te dresse ces mots, mon cœur se fracasse des soucis. Mes nuits comme mes jours n’ont de préoccupations que toi à cause du sort que tu endures en ce moment. C’est vrai votre femme bien-aimée a succombé sous les poignardes à arme blanche des racistes et des xénophobes te laissant encore plus orphelin que jamais entre les mains deux gamins et le désespoir. En ces moments difficiles je compatis avec toi. Dieu aussi c’est sûr.
Je sais que tu souffres en ce moment surtout lorsqu’on est seul dans un univers aussi inhospitalier. C’est normal. J’aurai voulu bien être à tes côtés en ces jours si difficiles. Mais si Dieu est toujours ton seul compagnon et ton ultime recours, frère, tu t’en sortiras. Sois patient. Sois patient. Tout ce que Dieu fait, si ce n’est pas toi qui t’est forcé, est ce qui est bien pour toi.
Mais frère ton idée de prendre ta revanche n’est pas bonne, à mon avis. Loin de la peur, ton humilité doit être d’abord une règle pour le bien-être de tes enfants et celui de nous tous qui sommes derrière toi et qui ne cessons de penser à toi. Cette décision est pleine des conséquences. Mais savoir maitriser ses colères, ses sentiments, savoir être maître de soi doit faire partie de l’être d’un homme. Si beaucoup d’hommes n’ont pas réagi dans tant des situations ce n’est pas parce qu’ils avaient peur ou qu’ils ne pouvaient en faire subir une écorchure, non loin de là. C’est parce que lorsqu’on est issu d’une société, et de surcroît lorsqu’on a des enfants, chacune de nos décisions peut avoir une influence collective.
La vengeance, dit-on, détruit le revanchard et le revanché. Ce qui portera préjudice à tes enfants. Si notre belle Stéphanie avait survécu à ses plaies, elle me donnera raison. Laisse alors la justice de Dieu et celle des hommes accomplir leur mission. Tout viendra à point nommé. Ne te presse pas.
Ton ami Soulé abdou Diarra

07 décembre 2009

Mr le Président, la méthode vaut mieux que la brutalité

Souvent quand je vois l'état lamentable dans lequel se trouve notre administration, je ne cesse de me poser tant des questions. Parmi ces questions, celle qui me parait la plus opportune et adéquate, fruit d'un constat incontestable est la suivante: c'est vrai l'état de démence dans lequel se trouve notre pays est une réalité regrettablement incontestable contre laquelle des actions immédiates meritent d'être entreprises. Mais pour qu'on en parvienne à bout avec une victoire irreversible, ne devrait-on pas s'en prendre avec méthode et clairvoyance ?
Si dans mon blog, je suis le seul à me poser cette question, du point de vue opinion beaucoup de mes compatriotes s'en font aussi l'écho.
Notre pays depuis quarante-neuf ans n'est pas allé assez loin du niveau de développement qu'il occupait dans les années 60. S'il faudrait faire un bilan, il sera simple de recommander: Tout à refaire et beaucoup à faire. Si c'est sur ce terrain que les mauritaniens attendent notre actuel héro qui s'en avait fait d'ailleurs une promesse en tant que cheval de bataille, force est de reconnaître qu'aujourd'hui il s'en prend avec détermination et fidélité. Mais derrière ce devoir qui se revèle en mission possible avec risques, que camoufle cette lutte qui se prononce de tous les jours ?
Les plus doués des analystes, loin d'esprit de compromis, de tolérance, de pardon voire d'oubli de ce qui est passé, reconnaîtront que la manière dont notre "roi" s'en prend dans le cadre de la résolution des problèmes de notre pays ne semble pas la mieux appropriée.
En effet, que l'on le veuille ou non notre pays souffre de toute part. Que l'on le veuille ou non tous les mauritaniens ont, d'une manière ou d'une autre, une part de responsabilité dans ce qui ne va pas aujourd'hui. Mais s'en prendre aujourd'hui à cela d'une manière aussi brutale et vindicative, quitte à mécontenter ceux qui sont les fervents défenseurs d'une Mauritanie assainie, serait confondre de mondes.
s'il est vrai que pour que notre pays se développe l'on ne saurait oublier certains crimes, surtout économiques du passé, il est aussi vrai qu'il est possible de ne pas les oublier mais en s'en prenant de façon intelligente et méthodique.
La Mauritanie que l'on veut comme celle que Monsieur le président veut bâtir est cette Mauritanie assainie certes mais cette Mauritanie qui se fera des priorités en inscrivant toutes ses actions dans le cadre d'un plan de développement unique et global où planification et coordination seront les seuls mots d'ordre.
C'est vrai les fraudeurs doivent payer. Mais sera-t-il le cas pour tous les fraudeurs ? Et que restera-t-il alors de la Mauritanie ?